Ces nouveaux dessins illustrent et témoignent de la situation des exilés à Calais et Dunkerque, dans le cadre de l’action Speak Out portée par Médecins du Monde et le Secours Catholique.

Je m’y suis finalement attaqué à cette jungle absurde. A ces tentes miteuses cachées dans la boue, à peine abritées des éléments sous la canopée rachitique des arbres dénudés. Ce n’est pas quand le soleil éclaire et réchauffe que cela vous frappe. C’est quand il se couche, et que vous, vous savez qu’un thé bien chaud et une couette vous attendent, alors que vous laissez les exilés derrière vous dans ce froid humide et pénétrant. La semaine suivante, cette mascarade de campement s’est une nouvelle fois fait détruire par les pelleteuses.

Ce dernier portrait est celui d’ « Aboubakar ». Je commençais à ranger mon carnet et mes crayons en même temps que les bénévoles. Les exilés s’étaient dispersés. Sans un mot, hormis me donner ce nom d’emprunt, il m’a mimé le geste de dessiner et s’est assis sur le banc face à moi, avec un immense sourire et des yeux brillants. Mais très vite, il s’est éteint. Silencieux et immobile sur son banc, le visage vide. Et de disparaitre lui aussi au coin du fort Nieulay, avec son dessin.