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Source : Le monde - Didier Leschi - 08/01/2021

Didier Leschi, préfet et directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, dénonce, dans une tribune au « Monde », l’hypocrisie de certains élus et plaide pour une meilleure répartition territoriale de l’effort.

Un certain nombre d’élus franciliens se sont émus, et on peut le comprendre, de l’existence persistante de campements composés de migrants en errance et aux statuts divers dans leur région. La situation n’est pas nouvelle, même si le parc d’hébergement de demandeurs d’asile a doublé en cinq ans. Plus de 107 000 places financées en 2020, de nouvelles ouvriront en 2021. A cet effort pour l’asile s’ajoutent surtout les près de 200 000 places d’hébergement d’urgence occupées en grand nombre par des personnes sans titre de séjour sans que cela n’y fasse obstacle. L’enveloppe budgétaire consacrée dépasse les 3 milliards d’euros, contre 500 millions au début des années 2000.

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Mais cet appel ne saurait exonérer les collectivités locales de leurs responsabilités en particulier en ce qui concerne la prise en charge de ceux à qui l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) accorde une protection.

Grâce, en particulier, à la rapidité de l’inscription qu’a favorisée la mise en place, par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), d’une plate-forme téléphonique multilingue, près d’un demandeur d’asile sur deux s’enregistre en Ile-de-France. Et si, hier, l’OFII acheminait vers des hébergements en région tous les mois entre 200 et 400 demandeurs d’asile, à partir de ce début janvier, ce sont 1 000 demandeurs d’asile « franciliens » qui seront chaque mois orientés vers d’autres régions.

J’entends déjà des protestations contre cet « autoritarisme » qui va à l’encontre de l’idée qu’elles se font que chaque individu a le droit de s’installer où il veut. Charge à l’Etat de lui pourvoir le meilleur accueil là où il le désire. Passons. Cela fait partie d’une certaine hypocrisie, dérangeante à plus d’un titre, qui malheureusement entoure les débats concernant l’asile et l’accès vers l’autonomie des personnes protégées.

Incohérence européenne

Dans les derniers campements parisiens, parmi les personnes prises en charge par l’Etat, entre 15 % et 20 % étaient déjà des réfugiés. S’y ajoutaient des personnes ayant déjà obtenu un titre de séjour dans d’autres pays européens mais qui ont préféré venir en France, après coup, espérant accéder à des conditions d’accueil plus favorables en particulier sur le plan de l’hébergement inconditionnel et des droits sociaux. Le système européen a cela d’incohérent que quelqu’un qui a déjà obtenu une protection dans un pays d’Europe peut redéposer une demande en France. Comme, du reste, celui qui a déjà été débouté chez nos voisins peut retenter d’accéder à l’asile en France. Tout cela s’ajoute à nos difficultés, même si la crise sanitaire va les atténuer pour un temps.

Mais organiser le parcours résidentiel des réfugiés pour les sortir des lieux d’accueil pour demandeurs d’asile ne relève pas de la seule compétence de l’Etat. Il est nécessaire de parier sur le fait que la stabilité résidentielle des réfugiés leur permettra de faire preuve d’inventivité pour se créer ou accéder à un emploi dans les régions où des besoins existent malgré la crise. Il faut pour cela des logements.

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Aujourd’hui, l’OFII prend en charge en hébergement une personne accédant au statut de réfugié en moyenne pendant 549 jours. Ce sont des places immobilisées trop longtemps aux dépens d’un primo-demandeur d’asile. A l’heure où j’écris, 12 000 réfugiés hébergés grâce à l’OFII sont en attente de logement. Quand un de ces réfugiés arrive à en obtenir, c’est, dans 90 % des cas, parce qu’il aura bénéficié d’une place du contingent préfectoral de logement social, ce qui ne représente que 30 % de l’ensemble du parc. Ou grâce à l’action de la délégation interministérielle à l’habitat et au logement, qui plaide pour que des élus accordent des logements, ce qu’ils font chichement.

Mais, même face aux difficultés que nul n’ignore, n’y aurait-il pas urgence à donner la priorité à plus de réfugiés, sauf à vouloir faire la démonstration auprès de nos concitoyens qu’on ne peut concrètement intégrer ceux qu’on protège ? Le logement n’est-il pas une compétence où les élus sont pilotes ?

Etre plus directif

A partir de l’accueil des réfugiés, n’y aurait-il pas matière à réfléchir sur le type de production de logements nécessaire, sur le mode d’attribution, quitte à être plus directif, sur la multiplication des résidences sociales ou équivalent pour ces réfugiés et pour d’autres, plutôt qu’à se polariser sur la dédensification des villes à travers un environnementalisme dont on se demande parfois s’il n’inclut pas la misère comme producteur de CO2 ? Là encore, l’hypocrisie se donne libre cours. Pour certains, faire porter le débat sur le premier accueil est une manière de dire : « Je suis prêt à accepter une charge temporaire, mais les pauvres pas ou plus chez moi. »

Dernière hypocrisie, il y a actuellement près de 14 000 déboutés de l’asile dans le dispositif de l’accueil. Les personnes venant de pays d’origine sûrs, à partir desquels on arrive en France sans visa, représentent près d’un débouté sur trois encore hébergés par l’OFII. Les autres viennent de pays qui se caractérisent plus par l’incurie de leurs dirigeants que par l’absence de richesses qui devraient être mieux partagées. Faudrait-il les régulariser sur d’autres motifs que l’asile, en partant du principe – qui, au moins, a sa cohérence – que « ceux qui sont ici sont d’ici », et doivent pouvoir rester ?

Voilà les enjeux qui me sembleraient plus pertinents que l’appel constant à un Etat qui prend – comme rarement en Europe – en charge en matière de santé comme en matière d’hébergement inconditionnel ceux qui franchissent sa frontière. Sur un sujet aussi important, en particulier pour les plus fragiles d’entre nous d’où qu’ils viennent, chacun devrait faire un effort dans le débat pour être un peu plus républicain, comme nous, fonctionnaires en responsabilité, voulons l’être.

Didier Leschi, préfet, est directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Il a publié Ce grand dérangement. L’immigration en face

 

 


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