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Source : Le monde - Mehdi Lallaoui - 17/05/2022

A gauche, avec la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), les représentations de la diversité et des quartiers populaires passent à la trappe, constate, dans une tribune au « Monde », le réalisateur de documentaires Mehdi Lallaoui.

Dans l’appel du comité central de la garde nationale du 25 mars 1871, pour la Commune de Paris, il était écrit : « Citoyens, ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant de votre propre vie, souffrant des mêmes maux. (…) Cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. »

De nouveau, malgré les bonnes résolutions d’avant-élections, les représentants des quartiers populaires et de la diversité vont faire les frais de l’entente des partis de la nouvelle coalition de gauche, la Nupes, qui aspirent à devenir majoritaires dans la prochaine Assemblée nationale. Incorrigibles sont ces dirigeants qui refusent l’investiture aux dizaines de représentants de nos cités et aussi oublieux de cette formidable dynamique de nos banlieues, qui ne votaient plus, et qui a contribué de façon décisive à porter le score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle à 22 %.

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Ce sont encore les logiques d’appareils et d’hégémonie qui l’emportent aujourd’hui contre l’idée démocratique et de bon sens, que la représentation nationale devrait ressembler au réel des habitants de notre pays sur les lieux où ils vivent. Nous constatons, encore et toujours, cette distorsion entre l’affirmation de principes d’égalité et une pratique à l’inverse. Ainsi voyons-nous dans de nombreux départements des hommes et des femmes issus du terrain, citoyens et citoyennes très impliqués dans la vie de la cité et les combats d’émancipation, empêchés.

Une situation paradoxale pour la gauche

Il faudrait donc laisser les circonscriptions où nous vivons aux ténors de la politique venus parfois d’autres territoires, en nous excusant d’être là ? Lorsque nous interpellons les responsables politiques et notamment ceux du premier parti de la coalition de gauche, on nous répond la sempiternelle phrase qui clôt toute discussion : « Patience, les choses avancent dans les représentations », et de nous citer au compte-gouttes la poignée de représentants et représentantes de la diversité qui ont franchi la barrière de l’investiture.

Le paradoxe est dans les chiffres de cette mandature qui s’achève où le nombre de représentants élus de la diversité se retrouvait, non pas dans le camp progressiste, mais dans celui de la majorité présidentielle. Nous n’avons pas le temps de l’amertume et notre seule impatience est celle de la justice. Derrière les fables que l’on nous conte depuis des dizaines d’années, c’est en vérité l’incapacité des meneurs de jeu politiques à penser la citoyenneté représentative des Français héritiers des grandes migrations économiques du XXe siècle en France.

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Et si ces descendants, citoyens français, se retrouvent dans notre pays sur des territoires déclassés et malmenés, ce n’est certainement pas un hasard. Nous sommes nombreux à penser que l’implantation locale est essentielle pour représenter le pays à notre image, tout comme le revendiquait l’appel de la Commune de Paris aux électeurs de mars 1871. Ce n’est pas le fait d’être issu de la diversité qui légitime le ou la candidate acceptable.

Pour un vrai choix des électeurs

La vraie légitimité, c’est la reconnaissance de ses pairs à porter les combats pour l’émancipation et la justice. Durant la séquence électorale, ces « us et coutumes » de l’ancien monde que l’on nomme parachutage n’offusquent pas grand monde dans le personnel politique. Les citoyens que nous sommes affirment que ce détournement a la teinte de la démocratie, mais la teinte seulement. Nous pensons qu’il faut des gens du réel, des gens ancrés dans les vécus pour l’hémicycle délibératif.

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N’en déplaise aux grincheux de l’unanimisme et de la pensée unique et partisane, nous sommes tout simplement dans notre rôle de citoyens critiquant ce qui est critiquable, accompagnant les avancées lorsqu’elles existent et combattant toujours pour l’égalité des droits et la fraternité. Nous faisons également nôtre le constat sur les minorités du sociologue Abdelmalek Sayad (1933-1998) selon lequel « exister, c’est exister politiquement ».

Nous sommes convaincus que l’union à laquelle nous aspirons restera une illusion d’optique, si nous continuons à passer à la trappe du suffrage universel des pans importants de notre société, ces territoires les plus fragilisés de notre opulence hexagonale. C’est pourquoi nous soutiendrons passionnément et avec ardeur les hommes et les femmes qui porteront de façon indépendante, et là où la situation l’exige, nos valeurs communes de justice et d’égalité, face à ces quelques missionnaires de circonstance qui, pour certains, briguent un siège alimentaire et, pour d’autres, la survie de leur boutique politicienne.

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Dans le Val-d’Oise comme ailleurs, les habitants rêvent également d’être représentés par des mandataires qui leur ressemblent. Ceux des quartiers populaires n’accepteront pas de se faire conter la vie par d’autres, pas plus que les injonctions pour les faire taire. Nul « sauveur du peuple » pour prétendre représenter notre circonscription ouvrière, métissée et digne, et parler à la place de ses résidents. Nos voix nous appartiennent et nous ne renierons pas nos convictions et engagements auprès de nos électeurs. Ce sont eux, finalement, qui décideront de leur devenir en juin.

Mehdi Lallaoui est auteur, réalisateur et candidat indépendant pour le programme « L’Avenir en commun » à Argenteuil-Bezons (5e circonscription du Val-d’Oise). Son dernier documentaire s’intitule Sur les traces de Frantz Fanon.

 


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