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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Médiapart - ben art core - 12/06/2021

Le propriétaire, un réfugié espagnol parti en maison de repos, leur a confié les clés de sa maison. « Il avait le cœur sur la main » diront les voisins. Mais un jour, son cœur a lâché. Ce sont des cousins lointains qui récupèrent le bien. Un bien qui n'a pas trop d'importance, comme les occupants du lieu, la maison est destinée à être vendue. Il faut faire place nette.

  1. Saimon (8 ans) et son arrière-grand-mère sous la tonnelle dans le jardin. Le sourire timide, ils savent qu'ils vivent ici les derniers jours.
    Pendant le confinement, la famille a reçu un avis d'expulsion. La fin de la trêve hivernale ayant été repoussée au 31 mai, leurs jours sont comptés.
    Le plus ahurissant dans cette histoire, c'est que cette famille à un dossier Droit A l’Hébergement Opposable (DAHO) favorable. Cette décision du tribunal, qui reconnait leur droit à un hébergement, n'est pas respectée par la préfecture depuis plus d'un an. Car la préfecture expulse ceux qu'elle doit héberger.

  2. Cette famille de 9 personnes sur 4 générations n'a connu que le mépris, l'exclusion, ce qui les a poussés à prendre la route.

    Sans pays d'attache, apatride de fait, Teresa est née en Italie mais ses parents sont identifiés comme Serbe, donc elle l'est d'office elle aussi. Pourtant elle n'y a jamais mis les pieds. Sur la route depuis l’âge de ses 13 ans, c'est son lot quotidien.

    Teresa est Tzigane et est mariée à Boban, un Serbe. C'est quelque chose qui ne passe pas là-bas. Sa vie à lui n'est plus en Serbie, ce pays qui n’accepte pas leurs différences. Il a dû tout quitter, son travail, ses attaches, sa famille, son pays pour partir sur la route.

  3. Vendredi 11 juin - Procédure d'expulsion

    Dès 9h du matin, la police pénètre le domicile. 
    Teresa : "ils sont rentrés dans la maison en criant "POLICE", comme si on était des criminels. Heureusement que les enfants étaient déjà à l'école".

  4. Teresa ne sait pas où donner de la tête.
    Prévenir les associations de ce qui se passe (DAL, RESF31...)
    Prévenir le collectif de parents d'élèves pour qu'ils puissent récupérer les enfants à la fin de la classe à 16h.
    Appeler le 115 pour trouver un hébergement d'urgence (qui ne décrochera pas malgré les 15, 20, 30 appels).
    Trouver un lieu pour pouvoir poser les affaires au moins pour la nuit.
    Trouver ou poser la caravane.
    S’occuper des grands-parents.
    Sortir toutes les affaires avant 16h.

  5. Sitôt arrivés, il faut évacuer les lieux. Tout le monde dehors, avec ce qu'ils peuvent prendre, et la maison est entièrement condamnée. Chaque fenêtre et porte est bétonnée.

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  7. Une dépanneuse devrait remorquer la caravane jusqu'à un terrain choisi par la famille, mais aucune dépanneuse ne s'aventurera à la sortir de là ou elle est. Le passage est trop étroit, et le risque qu'elle cède est trop grand. C'est la famille qui s'en occupera elle-même.

  8. Il est 16h. La maison est condamnée, la caravane est partie, les affaires sont sur le trottoir, il faut faire sortir l'arrière-grand-mère malade qui ne fera pas le moindre effort pour sortir. C'est l'huissier qui se charge de la faire sortir.

    Il faut fermer.

  9. Teresa : On bouge beaucoup parce qu’on n’a pas le choix. Si on pouvait, on s’installerait. Ce sont mes grands-parents qui ont fui quand il y a eu la guerre. Aujourd’hui, on dit Serbie mais à l'époque c'était la Yougoslavie.

    On n'a le droit à rien. C’est pour cela qu’on ne va pas aller à l’école. C’est qu’ils ne nous donnent pas le choix. On commence, on fait les démarches et après « allez, dégage », et on doit tout recommencer. On est fatigués de toujours tout recommencer. Après si on fait des petites bêtises on nous dit « voila ce que vous avez fait »… après on dit « les roms ils vont pas à l’école, les roms il travaillent pas, les roms ils font ça, mais pourquoi ils font ça… » Est-ce que quelqu’un nous a déjà demandé pourquoi on fait ça ?

    On est tout le temps expulsés. Depuis que je suis toute petite, on est expulsés. C’est pour cela que je n’ai pas eu les moyens d’aller à l’école.

    Je n’avais même pas fini de manger, allez, expulsée. J’ai toujours connu que ça. Ce n’est pas facile. Je comprends que ce n’est pas bien d’habiter dans une maison qui ne nous appartient pas, mais on n’a rien qui nous appartient.

    Quand on nous voit faire la manche, on nous dit que ce n’est pas bien, qu’on devrait avoir honte, quand on vit dans un squat, on nous dit que ça ne nous appartient pas. Je le sais. Quand on veut travailler, on nous dit qu’on n’a pas les papiers, quand on demande les papiers, on nous dit qu’on n’a pas le droit. Mais c’est quoi ça ?

    C’est pareil pour nous partout. Ce n’est pas qu’en France, mais en Italie en Allemagne, partout. Si on demande un petit travail ou nous dit de dégager. On fait quoi alors ?

    Ils disent que je suis Serbe parce que mes parents sont Serbes. Très bien, alors expulsez-moi. Si vous ne pouvez pas m’expulser, aidez-moi !

    Ce sont sur ces mots que Teresa et Boban partent épuisés de la journée.
    Une évacuation au petit matin qui aura durée toute la journée sous un soleil de plomb. Le stress de ne pas savoir ou aller et la pensée des enfants à l'école. « Ils vont être effondrés ce soir quand ils verront que je ne suis pas là pour les récupérer ». Il faut qu’il trouve un hébergement pour 9 personnes à proximité de l’école des enfants pour qu’ils puissent y retourner dès lundi.

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