Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Maryline Baumard - 10/3/2018

Les associations humanitaires s’inquiètent de voir des centaines de jeunes se priver d’alimentation.

Personne n’avait imaginé que les exilés de Calais boycotteraient les repas servis par l’Etat. C’est pourtant ce qui s’est produit, vendredi 9 mars. Alors que l’Etat a repris les distributions de nourriture, mardi, après un arrêt de près de dix-sept mois, les migrants ne se déplacent quasiment pas vers les points de distribution. Et, quand les portions arrivent jusqu’à eux, une bonne part des 500 à 600 Erythréens, Ethiopiens et Afghans du Calaisis les refusent tout bonnement, excluant d’accepter « des dons d’un ennemi qui nous pourchasse », comme l’explique un jeune Oromo, arrivé depuis un peu plus de quatre mois « dans l’enfer de Calais ».

Vendredi, un food truck flambant neuf, fier de son énorme logo « Préfet du Pas-de-Calais », attendait en début d’après-midi dans un enclos partiellement fermé d’un grillage surélevé de barbelés, non loin de l’ancienne « jungle ». Sous l’auvent, des salariés de La Vie active, l’entreprise mandatée par l’Etat pour les distributions, attendaient des migrants qui ne venaient pas. Alors que seul Le Monde était sur place, c’était, selon la version officielle de La Vie active, « la présence des journalistes » qui les empêchaient d’accéder au lieu.

Double langage

Entre 15 h 30 et 16 h 15, Le Monde a pu constater que seuls trois jeunes hommes avaient fait le déplacement depuis leurs abris de fortune et qu’un peu plus tard, près de l’hôpital de Calais, seul un groupe d’une dizaine d’Afghans est passé chercher le plat chaud-pain-fruits. Un carton d’une vingtaine de portions avait en revanche été préparé par La Vie active pour être livré au milieu des dunes, là où se terrent les exilés. L’entreprise a vite compris que les migrants préféraient se priver de repas plutôt que venir vers cet organisme installé dans un camion aux couleurs de la France.

Jean-Claude Lenoir, le président de l’association Salam, s’étonne de la stratégie du moment. « Le premier matin, les migrants ont été accueillis par des cars de CRS et invités à entrer dans un enclos entouré de barbelés… Ce matin, la police a profité du moment où certains sont allés prendre leur petit déjeuner pour démanteler partiellement leur campement. Je ne sais pas ce qui fonctionne, mais je sais que cette méthode ne marchera pas », résume-t-il. « Comment voulez-vous que les migrants aient confiance dans un Etat qui d’une main détruit leur tente et de l’autre leur propose un petit-déjeuner ? », résume Christian Salomé, le président de l’Auberge des migrants, qui reste lui aussi perplexe face à la distance qui sépare « le discours du préfet des violences du terrain ».

Un double langage, déclinaison calaisienne du « en même temps » macronien ? Côté préfecture, en effet, même si une réunion avec certaines associations, triées sur le volet, a été organisée en urgence vendredi matin et qu’une autre aura lieu lundi 12 au soir, la situation est officiellement sous contrôle. « La préfecture n’est pas inquiète car la prestation de l’opérateur La Vie active est fiable, accessible à tous et répond aux besoins nutritionnels des personnes », répond-on avant d’ajouter qu’« après une phase d’observation, la population migrante commence à le comprendre »… Ce week-end, pourtant, en attendant que l’Etat fasse évoluer son dispositif, la Refugee Community Kitchen, mise en sommeil pour Calais, prépare à nouveau 500 repas à servir deux fois par jour dans la lande. Chacun sentant bien le danger d’avoir un demi-millier de jeunes gens exclus de tout, laissés dehors épuisés et en plus affamés. Certains craignent la violence, d’autres qu’ils ne multiplient les risques pour passer coûte que coûte en Grande-Bretagne.

Tension palpable

Lors d’une distribution de repas assurée par La Vie active, derrière l'hôpital de Calais,le 9 mars. CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Sangkul est de ceux-là. Dans la zone industrielle voisine de l’ancienne jungle, il fait partie de la petite vingtaine de très jeunes Erythréens et Ethiopiens qui se chauffent autour d’un feu, vendredi après-midi, la mine fermée. Difficile d’échanger. La tension est palpable. Dans la rue derrière, Caroline Cottet, cofondatrice du Women’s Center, rencontre elle aussi « des jeunes gens qui ont faim, mais sont solidaires » et déterminés à faire connaître la longue liste de leurs protestations.

Aux violences des réquisitions de leur tente, s’ajoute désormais « l’absence d’information sur l’enquête sur les quatre Erythréens grièvement blessés le 2 février. Tous savent qui a tiré les coups de feu, mais l’enquête semble au point mort. Personne n’a même interrogé les Erythréens blessés, et ceux qui se sont spontanément présentés pour témoigner ont été retenus à la police », déplore Christian Salomé.

Pour faire baisser durablement la tension du lieu, les associations ont une série d’idées qui remettraient un peu d’humanité sur cette zone, tout en évitant de créer un « appel d’air ». L’autorisation de monter des tentes la nuit ou de disposer d’un espace de répit de jour ont été évoqués en préfecture.


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter