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Source : InfoMigrants - Marlène Panara - 03/06/2022

Mohsen* a quitté sa ville natale de Téhéran, en Iran, en janvier dernier. Pour rejoindre sa destination finale, le Royaume-Uni, cet ancien professeur d’anglais a traversé de nombreux pays. En mars dernier, il avait raconté à InfoMigrants son calvaire à la frontière polono-biélorusse. Après la Pologne et l’Allemagne, le jeune homme a finalement atteint, comme des milliers d’autres exilés avant lui, le nord de la France. Les côtes anglaises, et le "rêve" de Mohsen, n’étaient alors plus très loin.

"J’ai passé un mois dans la région de Calais, à chercher un bateau pour partir pour l’Angleterre. J’ai fini par trouver des passeurs, mais ils me demandaient 3 000 euros pour la traversée. Je n’avais pas la somme. Mon père, en Iran, pouvait m’envoyer un peu d’argent mais pas autant. Alors j'ai réuni tout ce que j’ai pu et je leur ai proposé 2 500 euros. Heureusement, ils ont accepté.

Un soir, ils m'ont donné rendez-vous avec d'autres exilés vers 21h, derrière une plage. C’était à Wimereux. Nous avons attendu toute la nuit et à 5h du matin, le 14 avril, avec 21 autres personnes, nous nous sommes rendus sur la plage. Il n’y avait que nous, et un bateau nous attendait. Il ne faisait pas trop froid, la météo était bonne.

Mais une fois tous à l’intérieur, les passeurs, ceux qui avaient organisé la traversée, nous ont dit que l’embarcation était trop chargée. Il fallait que des personnes s’en aillent, mais aucune ne voulait partir. Ils ont commencé à crier et ont frappé des passagers, pour les forcer à faire demi-tour. Finalement, une seule personne s’est désistée, et nous sommes partis.

Khaled guette les départs sur la palge des dunes de la Slack, à Wimereux, dans le Pas-de-Calais, le 8 septembre 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Khaled guette les départs sur la palge des dunes de la Slack, à Wimereux, dans le Pas-de-Calais, le 8 septembre 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

 

Nous étions 20 Iraniens, dont une femme, et un passager turc. Dans le groupe, il y avait des personnes qui n’avaient pas payé le passage. En échange, ils devaient conduire le bateau.

Contrairement au schéma habituel qui consiste à attendre les consignes d’un passeur pour prendre la mer, de nombreux migrants désargentés tentent aujourd’hui des méthodes désespérées pour rejoindre coûte que coûte les côtes anglaises. "On ne se fait pas toujours rejeter", avait raconté Khaled à InfoMigrants sur la plage de Wimereux, en septembre dernir. "Quand on est seul, les personnes acceptent de prendre gratuitement quelqu’un avec eux. C’est quand on est plusieurs à arriver sur un même bateau qu’ils refusent de nous embarquer".

Quand nous sommes arrivés au milieu de la mer, qu’on ne voyait plus les côtes ni d’un côté ni de l’autre, les gens ont commencé à avoir peur. Certains pleuraient car ils pensaient qu’on s’était perdus. Il faisait plus froid, mais moi je n’ai pas trouvé cela insupportable. J’ai connu tellement pire sur mon chemin.

Mohsen a été traumatisé par son passage en Pologne. Cet hiver, il a marché cinq jours et cinq nuits en pleine forêt, par un froid glacial. Un jour, plusieurs personnes du groupe avec lequel il marchait ont été rouées de coups devant ses yeux. "Ils les battaient [les migrants] en criant ‘go back to Belarus !’C’était très difficile d’assister à ça", avait-il confié à InfoMigrants.

>> À (re)lire : "Notre bateau était très petit et les vagues très grandes" : récits de traversées de la Manche

Vers 11h30, nous sommes arrivés à proximité de l’Angleterre. Un bateau de la police est venu vers nous. Ils nous ont fait monter avec eux. Arrivés à terre, nous avons fait des test anti-Covid, on a pris nos empreintes et on s’est enregistré auprès de l’administration. On nous a aussi donné de la nourriture et distribué des vêtements secs, car tout le monde était trempé.

"Ailleurs, je n’ai personne"

D’un centre pour migrants dans le sud du pays, on nous a ensuite transféré à Londres, dans un hôtel où il y a plein d’autres réfugiés du monde entier. En arrivant ici, j’ai appris en regardant les informations à la télé que les migrants allaient être emmenés au Rwanda. C’était horrible. J’ai paniqué, j’étais complètement déboussolé. À cause du stress, ma maladie de peau est revenue. Je suis tellement déçu. On en parle beaucoup ici, entre nous.

Londres a signé le 14 avril un accord de 144 millions d’euros avec le Rwanda pour que Kigali accueille sur son sol des migrants de diverses nationalités arrivant du Royaume-Uni. Concrètement, l’accord ne concernerait que des "jeunes hommes" arrivés illégalement sur le sol britannique depuis le 1er janvier 2022. Ces derniers seraient envoyés par avion sur le territoire rwandais. Les migrants verraient alors leurs demandes d'asile traitées dans ce pays d'Afrique de l'Est et seraient encouragés à s'y installer.

L’administration ne nous dit rien. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a déjà un groupe qui doit partir d’ici une quinzaine de jours [un premier groupe de migrants a été désigné par les autorités pour un départ pour Kigali le 14 juin prochain. Certaines personnes, désespérées, ont tenté de mettre fin à leur jour quand elles ont appris la nouvelle ndlr].

>> À (re)lire : "Si on va au Rwanda, on va y rester pour toujours ?" : à Calais, les migrants en plein doute après l'accord entre Londres et Kigali

Moi, je veux vraiment rester ici. J’ai un peu de famille et quelques amis. Ailleurs, je n’ai personne, et je n’ai plus d’argent. J’ai dépensé tout ce que j’avais pour venir au Royaume-Uni et avoir une vie simple, où je ne me sentais plus en danger permanent.

*Le prénom a été modifié

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