Source : Médiapart - Yves Faucoup - 18/01/2021
L’association bisontine Solmiré, qui avait soutenu un jeune guinéen, apprenti-boulanger, menacé d’expulsion et dont la situation a été régularisée suite à la grève de la faim de son patron, explique que son cas est loin d’être isolé.
A Besançon, l’association Solmiré (Solidarité Migrants Réfugiés), que j'ai présentée sur ce blog il y a trois ans, accompagne de nombreux jeunes majeurs anciennement protégés par l'Aide sociale à l’enfance (ASE) qui n'obtiennent pas de titre de séjour malgré leur insertion sociale et professionnelle. Le 31 aout 2020, les militants de l’association ont initié une mobilisation pour ces jeunes majeurs qui allaient être mis hors de l'ASE suite à une décision d'obligation à quitter le territoire français (OQTF) de la part de la préfecture. La situation que connaît Laye est malheureusement très fréquente car les Guinéens ne peuvent obtenir de passeport en France, la police aux frontières donne comme réponse une non-authentification de leurs documents, et la Préfecture se sert de cet argument pour prononcer une OQTF.
Je publie ci-après le texte que Solmiré m’a communiqué en vue de publication sur ce blog Social en question.
Vie de galère et de misère
Loin d'être isolée, cette situation déplorable est le lot commun d'un grand nombre de jeunes et d'autres cas, très similaires à celui de l'apprenti-boulanger de Rivotte, méritent tout autant l'attention, tant dans le département du Doubs que sur l'ensemble du territoire français. Fin août 2020, Solmiré et l'intersyndicale des professionnels du secteur de la Protection de l'Enfance avaient manifesté contre la fin de prise en charge, et la mise à la rue, d'une vingtaine de Jeunes Majeurs guinéens par le Département du Doubs, alors que ces jeunes étaient soit scolarisés, soit en contrat d'apprentissage. Entre-temps, eux aussi avaient reçu pour toute réponse à leur demande de titre de séjour (obligatoire lorsqu'on devient majeur) un refus du préfet du Doubs et une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) !
Juridiquement, les recours formés devant le Tribunal Administratif donnent rarement raison aux Jeunes Majeurs et l'impasse est quasi totale. La multiplication de ces situations de jeunes majeurs étrangers en pleine intégration par la formation professionnelle, et brutalement contraints à tout perdre par une décision administrative arbitraire, laisse à penser qu'il s'agit d'une politique délibérée de l'Etat français : par l'exclusion et le rejet, elle signifie à des milliers de jeunes qui avaient commencé à reconstruire leur vie ici qu'ils ne sont pas les bienvenus et que, dès leur majorité, ils seront à nouveau contraints à une vie de galère et de misère, voire à l'expulsion vers le continent africain. Pour tous, mineurs et majeurs, Solmiré défend le droit à l'éducation, la formation, le droit au travail, à un accueil et un accompagnement dignes. Toutes les collectivités publiques, locales comme nationales, ont leur part de responsabilité dans la mise en œuvre effective de ces droits.
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