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Source : le monde - Eve Chancel - 30/12/2022

Après dix mois de conflit, pour les nombreux Ukrainiens exilés dans les différentes régions, l’accès au logement et à l’emploi reste compliqué. Ne parlant pas français, ils peinent à s’intégrer. Et l’hébergement citoyen est « à bout de souffle ».

Ils sont une dizaine à franchir chaque jour l’entrée du centre d’accueil de la porte de La Villette, à Paris. Les Ukrainiens arrivent en France au compte-gouttes, le plus souvent pour retrouver leurs proches. Malgré les bombardements, les coupures d’eau et d’électricité qui touchent les civils restés dans leur pays, aucune arrivée massive n’a été constatée par les pouvoirs publics ces dernières semaines.

Selon Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, ils seraient 106 000 réfugiés en France actuellement, soit légèrement plus qu’en juin, où le chiffre de 100 000 avait été annoncé.

Si l’Etat connaît le lieu de vie de 50 000 d’entre eux, l’autre moitié est plus difficilement traçable. Une majorité serait logée par la communauté ukrainienne présente en France. D’autres, ayant davantage de moyens, vivraient dans des hôtels et des Airbnb. « On doit progresser sur ce terrain ; jusqu’ici, nous n’avons pas réussi à faire de recensement », admet un haut fonctionnaire qui ne désespère pas de le faire au prochain renouvellement des autorisations provisoires de séjour (APS), en février 2023.

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Renouvelable tous les six mois, l’APS offre un statut de protection temporaire aux réfugiés ukrainiens en leur permettant notamment de travailler et de toucher l’allocation pour demandeur d’asile – de 6 euros à 44 euros par jour, selon le nombre de personnes composant le foyer.

« La solidarité s’est émoussée »

Entre 30 000 et 50 000 Ukrainiens bénéficieraient aujourd’hui de l’hébergement citoyen. Un service « à bout de souffle », d’après Philippe Godillot, président de l’association Ile-de-France-Ukraine. L’aide financière trimestrielle de 450 euros proposée depuis le 22 novembre aux familles d’accueil peine à relancer la dynamique. Peu connue, elle n’a fait l’objet que de 1 000 demandes sur les 12 000 attendues. « Certaines familles d’accueil me disent qu’elles peuvent tenir jusqu’à fin janvier », explique Philippe Godillot. D’ici là, il doit reloger quarante familles ukrainiennes, et n’a, pour l’instant, trouvé que deux appartements.

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Sur la plate-forme J’accueille, coordonnée par l’association Singa, le nombre d’inscriptions de Français prêts à loger des Ukrainiens est plus faible chaque semaine. Le président de l’association, David Robert, note qu’après un pic au début de la guerre « la solidarité s’est émoussée ». Les pouvoirs publics recensent de leur côté de « possibles effritements » de l’accueil citoyen dans certains départements, « mais pas d’effondrement ».

L’Etat a également reconduit les 20 000 places d’hébergement collectif (hôtels, parcs de vacances, Ehpad réaménagés) mises à disposition au début de la guerre. Occupées à 90 %, elles devront être libérées pour l’été 2023. Dans l’hébergement de niveau 1 (gymnases ou autres structures d’urgence), il reste une centaine de places.

25 000 Ukrainiens logés

« La vraie stratégie, c’est l’orientation vers le logement », souligne Georges Bos, le directeur du pôle migrants à la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. Malgré la tension actuelle du marché de l’immobilier, l’Etat a mis à disposition des réfugiés 8 000 logements. Issus du parc locatif privé et de l’habitat social, ils permettent d’abriter 25 000 Ukrainiens, soit deux fois plus qu’en juin.

Des difficultés perdurent pour désengorger l’Ile-de-France et les Alpes-Maritimes. Si des bus quittent tous les jours ces deux zones saturées en direction d’autres régions, les Ukrainiens sont parfois réticents à s’éloigner des grandes villes. Le système tient néanmoins avec des solutions fragiles.

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Les logements actuels ne pourront offrir à moyen et à long termes l’autonomie dont les Ukrainiens ont besoin pour trouver un mode de vie plus stable. Ainsi, fin novembre, ils étaient 11 000 à avoir suivi des cours de français, un chiffre que les autorités aimeraient voir augmenter. « Les Ukrainiens ont le droit de travailler, contrairement à d’autres migrants, donc ils veulent apprendre la langue », explique Jean Stellittano, secrétaire national du Secours populaire. Les cours proposés par l’association ne désemplissent pas. Le bénévole souligne aussi l’importance de fournir une aide administrative à un public qui peine à comprendre notre système de santé et d’aide sociale.

Un sur dix a un emploi

Faute de parler français, de nombreux Ukrainiens qualifiés ne peuvent exercer leur métier. Nikolovna Valaria, urologue à l’hôpital de Kiev, s’est mise à garder des enfants. Igor Proginev, qui était professeur d’université, fait de la mise en rayon en grande surface.

En novembre, seul un Ukrainien sur dix avait trouvé un emploi en France. C’est néanmoins trois fois plus qu’en juin, où ils n’étaient que 3 500. Si une majorité d’entre eux est employée dans l’hôtellerie et la restauration, certains ont récemment rejoint des filières industrielles, en Bretagne notamment.

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« Les deux freins à l’envie de travailler sont la langue et la garde des enfants », explique Didier Leschi. Sur les 35 000 mineurs ukrainiens présents en France, 20 000 vont à l’école. Pour ne pas rompre le lien avec leur pays, certains, en plus d’être scolarisés dans leur pays d’accueil, le sont toujours en Ukraine et suivent les cours à distance.

« Les Ukrainiens veulent retourner chez eux, leur souhait n’est pas toujours de s’insérer en France », déclare M. Leschi. Ils seraient, selon le gouvernement, entre 95 % et 98 % à vouloir rentrer une fois la guerre finie.

 


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