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Source : le monde - Julia Pascual et Maxime Vaudano - 13/03/2023

Paul Hermelin, président du géant des services du numérique, s’est vu confier une « mission d’évaluation » sur le sujet. Cet audit relance les critiques sur l’emprise des cabinets de conseil sur l’appareil d’Etat.

C’est un audit qui a failli passer inaperçu. Il n’a fait l’objet d’aucune publicité et, au sein des administrations centrales, peu nombreux sont ceux qui en ont eu vent. Pourtant, la démarche n’est pas anodine : Paul Hermelin, président du géant des services du numérique Capgemini, s’est vu confier une « mission d’évaluation » de la politique des visas de la France.

Selon nos informations, confirmées par les ministères des affaires étrangères et de l’intérieur, le président du groupe du CAC40, M. Hermelin, diplômé de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole nationale d’administration, doit rendre ses conclusions en avril. D’après la lettre de mission signée des ministres Catherine Colonna et Gérald Darmanin, consultée par Le Monde, il doit « identifier des pistes d’amélioration des délais de prise de rendez-vous et de traitement, en particulier pour les publics cibles », c’est-à-dire les « hommes et femmes d’affaires, étudiants, artistes, sportifs, personnes invitées à un événement ». Il est précisé que M. Hermelin devra se pencher « prioritairement sur l’organisation et le fonctionnement des postes [consulaires] à moyens constants », avec une « attention particulière à l’Afrique », et qu’il devra proposer des « modalités d’adaptation rapide du dispositif pour répondre à des pics de demandes ou des situations particulières ».

D’après les éléments récoltés par Le Monde, cet audit ne prend pas la forme d’une prestation rémunérée de Capgemini. Il est assuré par Paul Hermelin « à titre personnel et bénévole », précise le ministère des affaires étrangères. Capgemini assure qu’aucun de ses salariés n’est impliqué dans la mission et précise que « Paul Hermelin, qui n’est pas salarié de Capgemini, intervient à titre personnel et gracieux au sein d’un groupe de travail sur le sujet du traitement des visas prioritaires ». Selon le Quai d’Orsay, le chef d’entreprise bénéficie pour sa mission d’un appui des « services d’inspection des deux ministères, l’inspection générale des affaires étrangères et l’inspection générale de l’administration ».

« Problème d’expertise »

Au sein des inspections, cet attelage suscite la circonspection. « Je ne suis pas au courant mais c’est une innovation tout à fait fâcheuse, réagit un inspecteur général sous le couvert de l’anonymat. Cela renvoie à l’idée que le privé travaille mieux que le public. » Une source diplomatique rejoint ce point de vue : « C’est quand même très étrange. Les inspections sont calibrées pour faire ce genre d’évaluation. Comment va-t-il s’y prendre ? Il va diriger les inspections générales ? Même pas en rêve. » Cette même source s’interroge par ailleurs sur le « problème d’expertise » que soulève le pilotage d’une mission sur les visas à une personnalité qui n’a jamais travaillé sur le sujet.

Au ministère de l’intérieur, on souligne au contraire les qualités de M. Hermelin pour mener à bien son évaluation. « Il connaît le monde économique, or il s’agit de travailler sur l’attractivité de la France pour les publics cibles de l’immigration professionnelle et étudiante. » « M. Hermelin effectue déjà gracieusement, comme d’autres chefs d’entreprise d’ailleurs, une mission d’envoyé spécial pour les relations économiques avec l’Inde », ajoute le ministère des affaires étrangères. « Il y a des gens au sein des consulats ou de Campus France dont c’est le métier », balaye un diplomate.

Place Beauvau, on affirme qu’il existe des précédents. Et de citer l’exemple dela « mission Stéphane Bern » pour la sauvegarde du patrimoine, confiée à l’animateur télé en 2017 par le président de la République Emmanuel Macron. Ou de la mission sur la réforme des institutions confiée en 2007 par Nicolas Sarkozy à l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Ou encore celle sur la réforme de la taxe professionnelle confiée en 2004 à une commission présidée par le conseiller d’Etat Olivier Fouquet. Des exemples qui ne soulèvent cependant pas les mêmes enjeux d’immixtion du secteur privé dans le public ou de potentiels risques de conflits d’intérêts.

Objet de la réforme « encore nébuleux »

M. Hermelin est en effet le patron d’un des principaux prestataires du gouvernement en matière de conseil en stratégie et en informatique, Capgemini, qui a reçu au moins 1,1 milliard d’euros de commandes publiques au cours des cinq dernières années, selon une récente enquête du Monde. Le groupe compte en outre parmi ses dirigeants plusieurs anciens conseillers ministériels en poste sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, et a laissé partir plusieurs de ses ex-employés vers des fonctions importantes au sein de l’Etat.

Lire notre enquête : Article réservé à nos abonnés Cabinets de conseil : Capgemini, le coûteux prestataire dont l’Etat ne sait plus se passer

En mars 2022, une commission d’enquête du Sénat avait critiqué l’emprise « tentaculaire » des cabinets de conseil sur l’appareil d’Etat, sur fond d’affaire McKinsey. Pour éteindre l’incendie, le gouvernement s’était engagé à réduire ses dépenses de conseil, à mieux encadrer ces pratiques et à réinternaliser un maximum de compétences au sein de la puissance publique. Dans un rapport remis en janvier à la première ministre, Elisabeth Borne, l’inspection générale des finances avait d’ailleurs rappelé qu’une partie importante des missions confiées à des consultants externes pouvaient être assurées par les inspections générales.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le gouvernement réduit son recours aux cabinets de conseil

Non rémunéré, l’audit confié à Paul Hermelin entre dans le cadre des fort décriées missions pro bono. Le Sénat avait recommandé d’encadrer strictement ces prestations réalisées à titre gracieux par des cabinets ou des consultants, sans appel d’offres, qui ouvrent la voie à de possibles contreparties. Au cours du précédent quinquennat, le cabinet McKinsey avait par exemple tenté de se servir de ses missions gratuites auprès de l’Elysée pour obtenir des marchés publics. L’intervention bénévole d’employés de McKinsey dans la première campagne présidentielle du chef de l’Etat est par ailleurs au cœur d’une enquête ouverte en octobre 2022 par le Parquet national financier.

Reste la question de la finalité de la mission confiée à M. Hermelin, qui interroge un cadre du ministère des affaires étrangères : « L’objet de la réforme est encore nébuleux mais il y a peut-être derrière cette mission l’idée de mettre en place, en France, un système centralisé de traitement des demandes de visa, et de confier à Capgemini une nouvelle application [informatique] parée de toutes les vertus. »

Lire : Article réservé à nos abonnés Interventions invisibles et statut flou : le mélange des genres des consultants privés qui conseillent le gouvernement

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