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Source : InfoMigrants - Charlotte Oberti - 20/12/2022

Dans une enquête publiée le 15 décembre, les associations France terre d'asile, Watizat et Action contre la Faim alertent sur le manque d'accès à l'information pour les migrants qui viennent d'arriver en France. En cause, notamment : l'errance, la barrière de la langue et l'illettrisme.

Où trouver un abri et un repas chaud, comment prendre une douche, ou encore quelles sont les démarches à effectuer pour demander l'asile en France ? Autant de questions dont les réponses sont introuvables, dans un premier temps, pour beaucoup d'exilés. Dans une enquête publiée jeudi 15 décembre, les associations France terre d'asile, Watizat et Action contre la Faim alertent sur le manque d'accès à l'information pour les migrants primo-arrivants en Ile-de-France.

En se basant sur un petit échantillon de 135 personnes (réfugiés, demandeurs d'asile, ou en attente de dépôt de demande d'asile), toutes présentes sur le territoire depuis moins d'un an, cette enquête met en lumière les raisons et les conséquences de cet isolement et esquisse des solutions. Car les réponses à ces questions existent bel et bien.

InfoMigrants fait le point avec Léa Richardot, chargée de projet à la mission France d'Action contre la Faim.

InfoMigrants : De quel type d'information parlons-nous ? 

Léa Richardot : On parle d'informations ayant trait aux besoins de première nécessité (nourriture, hygiène, santé, logement…), et de celles liées au dépôt de demande d'asile. 

>> À (re)lire : Les PASS, des centres pour soigner les personnes invisibles et à la rue

Certaines des informations à destination des migrants sont extrêmement difficiles à comprendre. Prenons par exemple le système de santé : les personnes exilées doivent respecter trois mois de carence entre leur arrivée sur le territoire français et le début de la protection universelle maladie (PUMa) [La PUMa permet à un demandeur d'asile d’être pris en charge gratuitement pour ses frais médicaux et hospitaliers, ainsi que ceux de son ou sa conjoint(e) et ses enfants, ndlr]. Pendant cette période de trois mois, les exilés peuvent seulement aller dans les permanences d’accès aux soins de santé (PASS) [Situées dans les hôpitaux publics, ces permanences sont destinées aux personnes sans aucune couverture de santé. Les migrants en situation irrégulière peuvent en bénéficier, ndlr], mais ces services sont saturés, compliqués d'accès et il n'y a pas souvent d'interprète présent sur place. 

Seulement 18 % des migrants interrogés lors de notre enquête disent avoir reçu des informations sur les services de santé à Paris au cours de la semaine de leur arrivée. Or, un grand nombre d'exilés arrivent en France dans des situations médicales dégradées.

Il y a d'autres exemples. Une information de base comme les lieux et horaires des distributions de nourriture dans Paris est difficile à obtenir quand on est primo-arrivant. Il arrive d'ailleurs que des exilés ne mangent pas alors que des associations donnent des repas dans la ville, mais ils ne le savent pas. 

>> À (re)lire : "Réfugiés.info" facilite les démarches en France des personnes déplacées et de leurs aidants

Lors de notre enquête, seules 22 % des personnes interrogées avaient été informées des dispositifs alimentaires auxquels elles pouvaient avoir accès au cours des sept jours suivant leur arrivée en Ile-de-France. Les autres ont donc passé leur première semaine sans savoir vers qui se tourner.

Comment s'informent les migrants ?

On a remarqué chez les primo arrivants qu'ils se réfèrent en très grande partie à leur communauté. Il faut comprendre ce terme au sens large : la communauté, cela peut être les membres de la famille, des personnes avec qui ils ont fait le parcours migratoire, des individus de même nationalité ou parlant la même langue. Ce sont globalement des personnes qui sont dans les mêmes conditions de vie qu'eux. 

 

Des écoutants dans les locaux du 115 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, en décembre 2022. Crédit : InfoMigrants
Des écoutants dans les locaux du 115 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, en décembre 2022. Crédit : InfoMigrants

 

Il y a ensuite le 115 [le service d'appel d'urgence, habituellement utilisé pour des demandes d'hébergement, ndlr]. Cette ressource est très utilisée, notamment par les familles. Les écoutant du 115 informent, orientent, parfois sur les accueils de jour, parfois sur les démarches pour déposer une demande d'asile, etc. C'est plus automatique, pour les exilés, d'appeler le 115 que de chercher la réponse à une question sur Internet [même si il n'est pas rare que le temps d'attente au téléphone pour joindre ce service d'aide atteigne deux heures et 30 minutes, ndlr]. Le 115 est très connu, les migrants en ont parfois entendu parler avant leur arrivée en France.

>> À (re)lire : "On a peur d'être maltraitants" : en Seine-Saint-Denis, l'impuissance des travailleurs du 115 face à la détresse de la rue

En troisième position, il y a ce qu'on appelle "l'aller-vers" : ce sont les acteurs associatifs qui se déplacent auprès des exilés sur les lieux où ils vivent.

Quels sont les freins à l'accès à l'information des primo-arrivants ?

Les conditions de vie précaires des personnes exilées en Ile-de-France sont une cause importante de ce manque d'accès. Être en errance résidentielle limite l'accès à l'information, car passer d'hébergement en hébergement concentre beaucoup d'énergie. Quand on ne sait pas où l'on va passer la nuit le soir-même ou le surlendemain, ça empêche de faire d'autres démarches comme se renseigner sur la procédure pour demander l'asile. Les migrants à la rue peuvent aussi avoir des contraintes d'ordre technique (téléphone déchargé, absence d'accès à Internet, …).

La barrière de la langue est, bien-sûr, un autre frein. Sur les réseaux sociaux, par exemple, très peu d'informations sont disponibles dans les langues parlées par les personnes exilées. 

 

Un migrant à la rue à Paris consulte son téléphone. Crédit : InfoMigrants
Un migrant à la rue à Paris consulte son téléphone. Crédit : InfoMigrants

 

Mais cette enquête nous a aussi permis d'identifier un autre facteur qu'on n'avait pas forcément mis en lumière jusque-là : l'illettrisme.

Sur l'échantillon étudié, 30 % des personnes ne savent pas du tout lire ni écrire. Elles viennent en majorité de Côte d'Ivoire et, dans une moindre mesure, d'Afghanistan [la proportion de personnes ayant une maîtrise limitée du français est, elle, de l'ordre de 51%, ndlr]. Or, la quasi-totalité des informations qui sont délivrées par l'État sur la procédure d'asile se présentent en version papier.

>> À (re)lire : "Le français facile avec RFI", un nouveau site pour apprendre le français avec l’actualité internationale

Tous ces freins ont des conséquences concrètes sur la population migrante. Cela rend leurs conditions de vie encore plus compliquées car ils n'accèdent par exemple pas tout de suite aux services de santé de base.

Ça a aussi un impact sur leur demande d'asile en elle-même. Nous avons recueilli beaucoup de témoignages de personnes qui disent : 'Pour l'instant, je cherche juste un toit et à mange, après je me poserai pour la demande d'asile.' Mais il y a un délai pour déposer une demande d'asile : il est de 90 jours après l'arrivée sur le territoire français. Passé ce délai, un migrant est placé en procédure accélérée, c'est une procédure plus courte que la procédure de demande d'asile classique et elle ne comprend pas forcément les mêmes droits en termes d'hébergement.

Quelles sont vos recommandations pour améliorer la situation ?

Pour répondre au problème de l'illettrisme, nous pensons qu'il faut réaliser des guides pour les arrivants en développant des formats autres qu'écrits. On a eu des retours positifs de la part de la population interrogée sur les contenus vidéo, audio ou réseaux sociaux, avec par exemple des pictogrammes. Cela peut être une piste.

>> À (re)lire : À Paris, un numéro d'aide pour les migrants à base d'émojis

Il faudrait aussi développer davantage de relais communautaires, comme des médiateurs qui parlent dans leur langue et qui ont vécu des situations similaires d'exil. Ces derniers pourraient travailler en lien avec les associations, afin de rendre l'information plus fiable et plus claire. 

Ce serait également intéressant d'avoir des points d'information à l'arrivée de ces personnes [À Paris, par exemple, beaucoup arrivent à Gare du Nord, ndlr]. Il faudrait imaginer une sorte de point d'accueil avec des informations-clés sur l'hébergement, la localisation des accueils de jour ou encore l'accès à de la nourriture. Cela a bien été fait à l'arrivée de personnes ukrainiennes dans les gares françaises et on peut donc s’inspirer de cette bonne pratique pour l’étendre à toutes les personnes exilées.

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