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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Le monde - 11/3/2020

L’ouverture par Ankara de sa frontière avec la Grèce contrevient à l’accord signé en mars 2016, dont le président turc exige une révision après l’afflux de Syriens venus d’Idlib.

Face à l’arrivée de milliers de migrants en provenance de Turquie, l’agence de protection des frontières extérieures de l’Union européenne (Frontex), a lancé, lundi 2 mars, une intervention d’urgence pour sécuriser la frontière orientale de la Grèce. Les premiers agents doivent arriver dans la région d’Evros mercredi 11 mars, pour lancer, le lendemain, leur opération de soutien à la Grèce.

A la demande d’Athènes et avec l’accord de la Commission européenne, Frontex prend ainsi la responsabilité d’une mission pourtant confiée à la Turquie le 18 mars 2016, lors de la signature du pacte migratoire avec l’UE. La lutte contre « les routes de migration irrégulières » est un élément central de l’accord, après plus de deux années d’une crise migratoire majeure aux portes de l’Europe. Mais la décision du président turc, Recep Tayyip Erdogan, de faciliter le passage de ses frontières vers la Grèce en réponse à l’entrée sur son territoire de nombreux Syriens fuyant les bombardements d’Idlib (nord de la Syrie), a remis en cause la viabilité de l’entente avec Bruxelles.

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« Les événements à la frontière gréco-turque laissent clairement penser à une pression exercée à des fins politiques… », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lundi 9 mars. Peu satisfait de l’aide européenne pour la prise en charge de 3 millions de migrants et réfugiés, le président turc tente, en ouvrant ses frontières, de renégocier un accord dont les principaux points ne sont encore que partiellement appliqués. « Nous maintiendrons les mesures actuellement mises en place à la frontière jusqu’à ce que les attentes de la Turquie (…) reçoivent une réponse concrète », a encore insisté, mercredi, M. Erdogan.

  • Le mécanisme « Syrien contre Syrien »

La mise en application de cet accord, dès le 20 mars 2016, prévoit que tous les « nouveaux migrants irréguliers » arrivant en Grèce soient refoulés en Turquie. Lorsqu’ils arrivent sur les îles grecques, les réfugiés doivent immédiatement être placés dans des centres, où leur renvoi vers la Turquie leur est notifié.

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Par ailleurs, l’accord contient un mécanisme « Syrien contre Syrien » : pour un Syrien renvoyé en Turquie, un autre Syrien resté dans les camps de réfugiés en Turquie est envoyé en Europe grâce à un corridor humanitaire.

L’échange avait été plafonné à 72 000 personnes, la Hongrie et d’autres pays européens se refusant à en accueillir plus. En réalité, il a été beaucoup plus limité : à l’été 2019, l’Europe avait accueilli 21 163 réfugiés syriens dans le cadre de cet accord, tandis que 1 843 réfugiés entrés irrégulièrement en Grèce avaient été renvoyés en Turquie.

Un homme arrivé de Turquie entre dans le village de Thourio, en Grèce, après avoir traversé la frontière, le 9 mars.
Un homme arrivé de Turquie entre dans le village de Thourio, en Grèce, après avoir traversé la frontière, le 9 mars. GIANNIS PAPANIKOS / AP
  • Les arrivées en Europe via la Turquie et politique turque

Si le phénomène n’est pas imputable uniquement à l’action des autorités turques – les politiques antimigrants des pays des Balkans ont également pu avoir un effet dissuasif –, le nombre d’arrivées en Europe depuis la Turquie a fortement baissé à la suite de l’application de l’accord avec l’UE. Alors que près de 200 000 migrants avaient gagné les îles grecques entre décembre 2015 et fin février 2016, ils n’étaient que 3 500 sur la même période un an plus tard.

Signe du revirement de M. Erdogan, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a constaté, entre le 1er et le 2 mars, l’arrivée de 1 200 personnes sur les îles de l’est de la mer Egée. Un chiffre « supérieur aux statistiques quotidiennes les plus récentes », selon le HCR, qui appelle à un soutien à la Grèce et à la Turquie dans l’accueil des réfugiés.

Par ailleurs, aucune baisse n’a jamais été constatée dans la région grecque d’Evros, au cœur de la nouvelle vague migratoire depuis début mars, où se trouve une frontière terrestre de quelque 200 kilomètres avec la Turquie. Les autorités grecques faisaient état d’une moyenne de 44 arrivées par jour dans la zone en 2017. Elles sont passées à 72 en janvier et février 2018, puis à 200 les mois suivants, pour arriver à 2 700 au mois d’avril 2018. Aujourd’hui, le HCR évalue à 20 000 le nombre de migrants attendant le long des frontières terrestre et maritime entre la Turquie et la Grèce.

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  • Six milliards d’euros d’investissements

Dans le cadre de l’accord avec la Turquie, deux tranches de 3 milliards d’euros devaient être investies par l’UE pour aider Ankara dans l’accueil des réfugiés. La Commission européenne a indiqué, au début du mois, avoir déjà distribué 4,7 milliards d’euros, notamment à des organisations humanitaires. De son côté, le gouvernement turc demande depuis 2016 que l’argent lui soit reversé directement et assure avoir investi, de son côté, 22 milliards d’euros dans ce but, selon le site Touteleurope.eu.

Lors des discussions entre Européens et Turcs, lundi 9 mars, ces derniers ont laissé entendre qu’une renégociation de l’accord sur les migrants était nécessaire, Ankara demandant plus de soutien face à l’arrivée de réfugiés en provenance de Syrie. Ursula von der Leyen a, elle aussi, promis lundi de « relancer le dialogue » avec la Turquie. Tout en jugeant « inacceptables » les « événements à la frontière », elle a encouragé M. Erdogan à « respecter les engagements » de l’accord de 2016, pour l’instant toujours en vigueur.

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