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Source : Le monde - Julia Pascual - 21/12/2021

L’inspection du travail a ouvert une enquête sur l’entreprise de collecte de déchets Sepur. Plusieurs éboueurs sans papiers ont par ailleurs porté plainte pour extorsion contre leurs chefs d’équipe.

Ils payaient pour travailler. Un mois et demi après le mouvement de grève de quelque 200 travailleurs sans papiers lancé par la CGT dans une dizaine d’entreprises d’Ile-de-France, une enquête pour « emploi d’étrangers en situation irrégulière » est en cours. Cette procédure vise l’entreprise de collecte des déchets Sepur et est conduite par l’inspection du travail, sous la supervision du parquet de Versailles. « Des contrôles de l’inspection du travail ont mis en évidence plusieurs infractions sur l’emploi d’étrangers sans titre, confirme le ministère de l’intérieur. Il y a des conditions de travail qui frisent l’exploitation. Il y aura des conséquences pour les employeurs, des sanctions administratives, des poursuites judiciaires. »

Du 25 octobre au 17 novembre, 59 éboueurs sans papiers, embauchés par le biais des sociétés d’intérim Mistertemp’et Drop Intérim, s’étaient mis en grève pour réclamer leur régularisation.

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En parallèle de l’enquête en cours, au moins huit éboueurs sans papiers, maliens et mauritaniens, ont déposé plainte fin octobre et début novembre pour « extorsion ». D’après les procès-verbaux d’auditions que Le Monde a consultés, la plupart d’entre eux accusent deux chefs d’équipe du dépôt Sepur de Villejust (Essonne) de leur avoir soutiré de l’argent, en échange de quoi ils pouvaient travailler malgré leur situation administrative. Certains travaillaient à temps plein comme « ripeurs » depuis 2019, dans les Hauts-de-Seine, l’Essonne, en Seine-et-Marne, en Seine-Saint-Denis ou encore dans le Val-d’Oise.

« Racketté » par ses supérieurs

Ainsi, Ousmane, un éboueur mauritanien sans papiers, explique dans son audition qu’à partir de décembre 2020 il devait donner « 100 euros par mois » à ces deux chefs. « Si je ne les payais pas, ils ne m’appelaient plus », assure-t-il. Pour pouvoir être déclarés en dépit de leur situation irrégulière, la plupart des plaignants recouraient à des « alias », procédé courant qui consiste à travailler en utilisant les documents d’identité d’une autre personne, en situation régulière, à l’insu ou avec la complicité de l’employeur.

« [Mes supérieurs] m’ont dit de payer 200 euros chaque mois sinon ils mettaient fin à mon contrat », raconte Moussa.

Certains ont aussi eu recours à des faux documents d’identité, à l’instar de Moussa, qui rapporte avoir été « racketté » par ses supérieurs à partir du mois de janvier : « Au début, quand j’ai commencé à travailler avec eux, je leur ai remis une fausse carte nationale d’identité française. Ils se sont aperçus que c’était un faux document, et à partir de ce moment-là ils ont commencé à me faire du chantage en me disant de payer 200 euros chaque mois sinon ils mettaient fin à mon contrat. »

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Quatre des plaignants évoquent un prélèvement de 10 % sur leur salaire mensuel. C’est le cas de Malle, mauritanien, qui aurait été ponctionné à partir du mois d’avril. « Ils nous ont pris de l’argent depuis le premier jour où j’ai mis le pied dans la société (…). Quand ils ont su que je n’avais pas de papiers (…) [un chef d’équipe] m’a dit : “Tu travailles grâce à moi”, donc chaque fin de mois, je lui dois 10 % de mon salaire ! Il a conclu : “Tout le monde est content, toi tu travailles et moi je prends des risques donc c’est normal.” »

En voie de régularisation

La directrice des ressources humaines de l’entreprise Sepur, Claire Héry, assure n’avoir « aucune information » ni « aucune preuve » concernant les pratiques dénoncées. « On est peut-être sur des actes isolés qui ne doivent pas altérer l’image de l’ensemble des manageurs », souligne-t-elle. Le groupe Sepur compte quelque 250 manageurs pour un effectif total de 2 500 salariés, dont un millier de ripeurs. La société a en outre recours à quelque 500 intérimaires. « Si ces pratiques étaient avérées, elles seraient condamnées par la plus grande sévérité », ajoute la DRH.

Mme Héry assure en outre qu’« il y a plus de 40 % de salariés étrangers dans l’entreprise, qui ont tous présenté des titres de séjour en cours de validité ». La DRH considère que les sociétés d’intérim pour lesquelles travaillaient les éboueurs sans papiers auraient été victimes de « faux porteurs de vrais papiers ». Sollicitée, la société Mistertemp’n’a pas donné suite. Drop Intérim estime pour sa part avoir « hérité d’une mauvaise gestion » des entreprises d’intérim qui détenaient les contrats de prestation au préalable et avoir depuis mis en place des « processus rigoureux et le respect de nos obligations d’employeurs ».

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D’après la CGT, une majorité des éboueurs grévistes sont aujourd’hui en voie de régularisation. Place Beauvau, on indique qu’au total, à la suite du mouvement de grève du mois d’octobre, organisé dans une dizaine d’entreprises de la restauration, du bâtiment, de la livraison ou encore de la logistique, « environ 200 personnes » se verraient accorder un titre de séjour.

 


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