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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Sabrina Lesage - 10/3/2020

Aujourd’hui à Lesbos, les ONG sont harcelées, menacées et attaquées par la police et l'ultra droite. La procédure d'asile est stoppée pour un mois et les nouveaux réfugié·e·s dorment dans un navire de guerre surpeuplé en attendant d'être expulsé·e·s vers leurs pays d'origine. Aucun solidaire ne peut les atteindre. Après avoir fui leurs pays, les gens sont en prison sur ce navire. Un témoignage sur place d'une militante de Mare Liberum.

Ici sur l’île de Lesbos, c'est un peu l'apocalypse. La semaine dernière Erdogan a ouvert les frontières vers l’Europe et même organisé le transport des personnes réfugiées en Turquie jusqu’à la frontière terrestre avec la Grèce. L’île de Lesbos est à la frontière maritime avec la Turquie et abrite le triste célèbre camp de Moria, où vivent aujourd’hui 20000 personnes. 

Je vis en Grèce depuis deux ans et demi pour soutenir des projets autour de l’accueil des réfugié.e.s et être active pour la liberté de circulation, le respect des droits de l’homme et de l’asile. Parmi les projets que je soutien, il y a l’ONG allemande Mare Liberum dont je suis membre. Notre mission est d’apporter une surveillance civile des droits de l'homme en mer Égée depuis 2018 pour protéger les migrant-e-s par notre présence en mer. Notre objectif est de mettre la pression sur les autorités en charge de surveiller les frontières maritimes et donc d’apporter assistance à toute personne en danger en mer. 

ONG et Solidaires harcelés et attaqués par l'extrême droite

La semaine dernière, nous avons été attaqués par des groupes d'extrême droite sur l'île de Lesbos.

Le lundi 2 mars, un groupe s'est approché du port de Skala Loutron où nous étions amarrés depuis novembre dernier pour notre chantier hivernal. Après avoir menacé et crié sur l'équipage, un des individus a versé du carburant sur notre pont avec l'intention de le mettre en feu si le navire ne quittait pas le port. En moins de 10 minutes nous avons quitté le port pour nous réfugier en mer et jeter l’ancre au large pour passer la nuit. Depuis lors, nous avons essayé de retourner à quai à différents endroits de l'île, mais nous sommes toujours accueillis par une foule menaçante sous le slogan "ne les laissez pas accoster"! Les autorités nous ont à chaque fois indiquées gentiment qu'elles ne pouvaient pas garantir notre sécurité. Du coup on est un peu coincé en mer sans pouvoir faire le plein de fuel et d'eau. Nous avons quand même pu embarquer deux nouvelles personnes de l'équipe hier et en débarquer deux autres, du coup on a pu faire un petit plein de nourriture et d'eau et on demande aux journalistes qui nous visitent aujourd'hui de ramener des provisions. J'ai pu me sauver discrètement hier pour rejoindre mon équipe du centre pour femmes et rejoindre le bateau à nouveau dans la nuit, en mode "on débarque les journalistes, j'embarque vite fait et on se casse". Deux gardes côtes étaient là au cas ou, pour assurer ces 5 minutes de sécurité. 

Cet incident fait partie d'une série d'attaques presque quotidiennes par des "justiciers" locaux qui semblent avoir pour but de chasser les travailleurs humanitaires de l’île. Les réfugié-e-s et travailleurs humanitaires ont été témoins d'agressions physiques, de harcèlement et d'intimidation et ce, en toute impunité. 

Après deux jours de grève générale sur Mytilini (pas un magasin ni un kiosque n'est ouvert) contre le construction de nouveaux camps, Erdogan a eu la bonne idée d'ouvrir ses frontières.

Ce qui se passe est très moche, vraiment très moche et je crois que mes mots sont faibles : donc oui les politiques jouent encore avec les gens et les vies humaines et donc oui, ça y est, depuis début mars, 500 personnes sont arrivées sur l'île, ce qui n'est rien en comparaison avec ce qui se passe avec la frontière terrestre. Mais quand même on a atteint ici des niveaux édifiants et bien flippants et (heureusement) du jamais vu sur l'île.

Après deux jours de grève générale sur Mytilini (pas un magasin ni un kiosque n'est ouvert) contre le construction de nouveaux camps, Erdogan a eu la bonne idée d'ouvrir ses frontières. Les fachos bien échauffés pendant la grève ont carrément pris l'île pour leur cours de recréation et les réfugié-e-s et les ONG pour leurs ballons qu'ils se passent avec les flics.

Donc les bateaux arrivent mais quand les flics et les agents de Frontex ne nous emmènent pas au commissariat pour nous contrôler, ils nous empêchent d'approcher et de soutenir ou de soigner les personnes arrivées. Et comme ça ne semble pas suffisant aux yeux des locaux d’ultra droite, ces dernier-e-s bloquent le desembarquement de personnes réfugiées au port qui restent bloquées dans leur bateau de fortune, mais aussi l'accès des bus qui transportent les nouvelles personnes arrivées au camp.

Ils bloquent aussi les routes côtières pour nous empêcher de voir arriver les bateaux. Ils gardent leurs villages, leurs terres, leurs femmes et leurs olives! Ils ont attaqué et détruits plusieurs véhicules d'ONG dont une de nos voitures, parfois en pleine rue, au bout milieu de la journée. Ils organisent des blocages routiers pour faire des contrôles au faciès afin d’empêcher les ONG d’accéder au camp et d’opérer. Samedi dernier par un acte criminel, l’école du centre d’accueil de jour pour réfugiés “One Happy Family” a brûlé. C'est assez irréel, je vous promets.

Quant au gouvernement, que dire ? Juste avant ces évènements, mais après les grosses manifestations de personnes réfugiées ici, les autorités ont fermé deux ONG (l’école Stand by me et Home for all) pour raisons d'hygiène. La blague !, quand 18000 personnes vivent dans l'insalubrité la plus totale à 1km de là... Si les attaques contre les ONG est l’oeuvre de citoyen-ne-s de l’île, la pression sur les ONG est bien politiquement portée par le gouvernement.

Suspension du droit d’asile sur le territoire grec

Concernant les réfugié-e-s sur l'île, car le plus dramatique est bien là, les 500 nouvelles personnes arrivées n'ont pu rejoindre le camp et sont restées à dormir sur le béton du port et dans des bus, jusqu'à l'arrivée d'un navire de guerre, pouvant héberger seulement... 350 places. Tout cela parce que le gouvernement a décidé d’arrêter tout enregistrement pour demander l’asile en Grèce: les personnes venant chercher l’asile en Europe restent donc sans statut légal et dans l’illégalité d’avoir franchi une frontière sans autorisation.

Le bateau est censé amener ces personnes sur le continent pour les mettre en détention en attendant de les déporter vers leur pays d’origine. Dernièrement le bateau les hébergeant est resté bloqué à Lesbos car les furieux du continent ne veulent pas de ces personnes non plus. Ils ont commencé à bruler les débuts de construction des centres fermés qui sont censés les accueillir.

Aussi à Lesbos les personnes bloquées au camp de Moria ont cru à la possibilité de quitter l'île malgré la restriction géographique qui les coincent ici. Du coup cela a généré des mouvements de populations avec les réfugié-e-s allant au port, la police anti émeute pour les accueillir et les locaux, avec des bâtons et des check points sur les routes pour les empêcher de quitter le camp.

Suite aux agressions dont ont été victimes les ONG, beaucoup ont fermé momentanément et renvoyé leurs volontaires. D’autres ont mis leurs activités au ralenti. Les personnes vivant à Moria se retrouvent encore une fois isolées et les nouveaux arrivants n’ont d’autres interfaces que les autorités locales et Frontex.

Comment continuer ?

Compte tenu de la situation à la frontière, nous avons décidé, à bord de Mare Liberum, de partir pour une mission de surveillance ad hoc. Pour cela, nous devons passer quelques jours dans un port sûr et charger de la nourriture, du diesel, de l'eau et d'autres fournitures. Les autorités nous ont donné l'autorisation d'accoster demain à Mytilène afin d'obtenir tout le matériel nécessaire avant de prendre la mer.

Nous arriverons au port de Mytilène vers 15 heures, heure grecque, et nous invitons toute la presse qui souhaiterait être présente ainsi que toute personne souhaitant obtenir des informations ou des vidéos à nous contacter afin que nous puissions les conseiller. Si la situation le permet, nous essaierons également de donner des interviews afin de raconter ce qui se passe et de maximiser la visibilité des crimes que ces groupes commettent.

Nous refusons de rester coincé et caché. Afin de repartir en mission au plus vite et pour mettre la pression sur les autorités locales, gouvernementales et européennes nous décidons de ne plus attendre et de tout faire pour sortir de cette situation. Nous espérons que notre action puisse servir les autres ONG opérant sur l’île à retrouver un climat dans lequel elles puissant opérer en sécurité.

Tomorrow afternoon, on March 11th at 3 pm greek time, we will dock in the port of Mytilene. We finally have the permission to do so by the local port authorities. We’ll hold a short press conference on arrival. We need a safe port to be able to prepare for our next mission in human rights monitoring. Until now these preparations were not possible, because we were forced to spent eight days at sea as the Greek authorities couldn’t assign a safe port to us.

Since March 2nd, wh

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