Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Actu Normandie - Maryline Troquet - 07/01/2021

Majeur depuis peu, Sékou, originaire de Côte d'Ivoire, apprenti à la crêperie Sucré Salé d'Argentan risque l'expulsion en ce début janvier. Son patron actionne ses réseaux.

La crêperie Sucré salé d’Argentan (Orne), rue Pierre-Bérégovoy, actionne ses réseaux depuis ce jeudi 7 janvier 2021 pour garder son apprenti qui risque l’expulsion.

Sékou Keita, majeur depuis le 27 novembre, a appris en décembre qu’il avait « obligation de quitter le territoire français » le 9 décembre. « Je suis passé à la préfecture le 7. Pour la 3e fois, ils m’ont donné un récépissé pour un mois, qui se terminait le 6 janvier », explique le jeune homme.

Il a rencontré mercredi un avocat à Caen, en présence de la Cimade, qui accompagne les personnes étrangères. Il ne les a pas rassurés.

Alors son patron a décidé de bouger.

À lire aussi Solidaires de leur ex-apprenti malien menacé d’expulsion. « Nous embaucherons Sadio l’été prochain »

« Son contrat est tamponné par la préfecture, pourquoi on ressort le dossier ?»

« Je l’ai pris en apprentissage pour trois ans, depuis le 2 décembre 2019. Je l’ai envoyé aux 3ifa (centre de formation des apprentis), à Alençon. J’ai fait les démarches auprès de la Directe pour qu’il ait le droit de travailler.

Son contrat prendra fin en août 2022. Il est signé et tamponné par la préfecture, la Chambre de métiers, la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) les 3ifa et par moi. Pourquoi aujourd’hui on ressort le dossier ? », s’agace Yannick Burel.

Il avait été conseillé par une cliente, « devenue une amie et qui s’occupe beaucoup de gens comme Sékou ». Yannick cherchait un apprenti. « Elle m’a dit que ce gamin-là postulait.

Je l’ai pris à l’essai avec la Mission locale et, au bout de deux services, j’ai vu que c’était lui ».

À lire aussi Vandalisme à Exmes à l’endroit où un jeune motard s’est tué dans un accident

« Il est motivé, respectueux, assidu »

Agent polyvalent de restauration, Sékou travaille aussi bien en cuisine qu’au service.

« Quand il est arrivé, il parlait moyennement français mais il a progressé à une vitesse phénoménale ».

« Il est motivé, respectueux, assidu. Il n'a jamais manqué une seule journée, il n'est jamais arrivé en retard, il arrive toujours un quart d'heure - vingt minutes en avance avant chaque service, il n'est pas regardant sur ses horaires. Il est attachant, même dans son travail, tous les clients l'adorent. Après, c'est comme sa deuxième maison ici parce que même quand il a eu des problèmes extraprofessionnels, j'étais là pour l'aider ».
Yannick Burel
À lire aussi Un « monument de papier » rend hommage aux déportés du camp de Dora, dont 56 Ornais
« Je ne savais pas que j’allais venir ici. Je pensais que j’allais chez ma maman au village »

Le couple a été sensible à l’histoire de ce garçon, originaire de Côte d’Ivoire. « Son papa est parti avec une autre, sa maman l’a confié à son oncle qui l’a laissé à un garagiste. Sékou vivait, mangeait, dormait au milieu des moteurs et ce garagiste le frappait à coups de barre de fer », s’attriste Yannick.

« J’étais dans la rue à Abidjan. Mon oncle est venu avec son ami et il m’a que j’allais partir. Je ne savais pas que j’allais venir ici », raconte Sékou.

« Je pensais que j'allais chez ma maman au village. Je suis monté dans le bus, puis dans des voitures. En Lybie, on nous a enfermés. Puis on est venu nous chercher pour nous emmener sur une plage. On nous a mis dans un bateau pneumatique et un bateau blanc est venu nous sauver au milieu de la mer. Les hommes parlaient trois langues, anglais, français et italien. On nous a donné des gilets de sauvetage ».
Sékou Keita

En Italie, en Sicile, il est placé dans un centre de rétention. Puis embarqué dans un train. « En France, on est arrivé dans une grande ville, je ne sais pas où. On m’a laissé tout seul. Je suivais les gens.

On a changé de train trois fois. Arrivé à Alençon, le contrôleur m’a demandé mon billet, je lui ai dit « je n’ai pas de billet », il m’a demandé mon adresse, je lui ai dit « je n’ai pas d’adresse ». Il m’a dit « allez voir les policiers ».

La police m’a donné une carte puis m’a dit d’aller dormir à l’hôpital.

Je suis resté au 115 pendant une semaine et les gens du 115 m’ont pris pour me mettre à la Cimade à Alençon.

La Cimade m’a aidé et a pris rendez-vous chez le juge pour enfants à Alençon ».

« Quand je vois que les autres mangent, moi, ça me fait plaisir ».

Il est d’abord scolarisé en peinture en avril 2019 au lycée Flora-Tristan, de La Ferté-Macé, qui lui a cherché ensuite un stage de cuisine.

Hébergé dans un premier temps à Mortrée chez une personne de l’association, il loge aujourd’hui au foyer des Jeunes Travailleurs d’Argentan, partageant son temps entre ses cours au centre d’apprentissage d’Alençon et son travail.

Actuellement au chômage partiel, « il est désespéré de ne pouvoir travailler », relève le restaurateur, contraint de suspendre son activité en raison des restrictions sanitaires liées au Covid.

Ce que Sekou aime dans ce métier ? « S’occuper des autres et quand je vois que les autres mangent, moi, ça me fait plaisir ».

« Sékou n’a pas pris la place de quelqu’un d’autre »

Alors il a très peur que tout s’arrête, d’un moment à l’autre.

« La préfecture a bloqué ma carte consulaire, en disant que ce n’était pas l’originale, et mon extrait de naissance ». Il ne comprend pas « car j’ai obtenu mon passeport consulaire à l’ambassade de Côte d’Ivoire, à Paris », où il était accompagné de la Cimade.

Craignant « la catastrophe », Yannick a publié un post « à une heure du matin car je ne dormais pas », sur les réseaux sociaux.

« Les gens ont réagi très vite. J'ai très peu de remarques désobligeantes. Sékou n'a pas pris la place de quelqu'un d'autre. J'ai eu sept personnes à l'essai avant lui, pas une seule ne l'a prise. Sékou est arrivé, il a pris sa place. En treize ans, on a eu une cinquantaine d'apprentis. Ce que je fais pour Sékou, je ne l'aurais pas fait pour beaucoup d'autres. Au delà de l'apprenti et au delà d'où il vient, c'est la personne qui m'intéresse ».
Yannick Burel

Il réfléchit à une journée d’action, « peut-être une journée à l’extérieur, devant la crêperie. Les gens viendront manger des crêpes et apporter leur soutien à Sékou ». Et a lancé une pétition en ligne.

Le visionnage de ce contenu peut entraîner un dépôt de cookies de la part de la plate-forme le proposant. Compte-tenu de votre refus du dépôt de cookies nous avons bloqué la lecture. Si vous souhaitez continuer et lire le contenu vous devez nous donner votre accord en cliquant sur ce cadre.

 

 

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter