Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - Violaine Morin - 28/10/2021

La France fait moins bien que certains pays comparables de l’OCDE en ce qui concerne la répartition de la population immigrée, dont les enfants ont tendance à se retrouver dans les mêmes écoles. Une ségrégation scolaire qui a des conséquences sur leurs performances.

Noémie Le Donné, chercheuse et analyste des politiques éducatives à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), revient sur les conséquences de la ségrégation scolaire sur les trajectoires des enfants d’immigrés, et les stratégies pour y remédier.

Quelle est la situation des enfants d’immigrés dans les écoles françaises ?

Selon les données de l’étude PISA [Programme international pour le suivi des acquis], en 2018, il y avait 14,3 % d’enfants dits « d’origine immigrée » en France. Parmi eux, 9,6 % ont des parents nés à l’étranger, et 4,7 % sont eux-mêmes nés à l’étranger et arrivés en France au cours de leur enfance.

En France, la répartition des élèves dans les écoles est basée sur un système de carte scolaire qui dépend du lieu de résidence. Comme certains quartiers sont fortement ségrégués, les élèves issus de l’immigration ont tendance à être regroupés dans les mêmes établissements. Sur le volet de la ségrégation scolaire, la France se situe dans la moyenne de l’OCDE, au même niveau que les Pays-Bas ou encore la Belgique, qui ont une histoire migratoire proche de la nôtre. En revanche, l’Allemagne, qui a aussi une histoire et un profil de population immigrée similaire au nôtre, fait mieux que nous.

Quelles en sont les conséquences sur les résultats des élèves ?

Notre taux d’élèves immigrés « académiquement résilients », c’est-à-dire ceux qui ont de bons résultats, est de 13 %, toujours selon PISA 2018. C’est moins que la moyenne de l’OCDE, de 17 %. La concentration, dans les mêmes établissements, des élèves immigrés, qui sont en majorité issus de milieux défavorisés, a plusieurs conséquences. A court terme, elle peut avoir un effet positif sur l’intégration, mais les trajectoires scolaires, qui se jouent sur le long terme, s’en ressentent. Y compris parce que les parents d’élèves accueillis par leur communauté d’origine vont moins facilement apprendre la langue. Cela crée aussi des problèmes d’attractivité, car les bassins scolaires défavorisés sont peu prisés des enseignants expérimentés. Elle joue enfin sur les aspirations des élèves : entre pairs défavorisés, les objectifs sont moins élevés.

La littérature scientifique montre que, lorsque l’on neutralise l’origine socio-économique, l’écart entre les enfants d’immigrés et les autres se réduit. Autrement dit, c’est surtout le fait d’être pauvre qui joue dans les résultats scolaires…

Les écarts de performances entre enfants immigrés et non immigrés se réduisent en effet si l’on contrôle l’origine socio-économique des familles. C’est aussi ce qui explique les mauvaises performances de la France, qui connaît une immigration plutôt défavorisée et peu diplômée, par opposition à l’Australie ou au Canada. Mais on n’épuise pas complètement le sujet en disant cela. Il y a toujours une pénalité de l’immigration, une sorte de « coût d’entrée ». Le fait de s’adapter à un nouveau système, dans une nouvelle langue, joue sur les résultats, de même que ne pas pratiquer la langue du pays d’accueil à la maison, ou même dans la cour de récréation.

Lire aussi  Comment la concentration géographique des immigrés affecte leur intégration
Quelles sont les solutions pour réduire cette ségrégation scolaire ?

Tous les pays de l’OCDE n’ont pas les mêmes stratégies. La nôtre joue d’abord en amont du problème en essayant d’influer sur la répartition des élèves avec la carte scolaire. Les études montrent que, quand les parents ont le choix, la ségrégation scolaire a tendance à augmenter. Mais cette mesure à elle seule ne peut pas corriger la ségrégation spatiale, et une partie des familles a quand même le choix : il y a 20 % d’écoles privées en France.

D’autres pays, comme l’Italie, expérimentent des quotas d’enfants issus de l’immigration dans les établissements pour qu’ils ne soient pas tous au même endroit. Mais ce n’est pas très en phase avec la culture française, car cela implique de comptabiliser précisément qui est immigré et qui ne l’est pas [la loi française interdit la création de statistiques ethniques].

L’autre possibilité est de jouer en aval du problème, en renforçant les moyens des écoles qui accueillent un nombre important d’enfants immigrés. C’est le principe de l’éducation prioritaire, qui a abouti, chez nous, au dédoublement des classes de CP et de CE1, et à des mesures de remédiation, avec des heures en plus pour les élèves en difficulté.

Et pourtant, on voit bien que la France fait moins bien que certains pays comparables. Que pourrait-on faire de plus ?

La ségrégation est avant tout un problème de logement, donc il faudrait déjà imaginer des politiques concertées. Les mesures scolaires pourraient aussi être couplées avec des dispositifs de formation à destination des parents. Dans les études, y compris « Perspectives des migrations internationales 2021 » de l’OCDE, on voit une forte corrélation entre le niveau d’études et de diplômes de la mère et les performances scolaires des enfants.

Pour ce qui est des leviers propres à l’école, la formation des enseignants pourrait être améliorée. En 2018, dans l’enquête Talis [Teaching and Learning International Survey] que l’OCDE consacre aux enseignants, nous avons montré que seuls 8 % d’entre eux se sentaient préparés à enseigner dans un cadre multiculturel ou multilingue.

Il y a aussi des choses qui fonctionnent et que l’on pourrait imiter, par exemple l’information des familles en langue étrangère, qui permet de s’assurer que tous les parents ont accès aux mêmes éléments sur les établissements auxquels ils peuvent prétendre. Ce sont des dispositifs qui « rapprochent » les familles les plus éloignées de l’école. Des programmes de ce type existent au Luxembourg, et donnent de bons résultats.

On pourrait aussi imaginer une meilleure politique de suivi des élèves. Je vais prendre un exemple original : au Kazakhstan, un million d’enfants à risque de décrochage ont été repérés et suivis depuis 2010 par des enseignants qui visitent les foyers, réexpliquent les choses aux familles, s’assurent que l’élève va continuer à venir. Là aussi, on est loin de la mentalité française, où l’école et la maison sont bien séparées.

 

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter