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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Marlène Panara - 14/09/2021

Une personnes s'est évadée lors d'une altercation entre plusieurs personnes détenues vendredi soir dans le Centre de rétention administrative d'Hendaye (CRA), dans le sud-ouest de la France. La structure est sous tension depuis sa réouverture après le premier confinement, le 22 juin 2020.

Une bagarre a éclaté dans le centre de rétention administrative (CRA) d’Hendaye, dans la soirée du vendredi 10 septembre. Deux groupes de personnes de diverses nationalités en sont venus aux mains, forçant les fonctionnaires de la police aux frontières, en charge de la surveillance du CRA, à intervenir. Deux policiers ont été blessés dans l’altercation, ainsi que deux personnes détenues. Tous ont été conduits à la polyclinique de Saint-Jean-de-Luz afin de recevoir des soins, rapporte Sud-Ouest.

Un participant à la rixe, mis à l’écart par les policiers afin de lui porter assistance, s’est évadé du CRA ce même soir. Les autres ont été placés en garde en vue.

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Depuis quelques mois, la tension est grandissante au sein de l’établissement basque. Cet été, une bagarre avait déjà eu lieu entre personnes détenues. Et en décembre 2020, une autre altercation physique avait opposé un policier à un jeune migrant.

Une seule télévision pour seule distraction

En cause, d’après une intervenante du bureau de La Cimade présente au CRA d’Hendaye, "l’allongement des temps de rétention, qui ont explosé depuis le début de la pandémie de coronavirus". Si en 2019, une personne détenue restait en moyenne 15 jours à Hendaye, en 2020, elle y était retenue plus de 25 jours, indique le rapport 2020 sur les centres et locaux de rétention administrative de l’association. En 2020, près de 15 % des personnes retenues dans le centre basque ont même été contraintes de patienter entre 46 à 60 jours, soit "l’équivalent d’une petite peine de prison" pour les personnes détenues, alors même que la structure est "en principe un lieu non pénitentiaire", affirme La Cimade locale.

À titre de comparaison, dans l’autre CRA de la région, à Bordeaux, les personnes retenues en 2020 ne restaient en moyenne que neuf jours. À Hendaye, cette année, "de nombreuses personnes ont été enfermées près de 60 jours". Avec, pour unique objet de distraction, "une seule télévision pour tout le centre". Ces journées à rallonge, et l'attente d'une décision qui ne vient pas provoquent ennui et incompréhension chez les personnes concernées, et débouche sur un "climat de tension permanent", propice aux altercations.

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La raison de ces rétentions toujours plus longues ? "L'immobilité des juridictions de la région, qui refusent d’ordonner des expulsions à cause de la fermeture de certaines frontières", dénonce La Cimade hendayaise. Une situation qui touche en priorité les ressortissants d’Algérie, dont les frontières sont fermées depuis le 17 mars 2020. Les personnes retenues d’origine tunisienne et marocaine ont, elles aussi, "subi de longues privations de liberté car l’administration les a maintenues en rétention, malgré des expulsions rarement réalisables du fait de frontières fermées".

Les jauges Covid abrogées

Depuis l’annonce du premier confinement en mars 2020, "aucune expulsion" n’a eu lieu depuis le centre d’Hendaye vers l'Algérie par exemple, laissant les personnes détenues dans l’attente. Et ce, alors que "la rétention n’est légalement possible et prévue que pour préparer et mettre en œuvre l’expulsion des personnes en situation irrégulière", ciblées par une OQTF, une IRTF ou un transfert Dublin, affirme le rapport de l'association.

À l'angoisse suscitée par un séjour bien plus long qu’espéré s'ajoute le stress d'une cohabitation plus difficile qu'au tout début de la crise sanitaire. Depuis le 1er septembre dernier, les jauges Covid, qui limitaient les places du CRA à la moitié de ses capacités, ont été abrogées. Résultat : d’une quinzaine de personnes au pic de la crise sanitaire, le centre en accueille aujourd’hui le double, soit le maximum de ses capacités.

Vingt-quatre places sont réservées aux hommes, et ses 6 autres aux "femmes et familles". Ces dernières sont d'ailleurs occupées en ce moment par des détenus de maison d'arrêt de Gradignan, à Bordeaux, dispersés dans diverses structures suite à la découverte d’un cluster entre ses murs.

"Imitation des accents étrangers"

Un état des choses qui fait dire à l’Unité SGP police 64, sur sa page Facebook, que "les CRA sont de véritables cocottes minutes prêtes à exploser". D’autant plus que les conditions actuelles s’ajoutent à celles déjà observées avant la pandémie, et dénoncées par le contrôleur des libertés à la suite d’une visite en 2014. Le rapporteur avait décrit un endroit où "l’ennui règne, tant pour les personnes retenues que pour les fonctionnaires en poste".

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"En raison des errements de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, [les personnes détenues] restent un temps exagérément long lorsque leur éloignement est impossible. Peu d’activités leurs sont offertes pour passer les journées", est-il écrit dans le document, qui atteste aussi d’une attitude "méprisante ou musclée à l’égard des personnes retenues : comportements menaçants de la part de certains policiers, imitation des accents étrangers pour répondre aux retenus, moqueries qui ont pu aller jusqu’à imiter au haut-parleur l’appel du muezzin".

En décembre 2020, les policiers sont allés plus loin. La Cimade a relevé à cette période "une série d’incidents [...] exercées par des agents de la PAF". Une personne assure par exemple "avoir été amenée dans la bagagerie du CRA sans raison et avoir été secouée par les oreilles contre le mur". Une seconde affirme "avoir été sortie de sa chambre en se faisant cogner la tête contre la porte et avoir été frappée à la tête par un coup de poing", quand une une troisième a, selon ses dires, "été soulevée du sol par le cou".

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Des faits qui témoignent là aussi du climat de tensions qui règne au centre d’Hendaye. Et dont les effets psychologiques, sur des personnes déjà fragiles, peuvent s'avérer dramatiques. En novembre 2019, une personne enfermée dans le CRA avait confié "qu’elle se sentait vulnérable et faible parfois". Elle s’en était enfuie quelques jours plus tard, avant d’être arrêtée le jour-même et déférée devant le tribunal correctionnel. Le 26 février 2020, elle s’est pendue dans sa cellule de la maison d’arrêt de Bayonne.

 

 


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