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Source : Libération - Margot Davier - 29/04/2022

Fabrice Leggeri a présenté sa démission à la direction de l’Agence européenne de surveillance des frontières, suite à un rapport de l’Office européen de lutte antifraude l’accusant de pratiquer des «pushbacks», refoulements illégaux de migrants.

Le départ de Fabrice Leggeri à la tête de l’Agence européenne de surveillance des frontières, autrement connue sous le nom de Frontex, paraissait inévitable. Depuis plusieurs mois, le sulfureux et contesté directeur exécutif de l’agence se trouvait dans le collimateur de plusieurs enquêtes, dont une de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), pour avoir procédé à des «pushbacks» illégaux, et surtout, de les avoir dissimulés. Son ancien chef de cabinet, Thibauld de la Haye Jousselin, serait lui aussi dans le collimateur de l’Olaf.

Ce jeudi, Fabrice Leggeri a finalement présenté sa démission au conseil d’administration, décision acceptée vendredi matin. Les conclusions du rapport de 200 pages de l’Olaf n’ont, pour le moment, pas été rendues publiques malgré «les nombreuses preuves» qu’il accumule, selon son directeur. Des preuves qui ont conduit Fabrice Leggeri à larguer les amarres et à prochainement réintégrer le ministère de l’Intérieur français.

Nier les faits

Selon le Point, le rapport de l’Olaf retient trois motifs contre l’ex-directeur de Frontex : non-respect des procédures, déloyauté à l’égard de l’Union européenne et ses institutions, ainsi qu’une mauvaise gestion des équipes de l’agence. Entre les lignes, le rapport accuse l’Agence de s’être livré à des opérations de «pushbacks»des refoulements illégaux de migrants, en mer Egée. Frontex aurait aussi couvert les agissements des autorités grecques coupables d’avoir repoussé les migrants partis de Turquie pour essayer d’atteindre les rives européennes. Fabrice Leggeri n’avait jusque-là cessé de nier toute implication. De son côté, son agence a vainement tenté d’empêcher les enquêteurs de l’Olaf de présenter leurs résultats aux députés du Parlement européen, qui contrôlent pourtant les actions de Frontex.

Ce n’est pas la première fois que Frontex fait l’objet d’accusations concernant ces refoulements illégaux de migrants. Le consortium de journalistes réuni sous l’égide de Lighthouse Reports, média d’investigation à but non lucratif, avait dénoncé une première fois, en mars 2020, la complicité d’un bateau de Frontex, témoin passif d’un pushback en mer Egée. Cette première enquête avait suscité une grave crise de gouvernance au sein de l’agence européenne, sans que Fabrice Leggeri soit particulièrement inquiété. En avril 2021, ce consortium – auquel participe alors Libération – met en lumière le rôle des gardes-frontières européens, qui ont averti les autorités libyennes de la présence de migrants au large de leur pays. Au total, en 2020, 11891 migrants ont été interceptés par les gardes-côtes libyens, parfois sur la base des informations de Frontex.

Ils ont violé les principes du droit international, européen et grec

Mercredi, les journalistes de Lighthouse Reports ont révélé dans Der Spiegel et le Monde de nouveaux faits durant la période de mars 2020 à septembre 2021. Durant ces quelques mois, les agents de Frontex ont contribué à repousser des centaines, voire des milliers de migrants hors d’Europe, via la technique des pushbacks. Sauf qu’ils répertoriaient et consignaient ces opérations, illégales donc, sous le terme de «préventions au départ» dans la base de données Jora (Joint Operations Reporting Application) de l’agence. Ils ont non seulement minimisé la réalité, mais aussi violé les principes du droit international, européen et grec. L’enquête établit que les agents de Frontex ont localisé, arrêté les bateaux de migrants, et ont laissé, en toute connaissance de cause, le soin aux gardes-frontières grecs de les renvoyer vers la Turquie. Au moins 222 incidents sont recensés comme des «préventions au départ» mais seraient en réalité liés à des refoulements.

«Leggeri est la façade»

Fabrice Leggeri dirigeait Frontex depuis 2015. Sous sa houlette, l’autorité humanitaire perçue comme chargée du sauvetage en mer des migrants et presque inconnue du grand public, est devenue une gigantesque organisation policière. Depuis la crise migratoire européenne, qui coïncide avec son arrivée à la tête de l’agence, le nombre de gardes frontières et gardes-côtes n’a cessé d’augmenter et devrait atteindre 10 000 individus d’ici 2027. Ce ne sont plus des fonctionnaires envoyés par les Etats membres, mais des fonctionnaires de police recrutés directement par Frontex. Ils portent un uniforme européen, ainsi qu’une arme à la ceinture.

Le départ de Fabrice Leggeri intervient alors que l’ONU rappelle vendredi que 3000 migrants sont morts en mer, sur la route de l’Europe, en 2021. Plus précisément, 1924 personnes seraient décédées en Méditerranée centrale et occidentale, selon Shabia Mantoo, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Pour Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, qui a initié plusieurs procédures contre Frontex : «Leggeri n’aurait pas dû démissionner. Il aurait dû être licencié. Pas maintenant, mais il y a des années […]. C’était l’obligation du commissaire et du conseil d’administration de Frontex. Personne ne peut défaire les innombrables vies perdues et les séquelles dues aux sévices qu’ont subis les personnes maltraitées. Leggeri est la façade. Mais le problème demeure au sein de Frontex, la Commission et les Etats membres. Ce sont eux qui orchestrent les politiques frontalières criminelles à travers l’Union européenne. Leggeri était seulement assez corrompu pour les exécuter.»

 


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