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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Les faits :

Quatorze personnes ont été arrêtées par la police mercredi matin à Norrent-Fontes :
treize migrants érythréens, interpellés sur le camp, et une bénévole de l’association Terre
d’errance.
Monique Pouille a été arrêtée chez elle, sa maison a été perquisitionnée. Elle a été
emmenée et enfermée avec les migrants au centre de rétention administrative de Coquelle.
Elle a 59 ans, elle est mère au foyer. Depuis plusieurs années, elle apporte son aide aux
migrants. C’est ce qui lui a valu cette arrestation.
Le même jour et pour les mêmes raisons, Pierre, de Boulogne-sur-mer, a été également
arrêté. Jean-Pierre Lenoir, quant à lui, devait comparaître pour outrage suite à son
engagement auprès des migrants de Calais. L'audience a été reportée.
En fin d’après-midi, quelques dizaines de personnes, venues de Steenvoorde, de Calais, de
Boulogne, de Dunkerque et de Norrent-Fontes se sont rassemblées aux abords du centre
pour exprimer leur désarroi, leur colère et soutenir les personnes enfermées.
Monique a été retenue pendant huit heures et libérée en fin d’après-midi, ainsi que Pierre.
À l’heure où nous écrivons, les migrants sont toujours enfermés à Coquelles.

Réaction de Lily Boillet, Présidente de Terre d'errance :

Monique, Jérémy et les migrants interpellés aujourd'hui sont les victimes d'un fantasme,
celui d'une politique qui ne connaît et ne comprend pas les migrants, et se contente
d'imaginer des bandes organisées qui séviraient dans la région pour manipuler de pauvres
migrants et migrantes victimes malgré eux d'une traite humaine. On voudrait faire croire à la
population que les migrants sont stupides, ou incapables, ou effrayés, comme des enfants,
qu'ils n'auraient pas choisi de venir et de tenter le passage pour l'Angleterre. Ils seraient
transportés et abusés par des passeurs cruels et cupides qui les poussent vers un eldorado
inexistant alors qu'ils pourraient rester ici.
Cette version officielle, pour ceux qui sont au plus près des migrants et migrantes, est
aussi éloignée de la réalité que la dernière phrase de M. Séguéla est éloignée de la vie des
Français (« si 50 ans on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie »). Le pouvoir
gouverne par la peur et avec des idées fausses une population qu'il ne comprend plus. À quel
point s'est-il coupé d'elle pour en arriver à de tels écarts ?
Les migrants et migrantes sont contraints de s'organiser par eux-mêmes pour survivre et
atteindre un pays qu'ils espèrent plus indulgent pour leur dossier d'asile. Leur vie en Italie est
violente et misérable. La France joue avec eux comme avec des balles, boucle tout le
système pour éviter qu'ils puissent demander l'asile ici. Ensuite, on leur reproche de se
déplacer de façon illégale !
L'Europe quant à elle se targue de vouloir protéger le droit d'asile mais elle fait tout pour
que les réfugiés ne puissent pas entrer chez elle, y déposer leur demande et y vivre
dignement.
Alors quels autres choix ont-ils que de traverser clandestinement les frontières ?
Quant à ceux qui sont prisonniers des impasses administratives, à qui on a refusé la
possibilité de se stabiliser dignement, quels autres choix ont-ils que d'aider à entrer en
Angleterre ceux qui y ont encore une chance ?
Quels autres choix ont les bénévoles que de se tenir au plus près de tous les migrants
pour s'assurer de leur bien être, non seulement physique mais surtout psychologique, pour
comprendre leur histoire et leur situation, leur rendre leur liberté de parole et de choix
dans ces zones de non-droit que sont les « jungles ». Des jungles qui prospèrent depuis des
années précisément du fait de mauvaises lois et de mauvaises gestions, et non pas parce que
quelques citoyens offrent à tel homme ou à telle femme une couverture ou une douche.
La police débarque chez des citoyens qui triment tous les jours pour sauvegarder le sens
des mots Droits de l'Homme, Respect, Liberté, Égalité, Fraternité. Comment en est-on
arrivé là ?
Monique, tous les jours, apporte un peu de réconfort aux migrants et migrantes qui pour
la première fois, depuis parfois plusieurs années d'errance en Europe, rencontrent une
oreille attentive, une épaule réconfortante, des mots d'encouragement, d'amitié et d'espoir.
Tout cela n'a pas de prix.
Aucun prix.
Depuis quelques mois, je rencontre ces mêmes hommes et femmes, les migrants, ici en
Angleterre. Je me rends bien compte que les gestes de Monique et de tous ceux qui agissent
avec elle, n'ont aucun prix.
Jamais ils ne tarissent d'éloges sur les bénévoles français qu'ils ont rencontrés, jamais ils
n'oublient la question « et Mama Monica ? Comment va-t-elle ? Dis-lui merci, encore et
encore, ha elle me manque ! Sans elle, sans tous les bénévoles, on n'aurait pas tenu. On
serait devenu des chiens comme ils disent ! »
L'espoir... Nous ne faisons que leur donner un peu d'espoir et quelques signes de
fraternité. L'espoir, ils espéraient qu'il ne serait plus le seul moteur de leur vie, quand ils
seraient enfin en Europe, après avoir dû fuir tout ce qui faisait leur vie, après avoir survécu à
la traversée du désert et de la mer, au racket et aux viols en Libye. Mais ils ont découvert ici
la barbarie administrative, les mensonges du droit d'asile, le droit au rabais des étrangers.
Abandonnés par l'Europe, ils souffrent à nouveau de conditions de vie indignes, sous le
harcèlement policier, les APRF, les OQTF, les expulsions, les gardes à vue, l'humiliation.
Ils ont dû se faire à l'idée de vivre dans la jungle, entre la gale, la tuberculose et la violence
policière.
À Norrent-Fontes, ils ont croisé Mama Monica et reçu les conseils de Jérémy, juste
quelques mots qui disent : « tu existes, je te vois, je ne t'oublie pas, tu mérites mon amitié,
tu mérites ce que je mérite moi ».
Ces mots-là sont vitaux, pour eux et pour nous tous. Et c'est pour cela qu'on place
Monique en garde à vue et qu'on interroge Jérémy, que la police écoute leurs conversations,
qu'elle perquisitionne les maisons.
Le même jour à Calais, Jean-Pierre Lenoir devait être jugé pour outrage car il a soutenu
(pacifiquement !) des migrants afghans raflés en pleine nuit dans la jungle calaisienne à grand
renfort d'hélicoptère. Un autre citoyen, qui vit à Boulogne, a été arrêté le même jour puis
libéré, pour avoir lui aussi porté secours à des migrants.
Que cherche l'État ? Faire disparaître les migrants ? Convaincre tout le monde qu'ils
n'existent pas ? Décourager ceux qui les aident ? Ils ne font que pallier, autant que faire se
peut, aux carences de l'État et défendre ses valeurs, puisqu'il les abandonne. Peut-être dira-ton
plus tard qu'ils ont sauvé son honneur.
Quand le légal insulte la justice, il est du devoir de chacun de lui résister.
Lily Boillet
Présidente de Terre d'Errance
Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - 03 21 56 27 38 / 03 21 11 09 97 / 06 07 06 62 12 1/2





























































































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