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Source : Le monde - Jacques Follorou - 14/05/2021

La décision d’évacuer 600 personnes, les personnels afghans et leurs familles, crée des remous auprès des ONG et de ses partenaires européens.

La France a lancé, lundi 10 mai, une vaste opération permettant à une centaine d’Afghans ayant travaillé pour la France et à leurs familles d’obtenir l’asile sur le sol français. Au total, plus de six cents personnes sont déjà concernées par cette mesure, qui répond à une analyse très pessimiste de l’avenir du pays, alors que le retrait en cours des forces américaines place les insurgés talibans en position de force face au régime de Kaboul. Cette décision, prise à l’insu des autorités afghanes, crée cependant des remous avec des partenaires européens qui n’ont pas été consultés et en contestent, pour certains, le bien-fondé. De même, les ONG craignent que cela ne mette en péril leurs activités.

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Lundi, les premiers bénéficiaires – notamment des professeurs de français et leurs proches – se sont envolés vers Paris. Trois à quatre autres départs sont prévus par le ministère des affaires étrangères, qui finance l’opération : il offre les visas, paie les billets d’avion, verse à chacun un petit pécule, s’occupe de l’hébergement et accompagne les procédures de demande d’asile auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Alors que le gouvernement avait dû s’y prendre à trois fois pour faire venir en France les traducteurs afghans ayant servi aux côtés des militaires français envoyés en Afghanistan entre 2008 et fin 2012, les critères de sélection ont, cette fois-ci, été élargis au plus grand nombre. Et ce, même si la réalité du danger encouru n’est pas clairement établie.

Vive réaction des ONG

Toutes les catégories de personnels sont désormais considérées, par Paris, comme potentiellement en danger en cas de prise de Kaboul par les talibans. Les chauffeurs, les cuisiniers, les employés des agences culturelles, de coopération, ou encore les personnels de ménage et d’entretien se sont vu proposer un autre destin. D’ici à début juillet, si le projet est mené à son terme, seuls resteront présents les personnels français. L’ambassade de France à Kaboul et ses satellites seront donc quasiment fermés, faute de pouvoir fonctionner. Une situation qui risque d’être perçue par les autorités afghanes comme le fait que Paris prend pour acquis qu’elles ne sont pas aptes à faire face à la pression des talibans et que la victoire de ces derniers est certaine.

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L’annonce de la proposition de la France s’est vite répandue. Si certains Afghans travaillant pour des structures françaises avaient, dans un premier temps, laissé entendre qu’ils souhaitaient rester en Afghanistan, beaucoup se sont depuis ravisés. C’est le cas de Salima, employée par la délégation archéologique française en Afghanistan. Dimanche, elle a fini par faire sa demande. Célibataire, elle souhaite partir avec son père et d’autres membres de sa famille, mais elle ne sait pas encore si son cas sera accepté et craint que la France ne fasse machine arrière.

Cette initiative a, par ailleurs, suscité une vive réaction de la part des ONG travaillant en Afghanistan. Leurs représentants ont été réunis, à Kaboul, par l’ambassadeur de France, David Martinon, qui souhaitait les informer du projet. Selon une organisation présente, le diplomate leur a dit que leurs employés afghans étaient concernés par ce plan de départ. Mais une telle mesure, assure la même source, contredit le sens de l’action humanitaire. Un point de vue partagé par nombre d’ONG.

Effet d’aubaine

Plusieurs organisations, menées par Etienne Gille, l’un des fondateurs d’Afrane, une ONG spécialisée dans l’éducation, ont écrit au ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pour dénoncer une décision unilatérale et contraire aux intérêts de l’Afghanistan. Parmi les soutiens de M. Gille figurent notamment Régis Koetschet, ex-ambassadeur de France à Kaboul (2005-2008) et membre d’honneur du conseil d’administration de l’ONG Madera, et Pierre Lafrance, autre ancien diplomate très investi sur l’Afghanistan. Dans son message au gouvernement français, M. Gille estime que ce départ massif fait le jeu des talibans et revient à abandonner le pays. Sollicité par Le Monde, le Quai d’Orsay n’a pas souhaité s’exprimer.

Des partenaires européens évoquent également leur embarras face à une décision jugée précipitée, non concertée et qui anticiperait, selon eux, un effondrement imminent du pays qui reste hypothétique, même si les talibans apparaissent en position de force. L’ambassade allemande à Kaboul considère être tenue par des accords de coopération, que Paris a d’ailleurs également signés. Berlin compte, ainsi, poursuivre ses activités au motif, selon l’un de ses diplomates, « qu’on ne coopère pas avec un régime, mais avec un pays ». L’Allemagne a prévu de consacrer 400 millions d’euros au titre de la coopération avec l’Afghanistan. Pour ce faire, elle a besoin de tous ses personnels afghans et expatriés.

La décision française a, enfin, créé un effet d’aubaine. Les Afghans ayant œuvré pour des pays occidentaux ont sollicité, en nombre, les ambassades et consulats. L’administration du président américain, Joe Biden, a fait savoir qu’elle cherchait, pour sa part, le moyen d’offrir à certains un ticket pour les Etats-Unis, avant que son retrait ne soit définitif.

 

 


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