Source : France bleu - Faustine Calmel - 08/02/2021
Une manifestation est prévue ce lundi soir devant l'école Fernand Labori dans le 18ème arrondissement où est scolarisée Fatimate, dix ans, Ivoirienne. Sa famille a demandé l'asile en France mais pourrait être renvoyée en Italie, premier pays européen où elle est arrivée après son exil.
Le jour où on la rencontre, il y a grève à l'école. Et pourtant, comme tous les matins, Fatimate est venue à Paris depuis Sarcelles dans le Val d'Oise où elle est hébergée à l'hôtel : "il faut prendre le bus, puis le train jusqu'à la Gare du Nord et après la ligne 4 du métro", explique la petite fille accompagnée de son père, Ibrahim, "en tout, c'est à peu près une heure" continue t-elle de sa voix fluette, "alors je suis un peu fatiguée". "Elle n'arrive presque jamais en retard" ajoute son instituteur, Renaud, "et quand c'est le cas, elle n'arrête pas de s'excuser".
C'est à son initiative que la mobilisation a pris forme. Des lettres ont été envoyées à la préfecture, des élus interpellés. "Et ils ont répondu présent" assure Renaud, "mais la famille a rendez-vous le 11 février à la préfecture, et l'on craint un renvoi en Italie selon les statut des Dublinés", ce statut, qui oblige les réfugiés à déposer leur demande de droit d'asile dans le pays où ils ont été enregistrés la première fois à leur arrivée dans l'Union européenne.
Le problème des "Dublinés"
Mais la famille ne veut pas repartir en Italie. "Là-bas nous étions mal traités, dans les camps", explique le père, Ibrahim, "un jour ma fille a été mordue par un chien, et elle n'a pas reçu de soins. Et puis nous ne parlons pas italien mais français. ici nous nous sentons bien, et Fatimate apprend bien à l'école, on ne doit pas encore repartir".
D'autant que la petite fille a trouvé ici sa place défend son instituteur : "au début évidemment c'était compliqué pour elle de s'adapter à notre école. Mais elle l'a fait, elle travaille bien, a des amis. Sur le temps périscolaire, elle participe même à des ateliers pour devenir médiateur de cour de récréation", explique Renaud, "moi je ne veux pas que demain sa place reste vide dans la classe".
La manifestation a été déclarée en préfecture. Elle doit débuter à 17 heures rue Fernand Labori, devant l'école de Fatimate.