La garde nationale tunisienne a annoncé jeudi 25 mai l'arrestation d'un important passeur déjà condamné à un total de 79 années de prison pour trafic d’êtres humains. Cet homme est notamment accusé d'avoir organisé un départ de migrants tunisiens en septembre 2022 qui s'est terminé par un naufrage et 20 morts. 

Deux groupes d'enquêteurs à Sfax - deuxième ville de Tunisie et point de départ d'un grand nombre de traversées illégales vers l'Italie - ont réussi à intercepter ce trafiquant "qui faisait l'objet de 24 avis de recherche et avait été condamné à 79 ans de prison", a indiqué la garde nationale sur sa page Facebook.

En Italie, le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi s'est félicité sur Twitter de l'interpellation de cet homme "soupçonné d'être l'un des principaux passeurs impliqués dans les départs depuis Sfax". Et d'ajouter : "Nous sommes reconnaissants à la Tunisie pour l'effort important qu'elle déploie dans la surveillance de ses frontières maritimes [...] J'ai exprimé au président Saïed [...] la reconnaissance du gouvernement italien pour les résultats importants qui, grâce au renforcement de la coopération policière entre nos deux pays, sont en train d'être obtenus dans la lutte contre les organisations criminelles qui gèrent le trafic de migrants".

Selon la garde nationale tunisienne, ce passeur avait organisé une traversée clandestine de 20 Tunisiens, partis de la ville de Chebba et qui ont péri dans le naufrage de leur bateau le 8 septembre dernier. Selon les témoignages des survivants, 37 migrants au total, tous de nationalité tunisienne, participaient à cette tentative de rallier les côtes italiennes.

Certaines portions du territoire tunisien se trouvent à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa. Et les naufrages sont fréquents. Les autorités tunisiennes ont annoncé en début de semaine avoir retrouvé quatorze corps de migrants sur des plages non loin de la ville de Sfax. 

Hausse de 300 % des arrivées en UE par la mer

Les africains subsahariens présents en Tunisie ne sont pas les seuls à traverser la mer dans l’espoir de rejoindre les côtes italiennes. Touchés par une grave crise économique et politique, de nombreux Tunisiens suivent aussi la voie de l’exil. L’inflation dépasse 10% et le chômage de jeunes avoisine 40%.

Ces dernières semaines, à cause d'une très mauvaise météo en Méditerranée, les départs se sont ralentis. Mais selon l'agence européenne Frontex, entre janvier et avril, 42 200 débarquements sur le territoire de l'UE via la Méditerranée centrale ont été décomptés. Soit une hausse de près de 300% par rapport à la même période en 2022. Depuis la Tunisie, Frontex a observé "une croissance de 1 100% par rapport à l'année dernière" sur la même période.

Sur les trois premiers mois de 2023, la garde nationale a indiqué avoir intercepté ou secouru 14 406 personnes dont 13 138 ressortissants d'Afrique subsaharienne.