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Source : InfoMigrants - rfi - 25/10/2022

Une course un peu particulière s’est déroulée en Suisse, à Aigle, au siège de l’Union cycliste internationale, dimanche 23 octobre. Cinquante participantes venues du monde entier ont pris part au championnat féminin d’Afghanistan de cyclisme. Cet événement était une première depuis que les Taliban ont repris Kaboul en août 2021.

En Suisse des cyclistes afghanes2

"J’habite en Suisse maintenant, mais je viens d’Afghanistan ! Aujourd’hui c’est le tour cycliste, et je suis trop contente !" Au bord du parcours, drapeau de l’Afghanistan dans une main, qu’elle brandit à l’envi avec ses quatre sœurs, et une clochette qu’elle agite au passage de chaque concurrente, impossible de rater la petite Hossei, 10 ans. Habitante de Montreux depuis un an, elle a quitté Kaboul en septembre dernier via un avion affrété par l’Union cycliste internationale, qui a évacué 125 citoyens afghans lors de cette opération.

Parmi eux, de nombreuses femmes qui prennent part ce jour-là à cette course. Des cyclistes d’un jour ou de toujours qu’Hossei connaît bien. "Je les ai presque toutes déjà vues ! Les premières ce sont Fariba et Yulduz, elles vont très vite. Moi, j'aimerais bien être aussi rapide qu’elles un jour."

Deux sœurs au sommet

Fariba et Yulduz ne sont pas n’importe qui : ce sont les sœurs Hashimi. Alignées la semaine passée sur les championnats du monde de Gravel (vélo tout-terrain) en Italie, la plus jeune, Fariba, s’est même classée 33e. C’est encore elle qui devance son aînée lors de ce championnat d’Afghanistan, avec une roue d’avance sur Yulduz.

"Je n’aurais jamais cru qu’un jour l’Afghanistan retomberait aux mains des Taliban, et que je sois obligée de quitter le pays", déplore la jeune gagnante de 19 ans. "Mais nous les filles afghanes, on n’accepte jamais l’échec et je suis très heureuse d’avoir gagné ici, dans le temple du cyclisme mondial. Malheureusement, chez moi, les filles ne peuvent pas aller à l’école ni faire de sport et cela me rend vraiment très triste. Les talibans veulent un pays fait uniquement pour les hommes. J’espère à l’avenir voir mon pays en paix. Je pédale pour que l’Afghanistan puisse un jour connaître la paix et la sérénité. Je ne poursuis pas d’autre but", a expliqué celle qui vit désormais en Italie avec sa sœur.

Très émues après l’arrivée, les deux jeunes femmes se sont tombées dans les bras, drapeau de leur pays sur les épaules. Car cette course dépassait largement le cadre du sport, même si cela n’enlève rien à leur performance, estime David Lappartient, le président de l’Union cycliste internationale.

"C’était bien sûr une compétition !, assure-t-il. Quand on voit comment les deux premières ont roulé, à plus de 40 km/h sur le plat. Il faut pédaler, pour ceux qui connaissent le vélo ! C’est du vrai sport, avec un titre de championne nationale en jeu. Mais au-delà de ça, c’est aussi un sacré message d’espérance délivré à toutes les femmes afghanes restées là-bas. On veut leur dire : on est toujours avec vous. Car ici, on retrouve une petite partie de femmes qu’on a pu aider. Beaucoup sont encore en Afghanistan. On espère qu’un jour ce championnat pourra à nouveau se tenir dans leur pays, car c’est sa place normale. Ici, on a pu le faire cette année, c’est bien. Mais la logique est qu’il retourne un jour en Afghanistan."

 

© RFI/Martin Guez | Devançant sa sœur de quelques mètres sur la ligne d’arrivée, Fariba Hashimi, 19 ans, savoure sa victoire quelques minutes après la fin de l’épreuve.
© RFI/Martin Guez | Devançant sa sœur de quelques mètres sur la ligne d’arrivée, Fariba Hashimi, 19 ans, savoure sa victoire quelques minutes après la fin de l’épreuve.

 

"Le monde nous a abandonnées"

Un championnat délocalisé à près de 7 000 kilomètres de Kaboul, au cœur des montagnes suisses, à quelques encablures du lac Léman. Un rassemblement qui a permis aux sportives et à leurs familles de se retrouver, elles qui sont éparpillées un peu partout autour du globe : Canada, Suisse, Italie, France, Allemagne ou encore Singapour. Certaines ne s’étaient pas vues depuis des années, à l’image de Masomah Ali Zada. La jeune femme de 26 ans a quitté son pays en 2017, pour trouver refuge dans le nord de la France. Grâce au vélo, elle s’est fait un nom et un surnom : la "Petite reine de Kaboul", elle qui a participé aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021 avec l’équipe des réfugiés, et qui vient d’intégrer le comité des athlètes du CIO (Comité international olympique).

Un symbole devenu porte-parole des femmes afghanes "qui en a sous la pédale". Étudiante en génie civil à l’École polytechnique de Lille, elle est aussi à son aise guidon en mains. Sixième de l’épreuve à Aigle, elle termine toute proche des premières. Un classement cependant bien anecdotique pour Masomah Ali Zada. "Ça faisait cinq ans que je n’avais pas roulé avec mes coéquipières, savoure-t-elle, dans un français parfait. Je suis très contente qu’elles soient toutes saines et sauves, qu’elles vivent en sécurité dans des pays libres, où elles peuvent pratiquer le vélo. On a pu se rappeler de bons souvenirs, quand on roulait ensemble en Afghanistan. Mais le plus important, c’est de rappeler que nous sommes complètement abandonnés dans notre pays, le monde est tellement silencieux. Je veux alarmer la planète, réveiller tout le monde pour continuer à agir pour les femmes afghanes. Elles doivent pouvoir aller à l’école, et pouvoir faire du sport comme elles l’entendent ."

L’Afghanistan bientôt sur le Tour de France

Au moment de l’hymne afghan sur le podium, la salle entière se lève, la main sur le cœur. Un moment d’émotion pour tout le monde, même pour Marion Rousse, la directrice du Tour de France féminin. "J’ai discuté avec quelques participantes. Je leur ai demandé ce qu’elles aimaient dans le vélo, elles m’ont répondu la liberté", révèle celle qui commente aussi le cyclisme pour la télévision française. "J’aimerais bien voir les deux sœurs Hashimi au départ du Tour de France femmes. Elles ont clairement le niveau, et je serai ravie de les accueillir sur mon épreuve, ça me fera forcément quelque chose de spécial."

Un souhait devenu réalité, car les deux jeunes femmes ont signé un contrat à l’issue de la course avec Sylvan Adam, le directeur de l’équipe professionnelle Israël Premier Tech, très actif dans l’opération sauvetage de l’UCI en septembre dernier. "Nous avons offert un contrat à la championne et un autre à sa sœur, détaille l’homme d’affaires canadien. Cela veut dire que Fariba va participer au Tour de France 2023. On crée l’histoire, car ça sera la première fois qu’un Afghan ou une Afghane participe à la plus grande course cycliste au monde. Leurs vies vont changer, parce qu'elles deviennent de vraies cyclistes professionnelles. Elles ont toutes une carrière devant elles. Suivez-nous, on démarre !"

Fariba et Yulduz Hashimi, deux modèles à suivre pour la petite Hossei et ses sœurs, qui ont elles aussi très vite appris le français, un an après leur départ de Kaboul. "En Afghanistan, on ne peut pas faire de vélo. Mais ici en Suisse, on pédale, on fait du roller et du skate ! Moi, je veux devenir cycliste professionnel, ou alors pilote de ligne. Et je suis trop contente aujourd’hui !", conclut la petite fille dans un grand sourire.

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