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Source : InfoMigrants - Maïa Courtois - 11/11/2022

L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives s'est intéressé au rapport à la consommation de drogues des mineurs non-accompagnés présents sur le territoire français. Pour tous les jeunes non pris en charge par les départements qui survivent à la rue, ce risque est omniprésent, et il s'entremêle avec celui de tomber dans les filets des réseaux d'exploitation.

Quelles drogues consomment les mineurs isolés en France ? Pour quelles raisons ? Et avec quelles conséquences ? L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, qui a publié une étude sur le sujet en novembre, a suivi des mineurs isolés, majoritairement marocains et algériens, qui se trouvent sans domicile fixe sur le territoire français. Non-reconnus comme mineurs par l'Etat français, ces jeunes ne sont pas pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Grâce à des interviews de travailleurs sociaux et de soignants, réunis dans le réseau TREND, le rapport étudie leur consommation de drogues qui commence, pour certains, dans leur pays d’origine.

Cela peut s'expliquer par des conditions de vie précaires, mais aussi parce que certains y sont déjà piégés par des réseaux de prostitution ou de trafic. "Certains jeunes sont alors initiés par les réseaux à l’usage de produits, afin de mettre en place une relation d’emprise permettant d’instrumentaliser ces mineurs à leur profit", relèvent les observateurs.

Ces mineurs peuvent aussi tomber dans la drogue - ou aggraver leur consommation - par la suite, lorsqu'il s'agit d'affronter le parcours migratoire et sa violence. "Le recours aux produits psychoactifs permet de se "donner du courage" ou de "supporter" un voyage souvent pénible", relate le rapport, qui comprend également des témoignages de jeunes.

"Cela me permet de ne penser à rien"

Pour les mineurs isolés se retrouvant en errance sur le territoire français, l’alcool, le cannabis et les médicaments (principalement de la classe des benzodiazépines) sont les premières drogues consommées. Cette consommation est une forme de réponse aux "troubles anxieux, dépressifs et symptômes de stress post-traumatique" dont souffrent, à ce moment de leur parcours, la plupart des mineurs isolés.

"Cela me permet de ne penser à rien, de ne pas penser à ma famille ni à mes problèmes (…) je n’ai plus mal au ventre ni au dos, j’arrive mieux à parler aux gens", témoigne un jeune dans le rapport. "C’est son automédication pour essayer de contrôler justement cette violence", complète son éducatrice spécialisée, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

>> À (re)lire : "Ma mère n'en dormirait plus si elle savait" : 200 mineurs isolés vivent sous un pont en banlieue de Paris

L’alcool désinhibe et donne l'impression d'aider à supporter la vie dans la rue, là où le cannabis revêt souvent "une fonction autothérapeutique, en favorisant notamment l’endormissement". Les médicaments de la classe des benzodiazépines visent, eux, à "diminuer l’anxiété, l’angoisse, la tension nerveuse et d’autres sentiments de mal-être psychique, mais également physique".

En matière de médicaments issus de la classe des benzodiazépines, l'un des plus consommés par les mineurs isolés est le Rivotril, explique l'étude, souvent surnommé "la roja" ("la rouge" en espagnol) ou "hamra" ("rouge" en arabe) du fait de la couleur des gélules. On trouve aussi le Lyrica (rebaptisé "saroukh", "fusée" en arabe), ou encore le Valium, ("azraq", "bleu" en arabe).

"Nos distributions permettent de créer du lien"

La consommation de drogues par des mineurs isolés survivant à la rue est un danger "que l'on essaie d'éviter, à notre échelle", introduit Agathe Nadimi, coordinatrice des Midis du Mie. Si les missions premières de ce collectif restent les distributions alimentaires, l'hébergement et l'aide administrative, la problématique des conduites addictives est omniprésente. "Nos distributions permettent de créer du lien. Les moments ludiques qu'on propose aux jeunes, que ce soit du théâtre ou un atelier de percussions, sont autant de temps pour sortir de la zone d'errance", présente la bénévole. "C'est de la prévention."

Les bénévoles des Midis du Mie ont déjà organisé l'hébergement de jeunes consommant certaines substances, notamment du cannabis, pour éviter que leur dépendance ne s'aggrave à la rue. D'autres fois aussi, "des jeunes que l'on connaît sont dans des états trop avancés pour que l'on puisse faire quoi que ce soit. Dans ces cas-là, on tape à la porte des services spécialisés, notamment dans les hôpitaux", souligne Agathe Nadimi.

Certains sont pris dans des phénomènes de polyconsommation. C'est ce que décrit, dans l'étude, un intervenant d'un centre départemental d'action social : "Ils fument, ils prennent des cachets et ils picolent et ça fait un cocktail."

Les états de surdose entraînent de multiples effets sur la santé. Quant aux associations de produits, particulièrement risquées, elles peuvent aller jusqu'au coma ou au décès, rappellent les experts du rapport. Sans parler du problème de la dépendance, lourd de conséquences physiques et psychologiques lorsque le manque est ressenti.

Risques d'exploitation

Dans ces situations, l'isolement de ces jeunes est un facteur aggravant. "Leur non prise en charge fait qu'ils sont exposés, comme des proies faciles", alerte Agathe Nadimi. Ne serait-ce qu'à Paris, dans les lieux de distribution des Midis du Mie, "on a déjà vu des gens venir zoner autour, dans le but d'embrigader les jeunes dans leurs réseaux. Les bénévoles protègent beaucoup les jeunes de ça", raconte-elle.

>> À (re)lire : "Ça tord le ventre" : à Rennes, des écoles accueillent des familles d'exilés à la rue

De fait, une fois pris dans les filets de réseaux criminels, certains peuvent se retrouver à commettre des actes de délinquance (vol, revente de drogue...). Des MNA ont ainsi décrit aux équipes du réseau TREND comment des "adultes leur fournissaient des médicaments psychotropes et un hébergement en échange des biens qu’ils volent, tout en exerçant sur eux une emprise importante et des actes de violence". Parce qu'ils ont un effet désinhibant, ces médicaments psychotropes leur apportent par ailleurs "un soutien dans l’accomplissement d’activités délictuelles génératrices de stress", note le rapport.

"On forme les jeunes au fait qu'il n'y a pas que des personnes bienveillantes, qu'il y a aussi des adultes qui leur proposeront, contre quelques euros, de vendre des tickets de métro ou de la drogue", explique Agathe Nadimi. En juin par exemple, à Paris, sept interpellations d'adultes avaient été menées dans le cadre d'une enquête pour "traite d’êtres humains en vue de commettre des vols en bande organisée", "trafic de stupéfiants" et "provocation de mineurs à l'usage de stupéfiants".

"Ceux qui sont usagers de drogues ne s’engagent que rarement dans une procédure de reconnaissance"

Avec cette étude, l'Observatoire rappelle à quel point les conduites addictives sont un enjeu de protection de l'enfance. D'abord parce qu'"à la différence d’autres publics de mineurs migrants, ceux qui sont usagers de drogues ne s’engagent que rarement dans une procédure de reconnaissance du statut de mineur non accompagné". Et ce, pour plusieurs raisons. La procédure "leur apparaît complexe et souvent inadaptée à leur situation". Mais aussi de par "leur ancrage dans un mode de vie de la rue, par l’influence des groupes de pairs, par leur défiance vis-à-vis des institutions".

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Il est en effet difficile de tisser un lien de confiance avec des jeunes dépendants. L'hôpital pourrait cependant être le lieu d'amorce d'un accompagnement, identifie le rapport, citant un éducateur spécialisé dans une consultation jeunes consommateurs : "C’est en soignant les blessures que nous pouvons nouer les premiers contacts."

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