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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Helene Bienvenu - 26/02/2022

Au troisième jour de l’invasion russe, 100 000 Ukrainiens ont déjà franchi la frontière pour entrer en Pologne. Dès jeudi, les autorités polonaises annonçaient l’ouverture de neuf centres d’accueil, le long de sa frontière. Reportage à la gare de Przemysl, à une quinzaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.

Przemysl (Pologne).– La gare de Przemysl, une ville de 60 000 habitants à une quinzaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, n’avait encore jamais vu ça. L’architecture néo-baroque à couper le souffle de cet ancien nœud ferroviaire de l’empire habsbourgeois (puis austro-hongrois) est devenu un mini centre d’accueil improvisé pour les réfugiés et réfugiées fuyant la guerre en Ukraine voisine.

La Pologne, qui compte 535 km de frontière terrestre avec l’Ukraine, est également une importante destination ferroviaire pour sa voisine. De Przemysl, des trains d’Odessa, Kharkiv ou encore Kiev arrivent plusieurs fois par jour, comme d’ordinaire.

Sauf qu’en temps de guerre, ces trains sont plus courus que jamais. Avec pour changement notoire que depuis jeudi 24 février au soir, seuls les hommes de plus de 60 ans, les femmes et les enfants de moins de 18 ans peuvent arriver en Pologne.

Les autorités ukrainiennes retiennent les récalcitrants à la conscription au pays, comme en témoigne Alina, une Ukrainienne de 27 ans arrivée vendredi matin en gare de Przemysl avec son mari et leur chat sous le bras. « Je m’attendais à trouver un train bondé, mais à la frontière, les autorités ukrainiennes ont fait descendre les cinq-six hommes en âge de se battre qui restaient dans mon wagon. » 

À Przemysl, à la frontière avec l’Ukraine le 25 février 2022. © Photo Beata Zawrzel/Anadolu Agency/AFP

De quoi expliquer que tous les trains en provenance d’Ukraine accusaient vendredi un retard de plus de trois heures. « C’était un voyage éprouvant et stressant, je ne savais pas si j’allais finir par rejoindre la Pologne ou si je pourrais aller quelque part ou si je ne finirais pas par mourir d’un moment à l’autre. Et maintenant je suis en sécurité, ici, avec mon mari… et mon chat. Ma sœur et ma cousine sont encore en Ukraine, non loin de la région de Donetsk. Et maintenant bien sûr, ils ne peuvent aller nulle part... Bien sûr je suis inquiète pour eux mais je ne peux absolument rien faire », raconte Alina, qui dans la précipitation n’a pu prendre que quelques hrivna ukrainiennes dans sa poche, soit l’équivalent de quelques dizaines de centimes d’euros.

« Dans mon wagon, nous nous sommes mis à sympathiser. Aux aurores, nous avons eu un lever du soleil splendide. C’était un peu surnaturel. Depuis nous prenons des nouvelles des uns et les autres entre compagnons d’aventure », continue cette employée du secteur informatique.

Dans la gare de Przemysl désormais ouverte 24h/24h, le va-et-vient est permanent. En journée, des ressortissants ukrainiens attendent bus ou transport pour continuer leur route, souvent vers de la famille travaillant en Pologne ou parfois ailleurs en Europe.

La nuit, elles et ils occupent des lits d’appoints déployés par la sécurité ferroviaire et la municipalité. À toute heure, des bénévoles s’affairent à lister les besoins en transport, logements, nourriture...

Centres d’accueil temporaires

En plus des points d’accueil municipaux, des chambres et appartements ou maisons sont gratuitement mis à disposition par des particuliers en Pologne sur les réseaux sociaux. Les autorités polonaises ont installé huit centres d’accueil temporaires à proximité des postes-frontaliers ukrainiens pour assurer un refuge provisoire à toute personne en provenance d’Ukraine. La Pologne a également décidé d’être clémente dans le cas où ces exilé·es ne disposeraient pas de passeport.

À lire aussi : L’offensive russe en Ukraine

« Nous avons attendu sept heures, côté ukrainien, avant de pouvoir enfin passer. Rien n’est fait pour accélérer le passage des familles avec enfants. J’ai vu une femme allaiter son nourrisson alors que la température était en dessous de zéro ! Dans la foule, on entendait les pleurs de bébés apeurés et l’agacement de parents nerveux. Ça serait bien que d’autres pays européens envoient des bus à la frontière polonaise pour transporter ceux qui souhaitent se rendre plus loin qu’en Pologne. » Pour cette petite famille, ce sera en tout cas en Pologne qu’il s’agira de refaire leur vie, les prochains mois tout du moins.

L’histoire se répète, c’est comme la Seconde Guerre mondiale lorsque Hitler a attaqué la Pologne. Sauf que cette fois, Hitler s’appelle Vladimir Poutine.

Oliek, Ukrainien de Kharkiv

Bonnet vissé sur la tête, Oliek se déplace en chaise roulante. Cet Ukrainien dans la trentaine, accompagné de sa mère, a débarqué par le dernier train de Kiev vendredi 25 février, dans la soirée, dans le hall d’arrivée, avec des dizaines et des dizaines d’autres, exténués et encore sous le choc.

Oliek a fui la ville de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, à quelques 30 kilomètres de la frontière avec la Russie. « Il y a deux jours, les Russes ont commencé à bombarder Kharkiv. Se réfugier dans une cave – ce que font les Ukrainiens en cas de bombardement – n’aurait pas pu être une option pour moi. J’ai donc décidé de rassembler quelques affaires à la hâte et je suis parti, d’abord en voiture, puis en train, direction la Pologne », explique celui qui, à l’instar de dizaines de milliers de compatriotes, a choisi de s’exiler, temporairement du moins, en Pologne.

« Pour le moment, ma mère et moi allons nous rendre à Varsovie. Ensuite, je ne sais pas encore où nous nous installerons. Un jour à la fois… », continue Oliek, qui précise avoir « tout perdu » dans son pays, à commencer par sa maison. « Je ne sais pas si je reviendrais un jour en Ukraine. L’histoire se répète, c’est comme la Seconde Guerre mondiale lorsque Hitler a attaqué la Pologne. Sauf que cette fois, Hitler s’appelle Vladimir Poutine. »

Des réfugiés ukrainiens arrivent au poste frontière polonais de Korczowa-Krakovets, dans la nuit du 2 au 26 février 2022. © Photo Dimitar Dilkoff / AFP

Difficile de se frayer un chemin dans le hall, entre les nouveaux arrivants du trains du Kiev et celles et ceux qui, en Pologne, ont décidé de leur venir en aide ce vendredi 25 février au soir.

Maciej Duda, un professeur de danse de 29 ans, originaire de Przemysl qui vit à Cracovie, tient une pancarte où il a griffonné le nom de la grande métropole du sud de la Pologne, offrant un transport à titre gracieux jusque-là. « Jamais je n’aurais pensé qu’il y aurait un jour une guerre si proche de chez moi… Je connais tellement d’Ukrainiens fantastiques. Je suis quelqu’un de très émotif, bref, je suis dévasté », confie le jeune homme, âgé d’une vingtaine d’années, les larmes aux yeux.


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