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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Nejma Brahim - 04/03/2022

En cinq ans, l’accueil et les conditions de vie des exilés en France n’ont cessé de se dégrader, plaçant les promesses d’« humanisme » et de « dignité » de l’ancien candidat Emmanuel Macron très loin de la réalité.

Les promesses étaient belles et venaient s’inscrire dans la prétendue « révolution » annoncée par Emmanuel Macron dans son livre-programme paru avant l’élection présidentielle de 2017. Mais en un temps record, le chef de l’État ainsi que son premier gouvernement ont montré leur vrai visage : les exilés présents ou arrivant sur le territoire français ont vu leur quotidien devenir cauchemardesque, tantôt refoulés aux frontières avec l’Italie ou l’Espagne, tantôt harcelés et violentés par les forces de l’ordre.

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La loi « Collomb », portant sur l’asile et l’immigration, est venue rallonger la période de rétention des personnes en situation irrégulière (la faisant passer de 45 à 90 jours), autoriser le placement d’enfants en centre de rétention et réduire par deux le délai de recours des demandeurs d’asile déboutés. Le texte ne prévoyait pas non plus de supprimer le délit de solidarité mais de créer de simples exemptions, laissant les personnes solidaires en proie aux poursuites judiciaires, jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel censure partiellement ce délit, à l’été 2018.

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S’agissant des mineurs non accompagnés (MNA), le gouvernement a voulu rendre obligatoire dans tous les départements le fichier anti-fraude (dit « AEM ») , pourtant dénoncé par les associations et le Défenseur des droits pour la stigmatisation des jeunes étrangers qu’il sous-tend. Un certain nombre de MNA sont restés placés en hôtel, parfois victimes de maltraitance. Beaucoup ont aussi été protégés par l’aide sociale à l’enfance, avant d’être menacés d’expulsion (lire ici ou , et voir notre reportage vidéo). Une proposition de loi visant à éviter ces scénarios kafkaïens a été rejetée par le gouvernement.

Une politique de non-accueil

La dématérialisation des démarches en préfecture, lancée sous le quinquennat de Macron et élargie à de plus en plus de départements, a été vécue comme un cauchemar par les usagers étrangers qui, durant des mois, ne sont pas parvenus à obtenir un rendez-vous en ligne. En 2016, le candidat prétendait pourtant qu’on ne pouvait « pas admettre que des personnes qui souhaitent vivre sur notre sol ou devenir françaises passent des heures dans des files d’attente, baladées de guichet en guichet, pour espérer obtenir le sésame après six mois ou un an de démarches ».

Et il ajoutait : « À partir du moment où les critères sont clairs, le traitement des procédures doit intervenir en deux à trois mois maximum. Voilà comment je conçois la nation bienveillante. » Mais les files d’attente perdurent encore aujourd’hui, la nuit, devant les préfectures, poussant les usagers à passer par des marchés parallèles pour acheter des rendez-vous. D’autres se retrouvent malgré eux en situation irrégulière ou perdent leur emploi faute de titre de séjour.

En parallèle, les travailleurs sans papiers n’ont cessé de revendiquer leur droit à la régularisation, notamment celles et ceux qui ont été en première ligne durant la pandémie de Covid-19. Les participants de la marche nationale des sans-papiers, en 2020, ont été ignorés par Emmanuel Macron. Seuls les personnes en situation régulière – 12 000 selon le ministère de l’intérieur – ont pu prétendre à une procédure exceptionnelle pour une demande de naturalisation durant le Covid-19, réduisant de 5 à 2 ans la durée requise de séjour régulier sur le territoire national.

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Le harcèlement des exilés et des bénévoles associatifs au nord de Paris ou à Calais (Pas-de-Calais) a régulièrement été dénoncé. À défaut « de loger tout le monde dignement » et de ne plus « avoir des femmes et des hommes dans les rues », comme l’annonçait Macron en juillet 2017, l’État a préféré les invisibiliser.

D’autres ont perdu la vie à nos frontières, comme Blessing Matthew, 20 ans, morte noyée en mai 2018 dans une rivière des Alpes dans des conditions troubles ; Yaya Karamoko, 28 ans, mort noyé dans la Bidassoa, à la frontière franco-espagnole, en mai 2021 ; et Faisal, Mohamed et Ahmed, trois Algériens fauchés par un TER au Pays basque fin 2021. Vingt-sept personnes sont aussi décédées dans le naufrage du 24 novembre 2021 au large de Calais. À chaque fois, ces drames n’ont pas suscité la moindre remise en cause des politiques migratoires.

En dehors des frontières, la France a parfois brillé par son silence, refusant d’accueillir les quelques milliers de migrants massés à la frontière entre la Pologne et le Bélarus fin 2021. En Afghanistan, après la prise de pouvoir par les talibans mi-août 2021, 2 600 personnes ont été évacuées vers la France (contre 8 000 au Royaume-Uni et plus de 4 000 en Allemagne). Depuis, les réfugiés afghans peinent à faire rapatrier leurs proches, tandis que les demandeurs d’asile ne bénéficient plus forcément d’une protection comme ce fut le cas autrefois.

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Toujours à l’international, le chef de l’État affirmait vouloir « mettre fin au scandale moral et humain de la traversée des déserts et de la Méditerranée », assumant le fait de « porter une part de responsabilité ». Les naufrages n’ont pourtant pas cessé. Depuis 2014, plus de 23 000 personnes ont péri en mer, dont 11 000 depuis 2017.

Des naufrages ont aussi été observés entre l’Algérie et la France en 2021, alors que, dans le même temps, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin annonçait une réduction drastique du nombre de visas octroyés aux Maghrébins, pour mieux convaincre les autorités des pays concernés de reprendre leurs ressortissants ayant vocation à être expulsés. Avec le risque, pourtant, de renforcer les départs clandestins par la mer et d’alimenter le business déjà très lucratif des passeurs.

Peu importe, l’essentiel pour l’exécutif est de toujours davantage réduire les chiffres de l’immigration, dans une course effrénée à la « fermeté », parfois au coude à coude avec la droite et l’extrême droite. Les primo-délivrances de titres de séjour ont malgré tout augmenté de 21,9 % en 2021, pour passer de 222 928 à 271 675, mais restent à relativiser, compte tenu de la baisse observée en 2020 à cause du Covid-19 (− 19 %).

Pour les étudiants, qui ont vu les tarifs d’inscription à l’université fortement augmenter durant ce quinquennat, les titres délivrés ont baissé de 5 %. Le nombre d’admissions exceptionnelles au séjour a quant à lui chuté de 13 % entre 2020 et 2021, et de 23 % depuis 2018, tandis que le nombre d’éloignements a augmenté de 5,5 % en 2021.

 

 


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