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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : InfoMigrants - Charlotte Oberti - 09/°0/2022

Laeticia, une Camerounaise de 29 ans, est parvenue à rejoindre la France en juin après un exil de quatre ans, fait de détermination et, parfois, de chance. Elle est passée par le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Maroc, les Canaries et l’Espagne continentale. À chaque fois, avec une assurance qu’elle ne s’explique pas. Témoignage.

Après un exil tortueux et complexe de quatre ans, Laeticia*, une Camerounaise de 29 ans, est arrivée en France en juin 2022. À la recherche d’une vie meilleure et alléchée par les récits de différents "amis", elle avait quitté Douala, ville de l'ouest du Cameroun où elle a grandi, en 2018.

À l'issue d'une errance de plusieurs années et de nombreuses pertes de temps et d'argent en raison d'arnaques et de faux passeurs, Laeticia s'est retrouvée au printemps dernier, en pleine nuit, sur une plage marocaine, pour embarquer pour l'Europe.

"J’ai pris la mer une nuit à 2h du matin le 1er juin 2022 à Tan-tan, près de Laayoune, au Maroc. C’était ma quatrième tentative de traversée vers les Canaries. Au début, sur le bateau, j’avais très, très peur. Mais après deux heures passées sur le zodiac, la peur s’en est allée. Ce n’est qu’en fin de journée que je me suis sentie mal. J’ai commencé à vomir, j’avais le mal de mer. Et j’avais froid. Le zodiac commençait à s’affaisser. Heureusement, on a été secourus quelques heures après.

>> À (re)lire : "À Laayoune, le danger est partout" : au sud du Maroc, les autorités intensifient les arrestations de migrants

Nous avons été très bien accueillis par la Croix-Rouge. On nous a donné des vêtements, à manger, puis on a débuté le processus d’enregistrement. On a pris mes empreintes, on m’a posé des questions… On m’a attribué un ‘numéro d’identification’. Puis la Croix-Rouge nous a transférés sur l’île de Tenerife. Là, on a été logés.

Aux Canaries, je n’ai pas été menacée d’expulsion.

À la faveur d’un rabibochage diplomatique entre l'Espagne et le Maroc sur la question du Sahara occidental, les expulsions de migrants en situation irrégulière sur l’archipel des Canaries ont repris au printemps. Elles ne concernent cependant que les Marocains.

Deux semaines après mon arrivée, j’ai décidé d’aller en Espagne continentale. J’ai pris un vol pour Madrid. C’était possible pour moi car j’avais un passeport, que j’avais bien protégé durant ma traversée de l’Atlantique, emballé à l’intérieur de sachets, eux-mêmes placés dans un sac imperméable, pour qu’il ne prenne pas l’eau. Une fois entré aux Canaries, il n’y a pas besoin de visa pour circuler en Espagne.

Les migrants présents aux Canaries peuvent se rendre sur le continent espagnol par leurs propres moyens. Une décision de justice l’a confirmé le 14 avril 2021 : un juge de Las Palmas, aux Canaries, avait estimé que les migrants bloqués dans l'archipel avaient le droit de se rendre sur le continent espagnol, s'ils "prouvaient [leur] identité avec un passeport" ou avec une "demande de protection internationale". Des milliers d'exilés, actuellement aux Canaries, ne disposent toutefois ni de l’un ni de l’autre. Dans ce cas, les déplacements sont impossibles.

"La chance m’a souri"

À mon arrivée à Madrid, j’ai pris un ticket de bus pour Saint-Sébastien (ville du pays basque espagnol, près de la France), puis, de là, j’ai pris un second bus pour Bordeaux. Normalement j’aurais dû avoir peur de traverser la frontière, mais je n’ai pas eu peur. À la frontière française, un policier a parlé avec le chauffeur de mon bus. Ils parlaient espagnol tous les deux et je ne comprenais pas tout, mais j’ai saisi qu’il lui demandait si les passagers à bord étaient tous français. Le chauffeur a répondu oui. Il a voulu me protéger. Vu que je parle un peu espagnol, le courant était bien passé entre lui et moi au début du trajet. Il s’inquiétait de ma situation, me demandait si j’avais de quoi manger, suffisamment à boire… C’était de la pure gentillesse de sa part. Les passagers du bus aussi étaient sympas envers moi. Je suis consciente que la chance m’a souri ce jour-là.

Les contrôles policiers, y compris dans le bus, à la frontière entre l’Espagne et la France ont été renforcés ces dernières années pour lutter contre les entrées illégales de migrants en provenance d’Espagne. Le fleuve Bidassoa, frontière naturelle entre les deux pays, constitue une étape-clé pour ceux qui veulent rejoindre la France. Mais son franchissement est périlleux. Fin juin, le corps d’un jeune homme originaire de Guinée avait été retrouvé dans ses eaux. Il s’agit de la 10e personne morte dans ces conditions en l’espace d’un an et demi.

>> À (re)lire : Pays basque : indignation après l'interpellation par la police de migrants dans une église

En France, j’ai retrouvé un homme dans la ville de Niort. C’est quelqu’un que j’ai rencontré il y a six ans via un groupe Facebook. C’était la première fois qu’on se voyait en vrai. Nous sommes en couple maintenant. Je vis chez lui, dans une maison. Et je fais des petits boulots pour envoyer de l’argent à ma mère : je garde des enfants à domicile. J’envoie environ un tiers de ce que je gagne au pays.

C’est ce que j’ai toujours voulu : une vie calme, paisible. Mais, bizarrement, c’est maintenant que j’ai peur. À partir du moment où je suis arrivée sur le territoire français, j’ai commencé à paniquer. Je sais que la France renvoie beaucoup de migrants illégaux [selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, la France a renvoyé au total un peu plus de 10 000 personnes en 2021, ndlr]. Je ne veux pas faire d’erreurs. Pas maintenant que j’ai atteint mon but."

*Le prénom a été modifié

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