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Source : infoMigrants - Marlène Panara - 02/12/2022

Avant de se retrouver dans le camp de migrants de Loon-Plage, dans le nord de la France, Idriss était étudiant dans une université de région parisienne. Après l'expiration de son visa, et le refus de son renouvellement par les autorités, le jeune tchadien, écœuré, n'a pas eu la force de continuer ses études. En colère, il souhaite désormais rejoindre le Royaume-Uni par la mer, au péril de sa vie.

Idriss* n’avait pas prévu de se retrouver un jour à cet endroit. Dans ce camp informel de Loon-Plage, au milieu d’une zone industrielle, avec quelque 400 autres migrants. Depuis plus d’une semaine, il partage son quotidien avec une dizaine d’autres exilés subsahariens regroupés dans des tentes tout au fond du lieu de vie, derrière un grand bloc de béton posé là par les autorités. Assis sur un caddie renversé, écharpe nouée par-dessus la capuche grise de son sweat, et les pieds baignant dans la boue, le jeune homme de 22 ans attend impatiemment de monter dans un petit bateau, direction le Royaume-Uni.

"J’ai quitté N’Djaména, la ville où j’ai grandi, il y a cinq ans. J’ai pu partir pour la France après avoir obtenu un visa étudiant. J’ai d’abord vécu à Orléans puis à Toulouse, avant de rejoindre la région parisienne. Là, je me suis inscrit en Licence à l’université de Cergy-Pontoise, dans la filière "Géographie et Aménagement". Ça me plaisait beaucoup.

Et puis deux ans plus tard, pendant le premier confinement en 2020, mon titre de séjour a expiré, j’ai donc fait une demande de renouvellement. J’ai été très surpris quand j’ai reçu la réponse des autorités : refusé. Il ne me restait qu’une année avant l’obtention de mon diplôme. Cette décision m’a écœuré. Je n’ai pas du tout compris ce qu’il se passait, et pourquoi on m’empêchait de continuer mes études.

D’après le Gisti, il n’est pas rare que les étudiants se voient refuser le renouvellement de leur visa au beau milieu de leur cursus. "Les préfectures […] prétextent l’insuffisance de ressources, l’absence de logement ou s’arrogent un droit de regard sur leur parcours universitaire, peut-on lire sur le site de l’association. Elles jugent seules, de façon arbitraire et sans aucune compétence ni légitimité pédagogique du 'sérieux' et de la 'réalité' des études suivies et décident ainsi que tel ou tel étudiant n’aura plus droit à un titre de séjour pour étudier en France".

Sans visa, c’était quand même possible pour moi de m’inscrire à la rentrée suivante [l’inscription pédagogique, celle qui permet de suivre les cours, n’exige pas de présenter des papiers en règle ndlr]. Mais franchement, j’étais tellement abattu que je n’en ai même pas eu l’envie. Je me sentais rejeté.

"Là-bas, je pourrai travailler plus"

J’ai perdu toute motivation pour les études mais il fallait quand même que je vive. Alors j’ai commencé à faire des petits boulots, payés au noir. J’ai travaillé dans la restauration, et sur des chantiers. J’ai fait cela pendant presque deux ans. Mais ce n’était pas une vie. On travaille beaucoup et on gagne presque rien.

C’est là que j’ai eu l’idée de partir au Royaume-Uni. Mon grand frère y vit déjà. J’ai l’impression que là-bas, je pourrai travailler plus et gagner plus d’argent. Et puis, quand ce sera possible, je retournerai à l’université.

Tout ce que je veux, maintenant, c’est traverser la Manche, quitter la France. J’en ai marre de ce pays, de Macron et de Darmanin. Il y a trois semaines, quand un député du Rassemblement national a dit à un autre député, noir, "retourne en Afrique", le gouvernement a dit que c’était inadmissible. Mais avec nous, les migrants, il fait exactement pareil. [L’invective a été prononcée lors d’une séance à l’Assemblée nationale par le député RN Grégoire de Fournas à son homologue de la France Insoumise Carlos Martens Bilongo, suscitant l’indignation de tout l’échiquier politique]. Le renvoi chez eux de certains rescapés de l’Ocean Viking, ça m'a dégoûté.

>> À (re)lire : Traversées vers le Royaume-Uni : "On s'attend à voir des embarcations en détresse avec des centaines de migrants à bord"

Depuis que je suis ici, j’ai déjà tenté de traverser la mer. J’avais rendez-vous pour prendre le bateau sur une plage, avec d’autres personnes. Avant qu'on ne monte dans le canot, quelqu’un a commencé à distribuer les gilets de sauvetage. Mais quand est arrivé mon tour, il n’y en avait plus. J’ai fait demi-tour. Si je n’ai pas de gilet, je ne pars pas, ce serait trop dangereux. C’est la seule chose qui me fait peur".

*Le prénom a été modifié

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