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Le Monde | 29.01.2016 | Par Eric Nunès

« Il faut apprendre à parler français », répète Rania Titi, riant et jouant avec ces mots pour elle un peu étranges. Elle appuie sur le « f », écoute les variations, s’étonne du chant de sa voix. Elle tente le mode interrogatif, s’esclaffe encore, renvoie la phrase à sa voisine, Lina Hashour, qui à son tour ânonne, tout sourire. Rania et Lina sont syriennes, réfugiées sur le territoire français depuis plusieurs mois, sans en maîtriser la langue. Ce jeudi 28 janvier, elles ont intégré une nouvelle communauté, celle des étudiants de l’université Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense (Paris-X), pour un cursus créé tout spécialement.

L’établissement a souhaité participer à l’accueil des réfugiés qui ont afflué en Europe ces derniers mois. Plus de 150 réfugiés, majoritairement syriens, ont demandé à s’inscrire à Nanterre via une adresse mail spécialement créée. Une vingtaine ont été intégrés à différents niveaux, du diplôme universitaire au doctorat.

« Choukran »

S’y ajoute la promotion accueillie jeudi, pour un cursus tout spécialement créé, qui leur permettra d’obtenir un DU ILCF (Diplôme Universitaire d’Initiation à la Langue et la Civilisation Françaises). Car pour s’intégrer, interagir, se socialiser, il faut au préalable maîtriser la langue du pays d’accueil. « C’est le rôle social de l’université d’aider à l’acquérir », avance Jean-François Balaudé, président de Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense. Cette première barrière tombée, tous pourront entreprendre ou reprendre leurs études.

« Choukran » (Merci), sourit Lina quand on lui tend sa carte d’étudiante. Un simple rectangle de plastique orangé, avec une photo et une signature, qui est aussi la preuve qu’ils appartiennent à ce lieu. À 49 ans, cette mère de deux collégiens n’avait pas imaginé retourner sur les bancs d’une faculté. Mais il faut recommencer à zéro et « remercier ceux qui vous aident », glisse cette enseignante syrienne, spécialiste de la petite enfance. Elle espère pouvoir retrouver son métier après avoir fait reconnaître ses compétences.

Comme Lina, tous les migrants accueillis à l’université de Nanterre ont mené une vie que l’on imagine confortable, avant d’être frappés par la guerre, l’exode et la survie. Abdallattif Al Husin, 30 ans, subsiste en travaillant dans les cuisines d’un restaurant parisien. Avant de devoir fuir la Syrie, ce licencié en droit était juriste. Sa compatriote Rania, 36 ans, fait des ménages pour une chaîne hôtelière ; dans sa précédente vie, elle était professeure d’architecture à l’université de Damas. Rami Al Kawarit, 30 ans, enseignait les mathématiques à Daraa. Face à un formulaire qui ne réclame que son nom et sa date de naissance, il semble perdu.

« Madame, c’est bon ? »

Dans un français quasi inexistant et un anglais très approximatif, tous racontent la difficulté de progresser dans l’assimilation de la langue et de s’adapter au mode de vie français. Pour autant, rester entre soi, ne fréquenter que des réfugiés, est un écueil à éviter, disent-ils. « Il faut aller vers les autres », explique Rania. Ces « autres », ce sont surtout « le Secours catholique, la Croix-Rouge, précise cette architecte en anglais. Des bénévoles qui régulièrement, organisent des ateliers de vivre-ensemble, nous enseignent les codes, les règles que nous ignorons et qui sont souvent sources d’incompréhensions, de tensions. »

Aucune procédure n’est simple, particulièrement si on ne la comprend pas. Obtenir le statut de réfugiés leur a demandé plusieurs mois, et même plusieurs années pour Abdalattif. Si l’université de Nanterre s’est démenée pour que l’inscription de ses vingt étudiants se déroule sans anicroche, l’administration a ses chausse-trapes. Nanterre prend en charge les frais de scolarité, mais pas la cotisation à la sécurité sociale, obligatoire pour les étudiants de moins de 28 ans. Les 215 euros demandés constituent une somme importante quand on dispose de peu ou pas de revenus.

« Madame, c’est bon ? », s’inquiète Ali Nahim, un jeune Syrien âgé de 19 ans. « Oui, pour aujourd’hui », le rassure la cadre administrative, espérant une intervention de fonds du solidarité de l’université. Rien n’est certain mais ce « peut-être » sonne comme une bonne nouvelle pour ce jeune homme qui a fui l’armée de son pays, en passant par Abou Dabi puis le Brésil et la Guyane. Aujourd’hui, Ali projette de suivre des études en sciences aérospatiales. Loin des zones de combats, l’anguleux campus alto-séquanais fait figure de rampe de lancement à sa carrière.


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