Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - rfi - 14/04/2022

Près de 2,7 millions de déplacés d’Ukraine ont rejoint la Pologne, dont plus de 99 000 étrangers qui travaillaient ou étudiaient en Ukraine. À Varsovie, une association a ouvert un hôtel pour les accueillir et les aider. Reportage.

De notre correspondante à Varsovie, Sarah Bakaloglou

Dans ce bâtiment de deux étages en périphérie de Varsovie, une quinzaine de drapeaux ont été accrochés au mur et des mots de remerciement sont inscrits en plusieurs langues sur une grande feuille de papier.

Turkménistan, Ouzbékistan, Inde, Soudan, Maroc, Congo, Mali... "Depuis le début de la guerre, nous avons accueilli des personnes de plus de 34 nationalités" venues d'Ukraine, indique Marianna Ossolińska, membre de l’association KIK (le Club de l’intelligentsia catholique) et coordinatrice de l'hôtel, qui peut accueillir environ 70 personnes par nuit. "À l’origine, nous avions prévu d’accueillir chaque personne pour une durée de trois jours, mais nous avons observé que beaucoup d’entre eux ne sont pas prêts en si peu de temps à décider ce qu’ils veulent faire et restent donc plus longtemps", remarque la coordinatrice.

 

Les mots de remerciement dans plusieurs langues des réfugiés hébergé dans l'hôtel. Crédit : Klub Inteligencji Katolickiej/Katarzyna Jackowska
Les mots de remerciement dans plusieurs langues des réfugiés hébergé dans l'hôtel. Crédit : Klub Inteligencji Katolickiej/Katarzyna Jackowska

 

Assise dans le réfectoire, Lillian Pochi, une Nigériane de 31 ans étudiante en médecine en cinquième année à l’université d’Oujhorod, dans l’ouest de l’Ukraine, déjeune en silence. La jeune femme, qui a fui l’Ukraine avec pour seul bagage un sac rempli de livres de médecine, a trouvé refuge dans cet hôtel où le calme lui permet de continuer de suivre ses cours à distance.

>> À (ré)écouter : Ukraine: le soutien aux réfugiés

"J’ai fait les formalités pour demander un permis étudiant" en Pologne, "j’attends la réponse", confie cette étudiante qui ne souhaite pas retourner au Nigeria où elle juge l’insécurité trop grande. "Mais si j’obtiens ce permis, je vais devoir réfléchir à la manière dont je vais pouvoir poursuivre mes études en Pologne, car les frais de scolarité sont trois fois plus élevés qu’en Ukraine", s'inquiète-t-elle, espérant trouver un travail cet été afin de pouvoir financer ses études. Selon le ministère de l'Éducation ukrainien, un peu plus de 76 500 étrangers étudiaient en Ukraine en 2020.

Inégalités de traitement entre réfugiés 

Si la loi d’assistance aux citoyens de l’Ukraine, adoptée en Pologne le 12 mars, légalise le séjour des déplacés ukrainiens et des couples binationaux pendant une durée de 18 mois dans le pays et permet l’accès au marché du travail et aux aides sociales, elle ne s’applique pas aux ressortissants des pays tiers ayant fui l’Ukraine. "C’est donc très important d’avoir un hôtel pour accueillir les déplacés non-ukrainiens, car ils se retrouvent souvent dans une situation plus difficile que les autres, notamment parce que la loi ne les autorise à rester que 15 jours en Pologne", pointe Marianna Ossolińska. D’autant que certaines personnes ne souhaitent pas rentrer dans leurs pays d’origine, vivant depuis de nombreuses années en Ukraine.

"Il y a une inégalité de traitement importante", renchérit Agnieskza Matejczuk, juriste de l’association Stowarzyszenia Interwencji Prawnej. Cette ONG se rend régulièrement à l'hôtel pour informer les déplacés non-ukrainiens de leurs droits. Ceux qui possédaient un permis de résidence permanent en Ukraine peuvent demander la protection temporaire de l’Union européenne. Mais pour ceux qui y résidaient de manière temporaire, et c’est le cas des étudiants étrangers, rester en Pologne s’avère beaucoup plus compliqué. 

"Ils doivent passer par les procédures classiques et il y a de nombreux critères requis pour pouvoir obtenir un permis de résidence temporaire, dont la nécessité d’avoir des moyens financiers suffisants", indique ainsi Agnieszka Matejczuk. "Or, dans beaucoup de situations, c’est impossible, car ces personnes ayant fui la guerre n’ont rien !", s’exclame la juriste, qui plaide pour l'allègement de certains critères et l'allongement de la durée autorisée de séjour. Quinze jours sont, à son sens, insuffisants pour avoir le temps d’évaluer les opportunités d’études ou d’emploi en Pologne. 

Refuge et accompagnement 

À ces personnes arrivant "souvent extrêmement fatiguées, très tristes et traumatisées", l’association et les 80 volontaires œuvrant dans cet hôtel proposent un hébergement, des repas, des vêtements et des produits hygiéniques gratuitement. "Les non-ukrainiens ne sont pas si souvent hébergés chez des particuliers et c’est plus difficile pour eux de trouver un hébergement que pour les déplacés ukrainiens", observe Marianna Ossolińska, la coordinatrice de l’établissement. "C’est peut-être plus facile d’héberger des femmes et des enfants qu’un groupe d’hommes", avance-t-elle.

>> À (re)lire : Guerre en Ukraine: des jeunes Africains racontent leur exode et appellent leurs gouvernements à l’aide

La bénévole raconte l’histoire de trois étudiants du Tadjikistan en Ukraine qui devaient être hébergés chez des Polonais, avant que ceux-ci ne changent d’avis : la loi polonaise propose un – maigre – dédommagement pour l'hébergement des déplacés, mais uniquement pour ceux de nationalité ukrainienne. "Les non-ukrainiens de notre hôtel réalisent très bien qu’ils sont traités de manière différente, et c’est vrai, c’est le cas", souligne Marianna Ossolińska, donnant l’exemple de certains bus partant de Pologne pour des pays d’Europe de l’Ouest, réservés aux personnes de nationalité ukrainienne. 

"Nous essayons de les accompagner au mieux, en les informant de la possibilité de contacter leurs ambassades ou bien lorsque des moyens de transport sont possibles vers d’autres pays européens", explique Marianna Ossolińska. Le centre d'hébergement éphémère doit fermer ses portes fin mai, le propriétaire devant récupérer les lieux pour la saison estivale. "Nous avons décidé d'en ouvrir un nouveau, car les déplacés non-ukrainiens ne vont pas disparaître, les besoins sont importants", annonce la coordinatrice qui indique chercher un espace plus grand, afin de pouvoir accueillir entre 120 et 150 personnes.

Et aussi

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter