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Source : le monde - allan kaval - 28/04/2023

Le dossier migratoire était censé devenir un levier dans la défense des intérêts italiens en Europe. Mais les ambitions de la présidente du conseil italien et de son gouvernement ont rencontré pour de bon le mur du réel.

En prenant ses fonctions à l’automne 2022, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, avait promis de résoudre une fois pour toutes une question migratoire qui avait été au cœur de son positionnement antérieur, dans l’opposition. Arrivée au pouvoir à la tête d’une coalition formée avec la Ligue de Matteo Salvini, toujours prête à la surenchère sur ce sujet, elle avait décliné les objectifs de sa politique migratoire à la fin de son discours d’investiture du 25 octobre 2022. Il était alors question de la mise en œuvre d’un blocus naval censé interrompre les débarquements illégaux et de la construction de nouveaux « hot spots » (les centres d’enregistrement et d’identification des migrants) en territoire africain. L’objectif étant de traiter les demandes d’asile avant d’organiser la répartition des ayants droit entre les Etats de l’Union européenne.

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L’ensemble était accompagné par l’évocation d’une politique imprécise d’aide au développement dans le cadre d’un nébuleux « plan Mattei pour l’Afrique », invoquant les mânes d’Enrico Mattei, pionnier du secteur italien des hydrocarbures. Le fondateur du géant national Eni, célébré pour ses positions favorables aux mouvements de décolonisation africains, est associé, dans l’imaginaire historique italien, à une forme de tiers-mondisme bienveillant, relais du rayonnement de Rome dans son voisinage méditerranéen. A l’approche de l’hiver, la question migratoire était moins pressante, et l’état de grâce dont bénéficiait la cheffe de l’exécutif, forte des excellents résultats remportés par son parti, rendait possible l’exposé de telles visions grandioses.

Six mois plus tard, les ambitions affichées du gouvernement de Mme Meloni ont rencontré pour de bon le mur du réel. L’hypothèse du blocus naval, impossible à concrétiser, a été la première à disparaître, tandis que les projets de « hot spots » se sont éloignés. Une nouvelle route migratoire clandestine en provenance de l’Est libyen a été ouverte cet hiver. Les départs depuis la Tunisie se sont multipliés. Les côtes italiennes ont renoué avec l’horreur des naufrages, avec la mort de plus de 90 personnes devant le littoral calabrais, le 26 février.

Un massacre au compte-gouttes

Présage d’un été de tensions, les débarquements sur la petite île de Lampedusa, située à 140 kilomètres des côtes tunisiennes, sont quotidiens depuis le début du printemps. Dans la seule journée du 26 avril, 1 078 arrivées ont été comptabilisées. Les structures d’accueil, où les journalistes ne sont pas admis, sont saturées, tandis que des dizaines de personnes disparaissent en mer et que des cadavres sont rejetés ponctuellement sur le rivage de l’île, évoquant un massacre au compte-gouttes.

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Face à une crise que son gouvernement, pas plus que n’importe quel autre, n’est pas en mesure de résoudre, Mme Meloni et ses alliés ont choisi la mise en scène de l’urgence et de la dureté. Un décret baptisé « Cutro », en référence aux toponymes répandus dans la région calabraise où a eu lieu le naufrage meurtrier de la fin février, âprement négocié avec la Ligue et actuellement discuté à la Chambre des députés, prévoit d’importantes restrictions au régime de protection internationale en vigueur en Italie, présenté comme un facteur d’attraction des flux migratoires. Le travail des ONG de sauvetage en mer a fait l’objet d’accusations similaires, et la limitation de leurs activités demeure, à ce jour, le seul effet tangible de la politique migratoire de Mme Meloni.

Mi-avril, le gouvernement a annoncé la proclamation d’un état d’urgence migratoire. Destiné à simplifier les procédures administratives, il contribue surtout à une forme d’affichage politique censé donner l’image d’un gouvernement actif bien qu’aux prises avec un désastre imposé par des raisons externes. Il peine encore à entrer en vigueur alors que la justice néerlandaise a bloqué, le 26 avril, le renvoi vers l’Italie de demandeurs d’asile, estimant que leurs droits fondamentaux ne pouvaient y être garantis du fait du manque de structures d’accueil.

Lame de fond

Au début du mandat de Mme Meloni, le dossier migratoire était censé devenir un levier dans la défense des intérêts de l’Italie en Europe. La politique agressive de Rome, dès l’automne, s’est d’abord traduite par une grave crise diplomatique avec la France autour du sort de l’Ocean-Viking, un navire de sauvetage en mer investi dans les secours aux migrants en Méditerranée centrale. L’objectif poursuivi par l’Italie d’une meilleure répartition des demandeurs d’asile en Europe s’est aussi éloigné, malgré quelques déclarations compréhensives à Bruxelles et des pétitions de principe favorables de la part d’autres Etats méditerranéens.

Egalement pensée comme devant offrir à l’Italie un rôle de leader dans la diplomatie européenne en Afrique du Nord, la question migratoire semble avoir renforcé les rapports transactionnels avec des pays de départ. Les efforts récents de l’Italie auprès des Européens, des Etats-Unis et des monarchies du Golfe visant à obtenir une aide financière en faveur de la Tunisie, tandis que le Fonds monétaire international conditionne son soutien au pays à des réformes drastiques, n’ont pour l’instant fourni aucun résultat.

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Prisonnier d’un discours politique sur le dossier migratoire hérité de la panique des années 2010, le gouvernement Meloni, tout comme ses prédécesseurs et ses actuels partenaires européens, est dans l’incapacité d’aborder les migrations méditerranéennes comme un phénomène structurel, alors que s’installent, dans le pays, un grave déclin démographique et une sévère pénurie de main-d’œuvre. Cette posture le condamne à se limiter à des mesures de simple réaction, prises dans l’urgence, tandis que la lame de fond estivale des départs et des morts en mer qui l’accompagnent commence à peine.

 


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