Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Maïa Courtois - 20/01/2023

Dans un rapport détaillé paru mercredi, la plateforme Alarm Phone, dédiée aux appels de détresse en mer, décrypte la politique tunisienne vis-à-vis des départs vers l'Italie. Les interceptions en mer par les garde-côtes sont jugées "dangereuses" pour les exilés. Ces opérations continuent pourtant de recevoir des financements italiens et européens pour être renforcées, année après année.

673 : c'est le nombre d'appels de détresse, émis depuis la Méditerranée centrale, reçus par Alarm Phone en 2022. Un record par rapport aux années précédentes pour ce collectif d'activistes, dont le numéro d'urgence circule de plus en plus parmi les candidats au départ. Près de 100 opérations de sauvetage menées par des ONG en mer ont pu aboutir grâce aux informations reçues par Alarm Phone, tout au long de l'année.

Leur objectif de mobiliser au maximum les moyens de sauvetage existants s'inscrit dans un contexte hostile. Dans un rapport détaillé paru mercredi, l'équipe d'Alarm Phone s'intéresse particulièrement à la politique tunisienne vis-à-vis des traversées en mer. Les autorités renforcent, année après année, le contrôle des côtes et leurs opérations d'interception.

"Des dizaines de milliers de personnes n'ont pas pu rejoindre l'Europe, interceptées en mer et renvoyées vers les lieux d'où elles avaient tenté de s'échapper", expose le rapport.

Près de 30 000 candidats au départ interceptés en 2022

En Tunisie, pas moins de 29 000 candidats au départ ont été interceptés entre janvier et fin octobre 2022, selon le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES). Avec un pic au mois d'août, lors duquel plus de 5 000 personnes ont été ramenées des côtes au sol tunisien. A titre de comparaison, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime qu'environ 24 700 personnes ont été renvoyées en Libye depuis la mer tout au long de l'année 2022.

>> À (re)lire : Crise politique, Covid, tarifs bas des passeurs... : les départs depuis la Tunisie ne cessent d'attirer de nouveaux clients

Rien qu'en septembre, par exemple, près de 3 000 Tunisiens ont réussi à débarquer en Italie, mais près de 4 000 ont été arrêtés avant d'y parvenir. La majorité des interceptions se font en mer, pas seulement sur les plages. Les départs depuis les régions de Sfax et Monastir sont les plus concernés par ces opérations.

Une précaution à avoir : les chiffres du FTDES se basent sur les rapports du ministère de l’Intérieur et les déclarations du porte-parole de la Garde Nationale. Il existe évidemment de nombreux exilés qui parviennent à "échapper au contrôle sécuritaire strict" des côtes sans être aperçus ni dénombrés ; ou d'autres, au contraire; "dont le passage est intercepté sans émettre de rapports ou sans les annoncer".

"Les garde-côtes ont commencé à remplir notre bateau d'eau avec un bidon"

Ces renvois occasionnent "de dangereuses opérations d'interception, dont certaines se sont soldées par des morts", alerte Alarm Phone dans son rapport. "Coups de bâtons, coups de feu tirés en l’air ou en direction du moteur, attaques au couteau, manœuvres périlleuses en vue de faire couler les bateaux, demande d’argent en échange du sauvetage…" listait déjà le collectif dans une analyse parue sur le sujet mi-décembre.

J.,un jeune Ivoirien aujourd'hui arrivé en France, témoigne auprès d'Alarm Phone sur ce qui s'apparente à de vrais combats en mer. Après avoir travaillé quelques mois en Tunisie pour payer son voyage, il monte dans un canot avec un petit groupe, en août 2021. "Vers 23h, la garde nationale tunisienne a repéré notre bateau (...) Ils ont demandé au capitaine de couper le moteur". Face au refus des passagers, "les garde-côtes ont fait demi-tour, ils ont pris leur élan et se sont dirigés directement vers notre bateau. Heureusement, ils n'ont pas réussi à nous faire chavirer. Puis ils ont collé leur bateau au nôtre et ont commencé à frapper le capitaine avec un bâton".

Le jeune exilé décrit des tirs en l'air. Puis, les garde-côtes auraient commencé à remplir le bateau d'eau "à l'aide d'un bidon coupé en deux", selon son récit. "Quand ils ont vu que cette technique ne fonctionnerait pas pour couler notre bateau, ils nous ont frappé encore et encore". Les passagers se sont défendus en jetant notamment leurs bouteilles d'eau. "Leur moteur a été endommagé et nous avons pu nous échapper".

Financements européens des interceptions

"L'impunité des autorités étatiques et la difficulté d'enquêter sur leurs opérations illégales et meurtrières en mer persistent", conclut le rapport d'Alarm Phone.

Or, entre 2011 et 2022, 47 millions d’euros ont été alloués à la Tunisie par l’Etat italien pour le contrôle de ses frontières, rappelle-t-il. La majeure partie de cette enveloppe "a été consacrée à la fourniture de bateaux patrouilleurs aux garde-côtes tunisiens".

Au niveau européen, 25 millions d’euros du Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique sont alloués à la Tunisie pour mettre en œuvre un "système de surveillance intégrée des côtes" entre 2018 et 2023 (voir page 6 du plan d'action révélé par l'ONG StateWatch).

Ces financements européens renforcent les capacités d'interceptions de la Garde nationale maritime tunisienne. En 2019, seuls 3 580 migrants avaient été interceptés, selon les chiffres officiels. Huit fois moins, donc, que le rythme de 2022.

"Le résultat des politiques d'externalisation des frontières de l'Union européenne"

Pour autant, selon les données du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, près de 105 000 personnes sont arrivées en Europe par les routes maritimes en Méditerranée centrale. C'est bien plus que les 67 500 recensées l'an dernier, ou les 34 000 en 2020. "Malgré les efforts européens pour constituer, financer et équiper les soi-disant garde-côtes libyens au cours des dernières années, et malgré l'intensification de la coopération entre les autorités européennes et tunisiennes, les gens continuent de réussir à s'échapper par la mer", souligne Alarm Phone.

>> A (re)lire : Méditerranée : la petite-fille tunisienne arrivée seule en Italie va pouvoir retrouver ses parents

En attendant, la Méditerranée centrale reste toujours la route "la plus meurtrière connue dans le monde", rappelle l'OIM, qui comptabilise 1377 décès en 2022 dans sa base de données "Missing Migrants". Sur la route de la Tunisie à l'Italie, plus de 575 personnes sont mortes entre le début de l'année et la fin novembre 2022, selon le FTDES. Il faut ajouter à ce décompte "ces innombrables bateaux qui disparaissent sans laisser de traces", rappelle Alarm Phone.

>> A (re)lire : Disparus de Zarzis : des milliers de Tunisiens manifestent

L'exemple le plus emblématique de ces derniers mois est celui des 18 disparus partis de Zarzis. Si le mouvement civil né de ce drame, appelé "18/18", confronte les autorités tunisiennes à leur responsabilité, il révèle aussi "le résultat des politiques d'externalisation des frontières de l'Union européenne, qui érigent une relation verticale incontestable entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée, ayant pour effet la protection de la côte tunisienne à tout prix", conclut Alarm Phone.

Et aussi

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter