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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Cet après-midi, nouvelle visite au CRA accompagné de mon épouse suite à une demande par téléphone effectuée par notre ami cubain O.

Alors que je suis en short et tee-shirt j'ai dû subir une fouille appuyée par un jeune policier à qui j'ai fini par demander s'il voulait que j'enlève mon pantalon.

Il s'agissait pour nous de rencontrer une jeune femme, Y., de nationalité dominicaine (Saint-Domingue) en instance d'expulsion vers son pays natal.
Arrêtée le samedi 3 juin à 7h00 du matin au Perthus cette fois dans un bus venant d'Italie par nos Super-Dupont, elle était transférée au CRA dans l'après-midi. Il est à noter, et c'est la troisième fois que j'entends ce témoignage que les policiers expliquent à la personne arrêtée, toujours des femmes puisqu'il n'y a pas de centre de rétention adapté à Perpignan, qu'elle va être conduite dans un hôtel où l'on va la prendre en charge pour que l'on régularise sa situation (joli euphémisme pour ces centres de rétention qui s’apparentent plus à une prison qu'à un hôtel !)

Elle se rendait donc en Espagne pour régler sa situation administrative, et alors qu'elle dispose d'un permis de séjour temporaire en Italie où elle résidait dans sa famille et que les policiers qui l'ont contrôlée à l'entrée l'ont laissée passer elle a été conduite à Cornebarrieu en plein week-end de Pentecôte et, le lundi étant férié, elle n'a pas pu faire dans les 48 heures le recours qui aurait pu invalider son arrestation, ce que lui a confirmé le consul, et dont elle n'avait pas été informée par les policiers qui l'ont arrêtée. Elle attend maintenant depuis 12 jours son expulsion.

Cette jeune femme, avec peut-être des tendances un peu anorexiques, s'alimente peu, car elle ne supporte pas la nourriture du CRA; elle nous a demandé de la ravitailler avec du lait des jus de fruit et des corn-flakes ainsi que des galettes salées, car le distributeur du centre ne délivre que des boissons gazeuses et des sucreries, ceci moyennant de la monnaie (quand il n'est pas vide et ne retourne pas la marchandise!) Il est à noter que l'OFII, toujours prêt à fournir généreusement des cigarettes, se refuse à acheter de la nourriture (un point qu'il faudra sans doute mettre sur la table avec eux).

Plus grave, les médicaments qu'elle prenait pour dormir d'une part et comme complément alimentaire d'autre part lui ont été retirés malgré l'ordonnance en italien dont elle dispose et comme le médecin du CRA ne bénéficie pas d'un interprète elle n'a pas pu s'expliquer et ne peut pas  suivre son traitement. Un autre point à mettre sur la table avec la préfecture.

Comme il est impossible de rencontrer deux personnes à la fois, même deux femmes (il faudra demander pourquoi), nous avons demandé de revoir R. qui attend toujours son vol et qui nous a confirmé la qualité médiocre des repas et en particulier le fait qu'on leur donne systématiquement du pain dur. Elle signale aussi le manque de propreté sous les lits qui sont en revanche fouillés ("On nous considère comme des criminels") et elle dit qu'elle ressent des piqures ou des démangeaisons dans le sien.

Six autres femmes sont actuellement présentes dans leur secteur, cinq originaires du Nigéria et une de Macédoine.

Réflexions

Le récit ci-dessus amène à se poser quelques questions.
Qu'est ce qui peut motiver cet acharnement policier au Perthus ? Il y a bien sur la chaîne de responsabilité depuis le ministre en passant par le préfet et la hiérarchie policière; tout cela motivé par la politique du chiffre mise en place par Nicolas Sarkozy et pour laquelle on imagine non sans peine le système de prime financière qui en découle.

Mais au-delà de ce système pervers quel justificatif peut avoir un policier de base pour effectuer cette besogne de recherche systématique de l'étranger en "situation irrégulière" ?
La plupart du temps les personnes arrêtées sont en transit soit allant d'Espagne vers un autre pays européen, bien souvent l'Italie, ou encore quittant la France où elles transitaient vers l'Espagne. Il ne s'agit donc pas de personnes venant "manger le pain" ou "prendre le travail" des français ni cherchant à "bénéficier de nos prestations sociales". Bien au contraire leur arrestation va coûter à l’État français des frais de procédure, de rétention et bien souvent des billets d'avion vers des destinations lointaines payées au prix fort.

Hormis les primes ou inversement les sanctions administratives et d'éventuelles convictions xénophobes voire racistes comment un individu en uniforme peut-il se justifier pour porter du tord à des personnes par ailleurs bien inoffensives ?

A travers cette question me revient cet argument utilisé par les policiers qui consistent à expliquer aux personnes retenues (et non pas en état d'arrestation) qu'elles vont être "amenées dans un hôtel" et qui en fait est plutôt une manière pour eux de se donner bonne conscience.
On peut penser que certains policiers ayant participé aux rafles anti-juives, à l'époque légales et impulsées par le gouvernement de Vichy, expliquait aux familles arrêtées qu'on allait simplement les amener dans des camps de regroupement, ignorant bien sur que, par leur action, ils les amenaient à la mort.

Une fois de plus ce sont les réflexions de Hannah Arendt sur la banalité du mal qui s'imposent, comment des personnes tout à fait ordinaires peuvent, dans un contexte donné de subordination, commettre des actes que réprouverait la morale la plus élémentaire.

Finalement les deux jeunes femmes rencontrées ont leurs vols confirmés pour mercredi à Tegucigalpa et jeudi à Saint Domingue.

Jean-Pierre CREMOUX

 


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