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Source : FranceInfo - Guillemette Jeannot - 19/02/2022

A deux pas des locaux des Restos du cœur, dans le 19e arrondissement de la capitale, le Samusocial de Paris veille à ce que les étrangers en situation irrégulière et les personnes les plus éloignées du système de santé puissent avoir accès au vaccin.

Je suis en France illégalement. Je pensais que je n'avais pas droit à la vaccination", confie Nour* dans un anglais timide. Cet Afghan de 23 ans, arrivé en janvier 2019, a finalement osé pousser la porte du Samusocial de Paris, installé pour la journée avenue de la Porte de la Villette dans le 19e arrondissement de la capitale. En cette froide matinée de février, le jeune homme, bonnet noir vissé sur la tête et masque chirurgical bleu sur le visage, va recevoir sa première dose de vaccin contre le Covid-19

Depuis août, les médiateurs du Samusocial de Paris, en partenariat avec la mairie et la Croix rouge, œuvrent pour que les personnes en grande précarité et éloignées du système de santé, comme les étrangers en situation régulière ou non, puissent elles aussi bénéficier d'une protection contre le Sars-CoV-2. Deux fois par semaine, le mercredi et le jeudi, l'équipe du Samusocial posent ses calicots estampillés "Vaccination Covid-19 sans rendez-vous", écrits en français et en anglais, à deux pas du métro Porte de la Villette, sur le chemin menant aux réfectoires des Restos du cœur et à la distribution alimentaire.

Deux traducteurs pour faire l'accueil

"Notre campagne de vaccination rencontre un succès grâce à notre réseau associatif, au bouche à oreille et à la fréquentation très importante de ce lieu de distribution alimentaire des Restos du cœur", explique Samy Rasli, coordinateur des actions de santé publique au Samusocial. Comme cette dame d'une cinquantaine d'années, qui en rangeant dans son sac son pack de lait obtenu à l'aide alimentaire, a vu le panneau et en a profité pour recevoir sa troisième dose. 

Installés sous un barnum à l'entrée du préfabriqué prêté par les Restos du cœur, deux médiateurs du Samusocial et deux traducteurs, un en langue arabe et l'autre en pachto et dari, deux langues parlées en Afghanistan, assurent, depuis 10 heures du matin, les premiers échanges avec les hommes et les femmes venant se faire vacciner.

"Pour ces personnes, aller dans un centre de vaccination classique est trop compliqué : il y a la barrière de la langue et souvent elles n'ont pas de couverture sociale."

Samy Rasli, coordinateur du Samusocial

à franceinfo

 

Nour*, réfugié afghan, est venu pour sa première dose, au centre de vaccination du Samusocial de Paris, près de la porte de la Villette. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO) 

Nour, qui vit dans un ancien centre de tri de La Poste reconverti en centre d'hébergement, a bien tenté de se faire vacciner dans une pharmacie, une fois son statut de réfugié acquis. "Mais on m'a demandé 25 euros que je n'ai pas", affirme le jeune homme, sans ressource financière, comme plus d'une personne sur deux qui se présente au Samusocial. Dans le préfabriqué d'à peine 15 m2 où réfugiés, demandeurs d'asile et migrants en situation illégale défilent, aucune demande de vaccination n'est écartée.

"Légalement, la vaccination est ouverte à tous, y compris les personnes sans Carte vitale ou CMU, mais certains soignants ne sont pas au courant ou ne veulent tout simplement pas la faire."

Samy Rasli, coordinateur du Samusocial

à franceinfo

Malgré le froid hivernal qu'un unique radiateur électrique tente de repousser, toute l'équipe du Samusocial prend le temps de dissiper les derniers doutes des personnes encore hésitantes à se faire vacciner, en les rassurant notamment sur les éventuels effets secondaires du vaccin ou sur sa gratuité. Depuis octobre 2021, 23 opérations comme celle-ci ont permis de vacciner 623 personnes, installées tour à tour derrière le paravent où se relaient deux infirmières.

Vaccinés avec des vaccins non-reconnus

"Dès que la troisième dose a été recommandée au niveau national, il y a eu un afflux de primovaccinés", remarque l'épidémiologiste Lison Ramblière, qui mène, depuis décembre, une enquête pour l'Observatoire du Samusocial de Paris auprès des personnes venues se faire vacciner.

 

Une des infirmières du Samusocial de Paris prépare une injection, au centre de vaccination situé près de la porte de la Villette. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)

La grande majorité des personnes vaccinées dans ce centre sont en situation irrégulière (81%). Il s'agit d'hommes à 79%, âgés de 36 ans en moyenne. Dans 89% des cas, ils sont d'origine étrangère et 14% d'entre eux sont arrivés en France il y a moins de trois mois. "Les pays d'origine majoritairement retrouvés sont l'Algérie (14%), la Côte d'Ivoire (13%), la France (12%), l'Afghanistan (12%), la Tunisie (7%) et le Bangladesh (6%)", énumère l'épidémiologiste.

Parmi ces migrants récemment arrivés, certains constatent que leur certificat de vaccination n'est pas valable sur le sol français. Ils doivent alors recommencer leur schéma vaccinal avec une dose de Pfizer. A l'instar, de Fahim*, 27 ans, et Saïf*, 25 ans, arrivés en décembre de leur pays natal, le Bangladesh. Ils ont transité par l'Inde, la Serbie et Dubaï, où ils ont reçu deux doses de Sinopharm. Mais le vaccin chinois n'est pas reconnu en France.

Les deux Bangladais ont donc droit à un test sérologique rapide (Trod). Les infirmières du Samusocial en font "systématiquement" un aux personnes dont le parcours vaccinal n'est pas prouvé ou reconnu. "Ce test sérologique permet de savoir rapidement si une personne a été infectée par le virus ou si elle a été vaccinée en dehors de l'UE ou si elle a perdu son justificatif de vaccination, on peut connaître son taux d'anticorps", précise Samy Rasli.

Un pass vaccinal presque vital

Nour*, lui, est venu se faire vacciner, parce qu'il pense avoir besoin du pass vaccinal pour suivre des cours de français. Depuis le 24 janvier, ce dernier est devenu indispensable pour de nombreux migrants. "Ceux qui vivent à la rue, dans un squat ou un campement, en ont besoin pouvoir aller se réchauffer quelques heures dans un café", souligne Lison Ramblière. Ils sont environ 30% des vaccinés à ne pas avoir un toit sur la tête. 

"Souvent ce certificat fait office de papier d'identité lors de contrôles des forces de l'ordre."

Lison Ramblière, épidémiologiste pour le Samusocial

à franceinfo

Le pass est également nécessaire pour aller voir un proche malade à l'hôpital ou pour répondre à un employeur. "Car bien que ces personnes travaillent souvent de façon non déclarée, dans la restauration par exemple, on leur demande d'avoir un pass sanitaire", assure Samy Rasli. Il faut aussi un pass vaccinal pour prendre le train sur de longues distances, ce que les migrants doivent parfois faire dans le cadre de leurs démarches de régularisation.

L'occasion de régler d'autres problèmes

L'imprimante, qui trône sur le bureau des médiateurs, crache sans discontinuer des attestations de vaccination depuis le début de la matinée. L'équipe du Samusocial garde systématiquement un double, car tous les vaccinés n'ont pas un téléphone équipé d'internet et ils reviennent fréquemment demander une copie de leur attestation perdue. Pour les autres, Stéphane, un des médiateurs, prend quelques instants pour installer avec eux l'application TousAntiCovid, quand leur forfait le permet. 

"Nous prenons également le temps pour résoudre des problèmes administratifs, comme des droits non ouverts, une perte d'identifiants à la Sécurité sociale ou de papiers prouvant une vaccination préalable."

Samy Rasli, coordinateur du Samusocial

à franceinfo

La moitié des personnes qui se présentent n'ont pas de couverture maladie (51%), "pas même l'AME", l'aide médicale de l'Etat, pointe Samy Rasli. La vaccination est l'occasion de leur créer un numéro de Sécurité sociale provisoire ou de les rediriger vers l'assistante sociale des Restos du cœur, qui tient une permanence dans le préfabriqué d'à côté. 

 

Fahim* et Saif*, deux réfugiés bangladais, ont dû recommencer leur schéma vaccinal une fois arrivée en France, car leur vaccin Sinopharm n'est pas reconnu en France. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)

Cette consultation donne aussi l'opportunité parfois d'aborder un problème de santé pour ces personnes à la marge du système de santé. Comme cet homme âgé qui se plaint de douleurs dans le bras depuis sa première vaccination. L'infirmière lui conseille d'aller voir Médecins sans frontières en repartant. L'ONG a installé sa clinique mobile sous des tentes blanches pour la journée, à quelques pas de là. "S'ils ne sont pas là, on prévient le 115 pour qu'ils passent voir la personne malade lors de la maraude du soir", rassure Samy Rasli. "On peut également les rediriger vers des hôpitaux ayant des permanences d'accès aux soins de santé." 

L'heure tourne. Bientôt 16 heures, la distribution alimentaire est terminée, le réfectoire des Restos du cœur a fermé. Les infirmières du Samusocial ont administré 25 doses aujourd'hui. Tous les primovaccinés sont repartis avec leur rendez-vous pour la deuxième dose en poche. Les médiateurs veilleront à les rappeler pour qu'ils n'oublient pas de venir. Cette opération de vaccination sur le terrain doit se terminer fin mars. "Mais on ajustera mois après mois la durée de notre action", glisse Samy Rasli. 

* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.

 

 


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