Source : médiapart - Agence France-Presse - 31/05/2023
Pour éviter une situation « explosive » liée à l’immigration illégale à Mayotte, deux députés recommandent la répartition sur l’ensemble du territoire français des mineurs isolés étrangers, principalement comoriens, qui débarquent dans ce département français d’Outre-mer.
Dans un rapport sur les flux migratoires présenté mercredi devant une commission parlementaire, ces députés constatent que la charge de ces jeunes migrants - environ 6.000 personnes - repose entièrement sur le conseil départemental de Mayotte, déjà exsangue.
Ces députés recommandent donc de faire appliquer sur l’île française comme c’est la norme en métropole, la circulaire dite « Taubira » du 31 mai 2013 qui prévoit leur répartition sur l’ensemble du territoire national.
L’affectation géographique des mineurs isolés étrangers dans l’hexagone dépend d’une « clé de répartition » établie par le ministère de la Justice et fondée principalement sur des critères démographiques.
Les députés dressent aussi un rapport accablant de la situation sanitaire à Mayotte, dont le système de santé est « plongé dans le chaos » selon leurs termes, notamment du fait de la pression migratoire.
Sans couverture sociale, « les étrangers séjournant illégalement sur le territoire mahorais ne peuvent se faire soigner dans le secteur libéral », relèvent les députés, et « l’ensemble des demandes de soins et de prise en charge des étrangers en situation irrégulière se reporte sur le centre hospitalier de Mamoudzou et sur ses antennes territorialisées ».
Résultat: l’hôpital, qui reçoit à 75% des personnes non-assurées, est engorgé par des patients souvent « pris en charge tardivement, dans des états aggravés ».
L’absence de droits sociaux « ne dissuade nullement les Comoriens de s’installer à Mayotte tout en contribuant fortement à la saturation du centre hospitalier de Mamoudzou », observent les rapporteurs, recommandant « de rendre désormais applicable l’aide médicale d’État (AME) à Mayotte ».
L’AME couvre notamment à 100% les frais médicaux et hospitaliers des étrangers présents en France depuis au moins trois mois.
Au printemps 2023, les autorités françaises ont déployé des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour mener une série d’interventions des services sécuritaires et sociaux regroupées sous le nom de « Wuambushu » (« reprise » en mahorais).
Une opération contestée, qui vise à réduire l’habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus des Comores voisines.