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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Médiapart - Nejma Brahim - 17/07/2021

Le Bal des migrants prévu à Paris mardi 13 juillet à l’initiative de l'association Baam a été interdit par la préfecture de Paris à la suite d’une « fake news ». Pour protester, une marche était organisée vendredi de l’Assemblée nationale à l’hôtel de ville, avec près de 300 personnes.

l a été interdit, mardi en début d’après-midi, par la préfecture de police de Paris. Le Bal des migrants, organisé par l'association Baam (bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants) chaque année à la veille du 14 juillet, ne s’est pas tenu cette fois : il a fait l’objet d’une polémique insensée, accusé par le député LREM François Jolivet d’avoir voulu organiser un événement en non-mixité dans l’espace public, à la suite d'un message d'un DJ invitant les personnes blanches à aller derrière pour laisser la priorité aux personnes racisées durant son mix. Sauf qu'il concernait en réalité une autre soirée et n’avait rien à voir avec le Bal des migrants qui, comme le rappelait l’une des administratrices du Baam dans notre article déconstruisant cette « fake news », « a toujours été mixte ».

« On ne se débarrasse pas de nous comme ça ! », tweetait le Baam jeudi, après avoir lancé un appel à manifester, signé par une centaine d’organisations et de personnalités. La marche n’a pas tardé à être déclarée et autorisée par la préfecture de police de Paris. Vendredi, à 18 heures, à deux pas de l’Assemblée nationale, environ 300 personnes étaient donc réunies autour du camion depuis lequel Héloïse, présidente du Baam, « chauffait » la salle. « Comme on nous a interdit notre bal, on a décidé de se réapproprier la rue et on va le faire maintenant ! », lance-t-elle à la foule, après avoir évoqué les nombreuses menaces de mort et de viol reçues à la suite de cette polémique relayée par le premier adjoint de la ville de Paris Emmanuel Grégoire, mais aussi après avoir rappelé les centaines de messages reçus de migrants « dégoûtés ».

apres linterdiction u bal des migrants Le Baam a donné rendez-vous aux migrants et à leurs soutiens près de l'Assemblée nationale vendredi 16 juillet. © NB
 

« On y participe chaque année, explique Patrice*, délégué de la Coordination 75 des sans papiers (CSP75). Avec le confinement et la crise sanitaire, l’année a été difficile. C’est toujours important d’avoir des moments de convivialité avec des associations qui nous soutiennent et on ne devrait pas les interdire. » Pour Nora, 23 ans, venue en soutien au Baam et au bal, « c’est la goutte de trop ». « Ça débordait déjà pas mal, mais alors là, on passe à un niveau de fascisme… Il va falloir se réveiller, l’ouvrir et montrer notre désaccord ! » Son ami Martin affirme avoir vu, en s’étant rapproché de l’association d’aide aux exilés Utopia56 où il fait du bénévolat, « plein de choses qu’il ne voyait pas avant ». « Toute cette violence envers les migrants devient de plus en plus réelle et impossible à ignorer. Les gens qui nous gouvernent sont décalés avec la réalité. »

Sur la place du Président-Édouard-Herriot, transformée en piste de danse, femmes et hommes chantent, dansent au rythme des tam-tam et des coups de sifflet. Derrière eux, des membres de la CSP75, une banderole à la main, appellent à la « Liberté de circulation et d’installation pour tous ». « Pas de policiers, des papiers ! », scandent les participants. À 19 heures, le petit cortège s’élance, escorté par un dispositif policier important, passant devant le restaurant La Dauphine, très fréquenté par les parlementaires. « On revendique nos droits en manifestant, c’est important », reprend Patrice, arrivé à Paris deux ans plus tôt. Africain mais avant tout « citoyen du monde », il espère pouvoir changer de statut prochainement, après avoir obtenu un titre de séjour étudiant en 2019.

Mariama continue de soutenir ses camarades sans-papiers bien qu'elle ait régularisé sa situation. © NB
Mariama continue de soutenir ses camarades sans-papiers bien qu'elle ait régularisé sa situation. © NB
 

Il salue Mariama, 64 ans, vêtue d’un tee-shirt estampillé « Marche des migrant-e-s Paris > Londres », casquette blanche sur la tête. En France depuis 2002, elle n’a été régularisée que huit ans plus tard et exerce aujourd’hui le métier d’aide à domicile, bien qu’elle n’arrive pas à obtenir une carte de résidence (valable dix ans), contrainte de renouveler chaque année son titre de séjour. « Je reste toujours active pour soutenir mes camarades, parce que quand tu es sans papiers, rien ne marche pour toi », rappelle-t-elle dans un sourire, évoquant également le cas des grévistes de la faim à Bruxelles (lire ici ou nos articles). « Tu ne peux pas avoir un bon travail ou un logement décent quand tu n’as pas tes papiers. Tu cours en sortant de chez toi, tu cours en rentrant le soir, car tu as toujours peur d’être attrapé par la police. »

« Le Bal est la seule fête dédiée aux personnes migrantes »

Après avoir longé la rue de l’Université, en placardant aux murs des affichettes souhaitant la bienvenue aux migrants, les manifestants traversent le pont Royal face au regard médusé des badauds et touristes. « La honte, la honte à ce pouvoir, qui fait la guerre aux sans-papiers ! » Puis ils se lancent dans une ovation générale, sous le tunnel débouchant rue de Rivoli, où les forces de l’ordre les attendent. La voix de Dalida résonne, implorant de la laisser danser, avant de laisser place au groupe Voilaaa, mêlant musique africaine, funk et disco, et parodiant un slogan politique tristement connu : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes... Marine, va-t’en, va-t’en, va-t’en ! »

Les migrants et le Baam ont marché et dansé jusqu'à l'hôtel de ville vendredi 16 juillet. © NB
Les migrants et le Baam ont marché et dansé jusqu'à l'hôtel de ville vendredi 16 juillet. © NB
 

« Le DJ a pris une position politique qui permet de réfléchir à la question de l’appropriation de l’espace public et notamment les espaces de danse, comme quand on n’entre pas en boîte parce qu’on n’a pas la bonne couleur de peau. Mais ce message ne peut pas être compris si on n’est pas un minimum sensibilisé à la question », relève Nadège, fervent soutien des exilés, qui marchait déjà aux côtés de milliers de personnes à Paris le 20 juin 2020 pour demander la régularisation de tous les sans-papiers. Elle réalise qu’avec cette polémique sur le Bal des migrants, qu’elle attend avec impatience chaque année, une simple « petite étincelle » sur les réseaux sociaux a pu avoir des conséquences « terribles ». « Le Bal n’est pas qu’une fête, c’est la seule fête dédiée aux personnes migrantes. Et bien sûr elle est mixte, on n’aurait jamais voulu faire la fête avec des Asiatiques d’un côté, les Noirs de l’autre ! »

Devant la tour Saint-Jacques à Châtelet, plusieurs jeunes hommes appartenant à la communauté LGBT regrettent que les soutiens du Baam et des migrants ne se soient pas déplacés en masse. « On a eu une succession d’événements catastrophiques sur les droits des étrangers. Là, on fait un pas en avant dans la répression et on est encore que 200. Il y a 400 sans-papiers en grève de la faim à Bruxelles depuis une cinquantaine de jours. À quel moment les gens vont sortir dans la rue ? », s’interroge Adrien, militant auprès des exilés.

Plusieurs jeunes LGBT ont marché en soutien au Baam et aux sans-papiers. © NB
Plusieurs jeunes LGBT ont marché en soutien au Baam et aux sans-papiers. © NB
 

Les violences place de la République en novembre 2020 ? Déjà oubliées, rebondit son ami Yann, adhérent au Baam au sein du pôle LGBT et créateur de la Maison Bergamote, institut de massage inclusif et politisé, dans le XVIIIe à Paris, dédié aux LGBT, aux personnes racisées et aux prostituées. Il défend la convergence des luttes et une logique d’intersectionnalité : « LGBT, migrants, c’est clairement lié : si demain ça dérape un jour au niveau du pouvoir en France, on est dans le même bateau avec les personnes migrantes. »

Arrivés place de l’Hôtel-de-Ville à Paris, les manifestants se dispersent. Samba, de la CSP20, vient en aide à une amie qui liste les sans-papiers et migrants présents ce vendredi soir. « On a besoin de savoir qui est venu et qui ne l’est pas, parce que là, on n’était vraiment pas assez. On va essayer de les motiver pour les prochaines fois », sourit le trentenaire, originaire du Mali. Après avoir travaillé dans le BTP durant trois ans sans être déclaré, il a dû batailler pour obtenir un contrat dans l’espoir d’avoir le nombre de fiches de paie suffisant pour régulariser sa situation. « Ça faisait des années que mon patron m’exploitait, je lui ai mis la pression pour qu’il me déclare. » D’ici septembre 2022, il devrait remplir les critères pour pouvoir déposer une demande de titre de séjour.

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Samba, un Malien, réagit à l'interdiction du Bal des migrants. © NB

En saluant les derniers manifestants, à 21 heures passées, Samba finit par réagir à l’interdiction du Bal des migrants et évoque, sans détour, les mauvais traitements infligés aux exilés en France. « L’État français et la Mairie de Paris, ce sont des socialistes censés être en faveur de l’humanité, mais ils sont contre l’humanité… Parce que si tu vois la souffrance que nous, les immigrés et réfugiés, on a reçue en France aujourd’hui, moi je crois que c’est un crime contre l’humanité », avance Samba, évoquant une politique d’extrême droite. « Le bal a été annulé, mais on s’était dit quoi qu’il arrive on sera présents. Je l’ai appris à la dernière minute, j’ai eu mal au cœur. L’État est dominé par une minorité de fachos. Le Bal des migrants est ouvert à tous, dans le dialogue [...]. J’y vais tous les ans parce que c’est très important, c’est l’humanité qui parle. »

* Le prénom a été modifié.

Cet article a été modifié le 18 juillet pour retirer le nom du DJ, qui nous a indiqué à travers l'intermédiaire du Baam ne pas souhaiter voir son nom apparaître dans les médias pour des raisons de sécurité.

 

 

 


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