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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - Patrick Roger - 07/02/2021

Les tensions montent autour du département français de Mayotte, porte d’entrée de l’immigration illégale dans l’océan Indien.

La crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 avive les tensions entre le département français de Mayotte, dans l’océan Indien, et sa voisine l’Union des Comores. A tel point que le Comité franco-comorien de haut niveau, qui devait se tenir lundi 8 février à Paris, a été réduit à un simple échange entre le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, et son homologue comorien. Dans un courrier adressé le 1er février à M. Le Drian, les quatre parlementaires mahorais – deux députés et deux sénateurs –, le président du conseil départemental et le président de l’Association des maires de Mayotte avaient indiqué qu’ils n’y prendraient pas part, « au regard du climat actuel ».

Un climat marqué tout d’abord par l’afflux continu de migrants en provenance des Comores et, principalement, de l’île de Ndzouani (anciennement île d’Anjouan), la plus proche des côtes septentrionales de Mayotte. L’accord-cadre signé à Paris le 22 juillet 2019 par les deux ministres des affaires étrangères, et approuvé par Emmanuel Macron et le président comorien, Azali Assoumani, était censé ouvrir « une nouvelle dynamique de partenariat ». Il comportait un important volet de « lutte contre les trafics d’êtres humains ». Les autorités comoriennes s’engageaient à empêcher les départs de kwassa-kwassa (« canots de pêche ») transportant illégalement des passagers, à contrôler les ateliers de fabrication et à démanteler ceux concourant au trafic. En contrepartie, la France allait verser à l’Union des Comores une aide au développement de 150 millions d’euros sur trois ans.

Lire aussi Un nouveau drame de l’immigration clandestine à Mayotte fait plusieurs morts, dont un enfant

Un an et demi après, le bilan n’est pas à la hauteur des attentes. Sur l’ensemble de l’année 2020, 703 kwassa-kwassa ont été détectés par les moyens de lutte contre l’immigration clandestine déployés à Mayotte et 470 embarcations, soit les deux tiers, ont été interceptées, entraînant l’interpellation de 3 989 personnes, selon le bilan dressé début février par le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet. Il reste 233 kwassa-kwassa repérés qui ont malgré tout réussi à gagner les côtes mahoraises et à débarquer leurs passagers et, surtout, ceux passés sous les radars.

Une forme d’impuissance de Paris

Alors que le centre de rétention administrative et les locaux annexes sont saturés, le président Assoumani a une nouvelle fois décidé, en 2020, de refuser pendant plusieurs mois le retour des ressortissants comoriens faisant l’objet d’une mesure de reconduite. La tension a pris un nouveau tour après les déclarations, le 29 janvier, du gouverneur de Ndzouani, Anissi Chamsidine, appelant les Comoriens à « prendre des kwassa-kwassa par milliers » pour rejoindre Mayotte. « On verra alors si la France nous bombarde avec ses bateaux de guerre », ajoutait-il. Paris demande des excuses officielles. Un durcissement du ton côté français qui ne peut masquer une certaine forme d’impuissance, sur fond de divergences au sein de l’appareil d’Etat.

Il reste que, pour les autorités comoriennes, « Maore io yatru » – « Mayotte est comorienne » –, malgré le choix des Mahorais, lors de la consultation du 22 décembre 1974, de rester dans la République française, à l’inverse des populations des trois autres îles des Comores : Ndzouani, Ngazija (ex-Grande Comore) et Moili (ex-Mohéli). Le contentieux naît de l’interprétation des résultats de cette consultation. Si, globalement, près de 95 % de la population de l’archipel a voté pour l’indépendance – presque 100 % à Ndzouani, Ngazija et Moili –, 63 % des électeurs mahorais se sont prononcés contre.

Lire aussi A bord de la « Makini », intercepteur de kwassa-kwassa à Mayotte

Pour les partisans de l’indépendance, l’accession à la souveraineté internationale des Comores ne peut être que globale. Et c’est l’ensemble comorien, dans ses « frontières naturelles », donc les quatre îles, qui a été admis, en vertu du droit international, comme membre de l’Organisation des Nations unies (ONU) après son accession à l’indépendance, le 6 juillet 1975. La France, quant à elle, se fondant sur son droit interne, considère que seules les trois autres îles peuvent se prévaloir du statut d’indépendance.

Visas Balladur

Entre 1973 et 1994, pas moins de vingt résolutions, non contraignantes, traitant de l’« île comorienne de Mayotte » ont été adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies, au titre de l’« autodétermination du peuple comorien dans son unité et son intégrité territoriale ». Ces résolutions, toutefois, sont dépourvues de toute force juridique contraignante. La France, de son côté, a franchi un pas supplémentaire en instaurant, en 1995, les « visas Balladur » – du nom de l’ancien premier ministre –, obligeant les Comoriens à se doter d’un visa pour venir à Mayotte.

Dans leur courrier au ministre des affaires étrangères, les élus mahorais appellent à réactiver le « plan d’action franco-français vers la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte » destiné à réaffirmer la souveraineté de la France sur Mayotte, qui s’apprête à célébrer le dixième anniversaire de sa départementalisation. « Cela nous permettra de revenir sur les termes de la discussion et de rétablir une forme d’autorité face à nos interlocuteurs », espèrent-ils. Le « partenariat renouvelé » qu’appelait l’accord-cadre du 22 juillet 2019 semble bel et bien dans l’impasse.

La crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 avive les tensions entre le département français de Mayotte, dans l’océan Indien, et sa voisine l’Union des Comores. A tel point que le Comité franco-comorien de haut niveau, qui devait se tenir lundi 8 février à Paris, a été réduit à un simple échange entre le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, et son homologue comorien. Dans un courrier adressé le 1er février à M. Le Drian, les quatre parlementaires mahorais – deux députés et deux sénateurs –, le président du conseil départemental et le président de l’Association des maires de Mayotte avaient indiqué qu’ils n’y prendraient pas part, « au regard du climat actuel ».

Un climat marqué tout d’abord par l’afflux continu de migrants en provenance des Comores et, principalement, de l’île de Ndzouani (anciennement île d’Anjouan), la plus proche des côtes septentrionales de Mayotte. L’accord-cadre signé à Paris le 22 juillet 2019 par les deux ministres des affaires étrangères, et approuvé par Emmanuel Macron et le président comorien, Azali Assoumani, était censé ouvrir « une nouvelle dynamique de partenariat ». Il comportait un important volet de « lutte contre les trafics d’êtres humains ». Les autorités comoriennes s’engageaient à empêcher les départs de kwassa-kwassa (« canots de pêche ») transportant illégalement des passagers, à contrôler les ateliers de fabrication et à démanteler ceux concourant au trafic. En contrepartie, la France allait verser à l’Union des Comores une aide au développement de 150 millions d’euros sur trois ans.

Lire aussi Un nouveau drame de l’immigration clandestine à Mayotte fait plusieurs morts, dont un enfant

Un an et demi après, le bilan n’est pas à la hauteur des attentes. Sur l’ensemble de l’année 2020, 703 kwassa-kwassa ont été détectés par les moyens de lutte contre l’immigration clandestine déployés à Mayotte et 470 embarcations, soit les deux tiers, ont été interceptées, entraînant l’interpellation de 3 989 personnes, selon le bilan dressé début février par le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet. Il reste 233 kwassa-kwassa repérés qui ont malgré tout réussi à gagner les côtes mahoraises et à débarquer leurs passagers et, surtout, ceux passés sous les radars.

Une forme d’impuissance de Paris

Alors que le centre de rétention administrative et les locaux annexes sont saturés, le président Assoumani a une nouvelle fois décidé, en 2020, de refuser pendant plusieurs mois le retour des ressortissants comoriens faisant l’objet d’une mesure de reconduite. La tension a pris un nouveau tour après les déclarations, le 29 janvier, du gouverneur de Ndzouani, Anissi Chamsidine, appelant les Comoriens à « prendre des kwassa-kwassa par milliers » pour rejoindre Mayotte. « On verra alors si la France nous bombarde avec ses bateaux de guerre », ajoutait-il. Paris demande des excuses officielles. Un durcissement du ton côté français qui ne peut masquer une certaine forme d’impuissance, sur fond de divergences au sein de l’appareil d’Etat.

Il reste que, pour les autorités comoriennes, « Maore io yatru » – « Mayotte est comorienne » –, malgré le choix des Mahorais, lors de la consultation du 22 décembre 1974, de rester dans la République française, à l’inverse des populations des trois autres îles des Comores : Ndzouani, Ngazija (ex-Grande Comore) et Moili (ex-Mohéli). Le contentieux naît de l’interprétation des résultats de cette consultation. Si, globalement, près de 95 % de la population de l’archipel a voté pour l’indépendance – presque 100 % à Ndzouani, Ngazija et Moili –, 63 % des électeurs mahorais se sont prononcés contre.

Lire aussi A bord de la « Makini », intercepteur de kwassa-kwassa à Mayotte

Pour les partisans de l’indépendance, l’accession à la souveraineté internationale des Comores ne peut être que globale. Et c’est l’ensemble comorien, dans ses « frontières naturelles », donc les quatre îles, qui a été admis, en vertu du droit international, comme membre de l’Organisation des Nations unies (ONU) après son accession à l’indépendance, le 6 juillet 1975. La France, quant à elle, se fondant sur son droit interne, considère que seules les trois autres îles peuvent se prévaloir du statut d’indépendance.

Visas Balladur

Entre 1973 et 1994, pas moins de vingt résolutions, non contraignantes, traitant de l’« île comorienne de Mayotte » ont été adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies, au titre de l’« autodétermination du peuple comorien dans son unité et son intégrité territoriale ». Ces résolutions, toutefois, sont dépourvues de toute force juridique contraignante. La France, de son côté, a franchi un pas supplémentaire en instaurant, en 1995, les « visas Balladur » – du nom de l’ancien premier ministre –, obligeant les Comoriens à se doter d’un visa pour venir à Mayotte.

Dans leur courrier au ministre des affaires étrangères, les élus mahorais appellent à réactiver le « plan d’action franco-français vers la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte » destiné à réaffirmer la souveraineté de la France sur Mayotte, qui s’apprête à célébrer le dixième anniversaire de sa départementalisation. « Cela nous permettra de revenir sur les termes de la discussion et de rétablir une forme d’autorité face à nos interlocuteurs », espèrent-ils. Le « partenariat renouvelé » qu’appelait l’accord-cadre du 22 juillet 2019 semble bel et bien dans l’impasse.

 

 

 


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