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Source : le monde - Eric Nunès- 22/02/2023

Nombre de jeunes Russes font le choix de ne pas rentrer dans leur pays et de poursuivre leurs études dans l’Hexagone pour fuir la guerre menée par le président Vladimir Poutine en Ukraine, malgré les difficultés pratiques.

« Je suis russe. » A chaque fois que Daria Kriazhova prononce ces trois mots, elle ressent un « profond malaise ». A 28 ans, la doctorante en littérature à Sorbonne Université est francophone et francophile. Arrivée en France en 2019, elle y poursuit son parcours universitaire. Mais, depuis le 24 février 2022, date de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, sa nationalité lui pèse. Comme à de nombreux étudiants russes en France. « C’est quelque chose de honteux à porter », confie-t-elle.

En 2022, ils étaient 5 400 étudiants russes à poursuivre des études dans l’Hexagone, selon le décompte de Campus France, l’agence nationale chargée de la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger. Nombre d’entre eux ont préféré rester plutôt que de retourner dans un pays en guerre. Et la conscription russe n’a pas tari le flux de ces jeunes. Ils étaient 1 500 à venir en France l’année qui a précédé le conflit, ils étaient encore 1 200 en 2022, selon une source gouvernementale.

Anastasia Mishina, 24 ans, étudiante en deuxième année de master métiers de l’édition à Sorbonne Université, fait partie de ceux qui ont choisi de ne pas repartir. Arrivée en 2021 pour suivre un double master proposé par la Sorbonne et l’université de Saint-Pétersbourg, elle assiste, depuis Paris, à l’entrée en guerre de son pays. Rapidement, elle est affectée par la batterie des sanctions occidentales contre son pays. La collaboration entre les deux universités est officiellement arrêtée, même si ses professeurs maintiennent des cours pour accompagner leurs étudiants jusqu’à la soutenance, puis le diplôme. Sa banque, la BNP, refuse de lui transférer l’argent que sa mère, restée en Russie, est prête à lui envoyer alors que sa bourse Erasmus Plus touche à sa fin. Sans ressources, elle se rend aux distributions des Restos du cœur et cumule les petits boulots pour survivre.

« Angoisse de perdre leur visa »

Pour les banques, le passeport russe est devenu un chiffon rouge. Marie Zanga, 21 ans, étudiante au sein de l’Ecole de biologie industrielle, une école d’ingénieurs à Cergy (Val-d’Oise), en a fait l’expérience lorsqu’elle était à la recherche d’un prêt pour financer ses études. Fille d’un père camerounais et d’une mère yakoute (un peuple de Sibérie), née à Saint-Pétersbourg, elle a un passeport russe. « Quand j’arrive dans une banque, et que je présente mon projet d’étude, tout se passe bien. Je précise toujours que je ne suis pas française, la réponse est invariable : les étudiants étrangers ont aussi le droit d’obtenir un prêt. » C’est lorsque la jeune femme sort son passeport que la situation se crispe. « Ha ! Vous êtes russe ! », s’étonne-t-on. Ses demandes se terminent invariablement par une fin de non-recevoir. « Je ne suis pourtant pas une oligarque », s’agace Marie.

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Si les transferts d’argent sont devenus compliqués, il reste un moyen de contourner le blocus : les cryptomonnaies. Les familles russes en achètent en roubles, transfèrent l’argent virtuel par les réseaux à leurs enfants-étudiants qui achètent des euros. La perte au change est considérable et nourrit des intermédiaires peu scrupuleux…

Un retour en Russie ne semble néanmoins pas envisageable. « L’angoisse de ces jeunes gens est celle de la perte de leur visa étudiant », explique Antoine Nicolle, ancien professeur de littérature au Collège universitaire français de Moscou. Si les universités françaises ont joué le jeu en permettant aux étudiants russes de se réinscrire pour l’année 2022-2023 et de conserver le statut qui leur donne droit à un titre de séjour, leur situation n’est pas pérenne. La peur d’être renvoyé en Russie, puis au front pour les garçons, est constante.

Né d’un père russe et d’une mère ukrainienne, Lev (le prénom a été changé), 33 ans, chercheur à l’université Paris-Saclay, voit cette guerre comme un déchirement. Hors de question de retourner en Russie. « J’ai participé à des protestations contre cette guerre et le gouvernement de Poutine. Si je rentre, je serai probablement enrôlé. »

Pour Anastasia, même si la menace est moins forte en cas de retour, il n’en est pas davantage question. « Depuis une année, mon université de Saint-Pétersbourg a changé, les étudiants et les professeurs qui se sont exprimés contre le gouvernement et sa politique ont été virés, condamnés à une amende ou emprisonnés. Il n’y a plus d’espace de liberté, et ceux qui restent à la direction de l’établissement sont pro-Poutine. Je n’irai pas étudier auprès d’eux. »

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La France comme refuge donc. Même si la proximité entre la diaspora ukrainienne et russe à Paris reste difficile. Active dans l’aide aux réfugiés ukrainiens à Paris depuis le début de la guerre, profondément anti-Poutine, Daria n’en est pas moins blessée quand elle lit sur les réseaux sociaux, de la part de ses amis ukrainiens, que « le meilleur Russe est un Russe mort ». « Je comprends leur manière de faire face à leur trauma et d’exprimer leur colère, mais je pense à mes parents qui sont toujours là-bas », témoigne-t-elle. Les étudiants russes de France portent le poids des décisions politiques de Moscou qu’ils dénoncent. Ils en souffrent, avec la peur de payer, ou de faire payer à leurs familles restées sur place, toute tentative d’engagement.

 


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