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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Leslie Carretero - 27/04/2022

En fin d'année dernière, Didier Leschi, patron de l'Ofii, avait été nommé médiateur par l'État pour trouver une solution avec les trois grévistes de la faim à Calais, qui dénonçaient les conditions de vie des exilés dans la région. À la suite de rencontres avec les militants et les associations, Didier Leschi avait annoncé plusieurs mesures dont celle de ne plus évacuer les campements informels sans en informer au préalable les occupants. Près de six mois plus tard, d'autres promesses n'ont pas été tenues, selon les militants.

Proposer "systématiquement" des hébergements aux migrants lors du démantèlement de leur campement, plus d'évacuation surprise, délai de 45 minutes accordé pour laisser aux exilés le temps de récupérer leurs effets personnels... Ces promesses avaient été faites début novembre par Didier Leschi, patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii). Ce dernier avait été envoyé en médiateur à Calais par les autorités pour répondre aux revendications des militants du nord de la France, parmi lesquels trois avaient entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de vie des exilés. Près de six mois plus tard, ces annonces sont-elles respectées lors des démantèlements de camps de migrants à Calais ?

1/ Un hébergement sera "systématiquement" proposé aux exilés lors des évacuations de campement

C'était la première promesse de Didier Leschi. Les associations affirment qu'elle n’a pas été tenue. "Les autorités n'ont jamais proposé d'hébergements lors des évacuations", assure Natacha*, juriste chez Human Rights Observers (HRO), qui documente les actions de l’État lors des démantèlements de campements.

Un sas d’accueil a bien ouvert quelques jours après la venue du médiateur. Mais la structure a fermé ses portes 12 jours après sa mise en service. Les migrants pouvaient venir y passer la nuit avant d’être transférés vers des centres adaptés à leur situation administrative.

>> À (re)lire : À Calais, l’État s’engage à proposer "systématiquement" un hébergement aux migrants

Depuis, des navettes passent du lundi au vendredi de 11h à 14h rue des Huttes, à Calais, pour orienter les exilés vers des centres d’hébergement de la région. Mais pour Natacha, ce système est "déconnecté des expulsions de camps". "Les personnes s’y présentent volontairement, il n’y aucun lien avec les démantèlements", signale la juriste. Et, selon les associations, la police n’informe pas les migrants de ce dispositif lors des évacuations.

Depuis quelques jours, une vingtaine de tentes campent devant le lieu de passage de ces navettes, dans l’espoir de pouvoir bénéficier d’une place au chaud. Mais certains de ces centres sont aussi saturés, selon Pierre Roques, coordinateur de l’Auberge des migrants.

2/ "Il n’y aura plus d’évacuation surprise" des campements de migrants

Là encore, il semble que les annonces de l’État ne sont pas suivies dans les faits. Les migrants ne seraient jamais prévenus en amont du démantèlement de leur camp. "Quelques jours après le déplacement du médiateur, la police venait avec un porte-voix et donnait 10 minutes aux personnes pour évacuer les lieux", se souvient Pierre Roques. "Mais ça non plus, ça n’a pas duré longtemps".

>> À (re)lire : Gaz lacrymogènes et LBD contre jets de projectiles : à Calais, des affrontements éclatent entre policiers et exilés lors d'une expulsion

Les exilés sont donc souvent surpris par les opérations des forces de l’ordre. D'autant que le rythme des évacuations varient. Les démantèlements ont dorénavant lieu le matin ou l’après-midi, toutes les 36h ou 48h, de manière aléatoire. Alors qu'auparavant, les expulsions de camps étaient systématiquement organisées le matin.

"Les personnes sont maintenues dans l’incertitude : elles ne savent jamais quand elles seront chassées. Parfois, elles ne sont pas là au moment des opérations et ne peuvent donc pas récupérer leurs affaires et leurs tentes", observe Natacha.

Depuis le 1er janvier, 560 expulsions ont été effectuées sur les lieux de vie des exilés à Calais. Et pour le seul mois d’avril, ce chiffre s’élève à 102, d’après les chiffres de HRO.

3/ Les migrants disposeront d’un délai "d’environ 45 minutes" pour rassembler leurs effets personnels avant un démantèlement

Le délai de 45 minutes non plus n’aurait jamais été respecté par les autorités. Cependant, depuis la médiation de Didier Leschi, les associations reconnaissent qu’il y a moins d’affaires saisies pendant les démantèlements. Les migrants présents au moment de la venue de la police peuvent désormais sortir du terrain avec leurs effets personnels et leurs tentes.

Mais le problème reste entier pour les exilés absents lors de ces opérations. Certains sont partis à des rendez-vous ou sont allés chercher à manger et ne retrouvent plus leurs affaires lorsqu’ils reviennent sur le campement. Et même si la personne arrive entre temps, il est déjà trop tard. "Une fois que la tente est prise par les agents de nettoyage, les policiers considèrent qu’ils ne peuvent plus rien récupérer", raconte Natacha.

Mi-janvier, un lieu de stockage des biens personnels des migrants perdus ou confisqués lors des évacuations a ouvert à Calais, rue des Huttes. Les exilés peuvent s'y présenter spontanément pour récupérer leurs affaires, aux horaires d’ouverture (de 13h à 16h du lundi au vendredi).

Mais pour les humanitaires, ce "dispositif inédit" vanté par les autorités ne fonctionne pas. "Ce n’est pas un système de récupération mais de redistribution", constate Natacha. "C’est au premier arrivé, premier servi".

Les sacs à dos, les téléphones ou les papiers d’identité sont restitués aux migrants qui peuvent se justifier. Mais les tentes, les couvertures, les bâches ou les vêtements sont donnés au premier venu, sans que ces affaires ne soient nominatives. Pour la simple et bonne raison, qu’il est "impossible de nommer le premier propriétaire", avait précisé à l’époque François Cordier, président de l’association Face Valo, mandatée par l’État pour gérer les lieux.

Les associations critiquent aussi un lieu éloigné des lieux des vie des migrants. Conséquences selon les militants : peu de personnes s’y rendent. Par ailleurs, au moment des évacuations, "quand la police prend leurs affaires, personne ne leur explique comment les récupérer. Donc les gens ne savent pas où aller", note Pierre Roques.

*Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressée.

**Contacté, Didier Leschi assure ne plus être sur le dossier de Calais car "mobilisé sur l'Ukraine". Le patron de l'Ofii nous renvoie vers la préfecture du Pas-de-Calais, qui n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations.

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