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Source : france24 - Benjamin Dodman - 15/07/2021

Bien qu'impacté par la pandémie de Covid-19, l'incontournable Marché du film de Cannes reste le premier tremplin mondial pour le cinéma. France 24 a fait le tour de ses stands et s'est entretenu avec le réalisateur italo-irakien Haider Rashid, à propos de son thriller sur les migrants "Europa".

Cette année encore, Netflix reste persona non grata sur le célèbre tapis rouge du festival de Cannes. Et pourtant le géant du streaming et ses concurrents numériques dominent un marché aussi important que celui du grand écran, au grand soulagement de nombreux producteurs indépendants.

Force est de constater que durant la crise du Covid-19, Netflix et Amazon ont été les principaux acheteurs de productions cinématographiques, insufflant un vent de fraîcheur à un marché paralysé par la pandémie. Netflix a conclu un accord de plusieurs millions de dollars pour obtenir les droits mondiaux de "Curs>r", un film d'horreur à propos d’un jeu vidéo maudit. La plateforme américaine de streaming a également obtenu les droits mondiaux, à l'exception de la France, pour ”Bac Nord”, un film policier marseillais présenté en avant-première au festival cette semaine.

Pour les producteurs indépendants, acteurs principaux du Marché du film de Cannes, le streaming a été une bouée de sauvetage tout au long de la pandémie, injectant de l'argent dans des projets qui, autrement, n'auraient jamais vu le jour.

En parallèle à la compétition officielle et aux projections cannoises, le Marché du film de Cannes, l’un des plus grands marchés du film au monde, est un rendez-vous incontournable. C'est là que l'on entend parler des dernières annonces de casting et des nouveaux projets passionnants. C'est aussi l'occasion pour les productions à petit budget, aux intrigues et aux titres farfelus, de bénéficier d'une grande visibilité.

Une affiche du Marché du film de Cannes.
Une affiche du Marché du film de Cannes. © Benjamin Dodman, France 24

Pour les dénicheurs de nouveaux talents, le Marché du film est également l'endroit idéal pour repérer de futures stars, comme l'acteur britanno-libyen Adam Ali. Il est le protagoniste du thriller "Europa" de Haider Rashid, dont la première a été largement applaudie à la Quinzaine des réalisateurs, mercredi 14 juillet.

Le film retrace le parcours titanesque des migrants qui tentent le passage de la forteresse Europe. Une thématique très actuelle et pourtant reléguée au second plan à Cannes, obnubilé cette année par d'autres sujets d'actualité comme l'urgence climatique. La montée du sentiment anti-immigrés a fait une vilaine apparition dans "Three Floors" de Nanni Moretti, mais il n'y a pas eu cette année l'équivalent d'"Atlantique" de Mati Diop. Tourné au Sénégal, le film avait remporté le Grand Prix en 2019.

Cette année, Haider Rashid situe son film dans une forêt aux portes de l’Europe, où il suit son protagoniste – Kamal, un migrant irakien – avec une caméra portative alors qu'il court, saute, rampe et grimpe aux arbres dans une course effrénée pour survivre.

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Dès le prologue, le souffle coupé, on découvre un garde-frontière bulgare qui cloue Kamal au sol et lui dit : "Rentre chez toi, pas d'Europe !". Le jeune Irakien parvient finalement à s'échapper dans les bois, où une menace encore plus sinistre l'attend. Des justiciers improvisés, lourdement armés, traquent et abattent les migrants comme des animaux sauvages. Plus terrifiant encore, le spectateur est informé dès le début du film par des sous-titres à l’écran : tout ceci est basé sur des événements effroyablement réels.

Haider Rashid connaît bien cette histoire, puisque son père a été contraint de fuir l'Irak de Saddam Hussein à la fin des années 1970. Le réalisateur, basé aujourd’hui à Florence, s'est entretenu avec France 24 avant la première de "Europa".

France 24 : Était-il important pour vous de dépeindre le sort des migrants comme une lutte pour la survie ?

Haider Rashid : Je voulais faire un film qui soit un peu choquant, et qu'y a-t-il de plus choquant que quelqu'un qui essaie de survivre ? La situation sur la route des Balkans [une voie migratoire vers l'Europe via la Turquie, NDLR] se résume vraiment à cela, c'est une question de vie ou de mort. Les gens sont traités comme du bétail. Ce problème n'est pas assez médiatisé. Il y a des reportages, mais toujours avec une distance, un filtre. J'ai senti qu'un film de fiction pourrait permettre d’aller plus loin. Et j’ai voulu saisir l'horreur de tout cela en adoptant le genre du thriller.

Comment avez-vous fait vos recherches pour votre film ?

J'ai écrit la première version sur la base de documents et de rapports du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) [de l'ONU, NDLR], d'Amnesty International et des principales organisations de défense des droits de l'Homme. Puis nous sommes allés en Bulgarie et avons effectué des recherches sur le terrain. Nous avons rencontré une avocate spécialisée dans les droits de l'Homme, qui nous a dit que notre scénario était en réalité une version édulcorée de ce qui se passe. Elle nous a parlé de la corruption, de la collaboration entre les trafiquants et la police des frontières, de la façon dont les migrants sont traités, utilisés comme des distributeurs automatiques de billets.

Pour tourner la scène d'ouverture, nous avons cherché des migrants qui avaient peut-être déjà emprunté ce chemin. Nous avons trouvé des personnes hébergées dans des centres d'accueil près de Florence. Ils ont eu la gentillesse de venir travailler comme figurants sur le tournage. Nous avons interviewé dans les coulisses l'un d'entre eux qui nous a dit : "Ce que je vois ici est exactement ce que j'ai vécu sur la route".

Votre film s'inspire-t-il de votre expérience personnelle ?

Mon père a dû fuir l'Irak en 1978 à cause du régime [de Saddam Hussein]. Moi je n'ai jamais considéré que je n'étais pas en sécurité. Je me suis toujours considérée comme Italien, avec un passeport italien, et je pensais que rien ne pouvait m'arriver ici. Mais avec la montée de la haine et de la xénophobie en Italie et en Europe ces dernières années, personne ne peut me dire avec certitude que rien ne va m'arriver, à moi ou à d'autres.

Le film est né de la peur, de la colère, du dégoût de ce qui se passe sur le plan politique. Même les politiciens de gauche commencent à parler ce même langage [xénophobe], parce que le public a tellement changé qu'ils sentent qu'ils doivent utiliser le même langage. Je suis dans une position privilégiée, et pourtant je reçois toujours des commentaires racistes, subtils mais réels. Je me dis toujours : si cela m'arrive à moi, qu'arrivera-t-il à quelqu'un qui n'est pas dans ma situation privilégiée ?

Extrait de "Europa", avec l'acteur principal Adam Ali.
Extrait de "Europa", avec l'acteur principal Adam Ali. © MPM Premium

Comment avez-vous choisi Adam Ali, qui tient le rôle principal de "Europa" ?

Nous avons fait des essais avec plusieurs acteurs et aucun ne nous convenait. Et puis un jour, un ami qui était ici à Cannes [en 2019] m'a envoyé la bande-annonce d'un court-métrage et j'ai vu Adam. Dès la première image, j'ai pensé que c'était un visage intéressant, comme un visage de films muets. Pour un film sans dialogue, vous avez besoin de quelque chose comme ça. Il est Britannique mais d'origine libyenne, donc nous avions ce point commun d'essayer de comprendre notre place dans le monde. Nous avons tourné le film dans l'ordre chronologique et j'ai l'impression que vous voyez le rôle grandir en lui, au fur et à mesure que nous avançons dans l'histoire.

L'abondance de films italiens ici à Cannes a alimenté les discussions sur la résurgence du cinéma italien. Votre film a-t-il été soutenu dans votre pays ?

La commission toscane du film nous a beaucoup soutenus et j'ai été étonné de voir que le ministère [de la Culture] nous a donné de l'argent pour réaliser le film. Il est difficile de financer un travail comme celui-ci, car sur le papier il n'y a pas de dialogue, il n'y a rien. C'est juste un type dans une forêt. Certaines personnes ont compris, d'autres non.

Il y a une résurgence du cinéma italien dans tout le pays, avec une vraie diversité régionale. Il faut aller plus loin maintenant. Il y a un pourcentage très élevé d'enfants issus de l'immigration qui ne sont toujours pas représentés à l’écran. Il est facile de mettre un acteur noir ou asiatique devant la caméra, mais il ne s'agit pas de cela. Il s'agit de savoir qui écrit sur eux et comment. La représentation des immigrés et de leurs enfants en Italie est désastreuse.

Cet article a été traduit de l'anglais, cliquez ici pour le lire en version originale.

 

 


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