Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMIgrants - Charlotte Boitiaux - 20/05/2022

Depuis des années, les ONG dénoncent le comportement du gouvernement maltais, accusé de laisser les canots de migrants à l’abandon en Méditerranée sans leur porter secours. Dans un rapport mis à jour ce mois-ci, le Conseil européen sur les réfugiés et exilés (ECRE) a, de nouveau, fustigé le petit pays européen pour sa politique migratoire.

On ne compte plus les "appels" restés sans réponses des navires humanitaires aux autorités maltaises. Depuis des années, la petite île européenne reste fermée aux débarquements des migrants secourus en mer Méditerranée. Jamais ou presque, elle n’a autorisé les ONG à entrer dans ses ports. Jamais ou presque non plus, elle n'est venue prêter main forte aux embarcations en détresse dans ses eaux territoriales.

Dernier exemple en date, la semaine dernière. Après avoir secouru 470 migrants – au cours de sept opérations - entre le 9 et le 12 mai, dans les zones de recherche et sauvetage libyenne et maltaise, le navire humanitaire Geo Barents n’a jamais pu entrer en contact avec La Valette, ni pour se faire aider à sortir les migrants de l'eau, ni pour un éventuel débarquement des rescapés dans un port maltais.

"Nous avons été, une nouvelle fois, consternés par l'inaction des autorités maltaises […] Les forces armées maltaises, qui sont les premières responsables des sauvetages dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise, ont été informées en même temps que nous [du naufrage], mais elles sont restées silencieuses et inactives, négligeant leur obligation légale de fournir ou de coordonner une assistance. Elles ont également ignoré notre demande de port de sécurité", a déclaré à ce propos, le 19 mai, Juan Matias Gil, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF), qui affrète le Geo Barents, en Méditerranée centrale.

Ce mutisme des autorités maltaises est depuis longtemps documenté par les ONG. Le dernier rapport du Conseil européen sur les réfugiés et exilés (ECRE), publié en 2021 et mis à jour ce mois-ci, détaille les comportements "illégaux" voire cyniques de l’île européenne.

À cause du Covid, "Malte ne peut plus garantir le sauvetage des migrants"

C’est en avril 2020 que Malte ferme ses frontières aux personnes arrivant illégalement par voie maritime – et ce, même si ces derniers réclament une protection internationale. Cette année-là, La Valette argue des restrictions liées à la pandémie mondiale.

"Le gouvernement a publié une déclaration indiquant qu'à la lumière du COVID-19 et des problèmes logistiques et structurels des services de santé associés à la pandémie, Malte ne pouvait plus ‘garantir le sauvetage des migrants interdits' à bord de n'importe quel bateau ou autres navires, ni assurer la disponibilité d'un ‘endroit sûr’ sur le territoire maltais pour toute personne secourue en mer", écrit l’ECRE dans son rapport.

 

Les migrants assis dans le port de La Valette, à Malte, le 25 mai 2019. Crédit : Reuters
Les migrants assis dans le port de La Valette, à Malte, le 25 mai 2019. Crédit : Reuters

 

>> À relire : Malte refuse de coordonner le sauvetage de 86 migrants en détresse

On note quelques exceptions, évidemment. Le 6 juin 2020, face à la pression internationale, Malte a finalement autorisé le débarquement de 425 migrants sur son sol. Mais tous ont été envoyés en détention.

Carte blanche aux Libyens

Pis, pour ne pas avoir à porter secours, Malte laisse carte blanche aux garde-côtes libyens pour s’occuper des interceptions des canots d’exilés. "Les autorités sont accusées de faire tout leur possible pour empêcher les bateaux d'entrer dans leur SAR zone [zone de recherche et de sauvetage] conformément à un protocole d’accord entre La Valette et Tripoli, signé en mai 2020", rappelle l’ECRE. Et ce, en dépit des conditions de vie intolérables pour les migrants renvoyés vers Tripoli.

En avril 2020, par exemple, des personnes qui se trouvaient à bord d’une embarcation de fortune dans la SAR zone maltaise ont été interceptées par un navire marchand, le Dar As Salam 1, qui les a ensuite remis aux garde-côtes libyens. Tous ont été ramenés au port de Tripoli. À cette époque, le New York Times avait révélé que les autorités maltaises affrétaient une flotte de navires privés, dont le Dar As Salam 1, afin d'empêcher les migrants d'atteindre l'île et de les renvoyer en Libye.

Plus de 32 000 migrants, dont plus de 1300 mineurs, ont ainsi été interceptés par la marine libyenne en mer et ramenés à Tripoli en 2021.

"Un bateau en mouvement n'est pas un bateau en détresse"

Un comportement qui désespère toutes les associations de secours en mer. "Nous observons que les forces armées maltaises ne viennent plus du tout au secours des bateaux en détresse dans leur zone de recherche et de secours. À la place, ils comptent sur les navires de commerce et sur les garde-côtes [libyens] qui renvoient les gens vers la Libye", expliquait aussi en mai 2021 l’association Alarm Phone, qui localise les canots à la dérive.

 

Lampedusa se trouve à 170 km de Malte. Crédit : Google map
Lampedusa se trouve à 170 km de Malte. Crédit : Google map

 

Malte n’hésite pas non plus à remettre en question le danger auquel font face les embarcations repérées en mer. "[Le pays] considère que ‘tout bateau qui est encore en mouvement n'est pas en détresse, bien que ses passagers y soient en surnombre et que personne n’ait de gilet de sauvetage’", note encore l’ECRE. "Depuis mai 2020 et tout au long de 2021, les autorités de Malte ont donc drastiquement diminué leurs sauvetages en mer."

Résultat : avec un minimum de sorties maritimes, le pays enregistre un record de non-accueil de migrants. Selon les chiffres du Haut-Commissariat des réfugiés à l’ONU, seuls 832 exilés sont arrivés par mer sur l’île, sur toute l’année 2021. Soit une diminution de 63 % par rapport l'année précédente lors de laquelle 2 281 personnes avaient débarqué dans le pays.

À titre de comparaison, le 28 août 2021, 800 migrants ont débarqué sur l’île voisine de Lampedusa en une seule journée. La minuscule île italienne a comptabilisé au total 64 500 migrants arrivés en 2021.

"Certaines des mesures de Malte peuvent avoir provoqué des actes criminels, entraînant des morts évitables"

Mais Malte se soucie peu des comparaisons et des remontrances internationales. En septembre 2021, Amnesty international avait déjà épinglé l’île pour ces pratiques jugées illégales. "Certaines des mesures prises par les autorités maltaises peuvent avoir provoqué des actes criminels, entraînant des morts évitables, des détentions arbitraires prolongées et des retours illégaux vers la Libye déchirée par la guerre", avait alors détaillé Amnesty. En vain.

Et en mai 2021, l’ONU, dans un rapport critique, avait non seulement confirmé l’existence de nombreux refoulements orchestrés par La Valette mais aussi pointé du doigt l'incapacité du pays à fournir une assistance rapide aux migrants en détresse en Méditerranée centrale. L’ONU avait appelé le pays à respecter ses obligations maritimes. Une requête restée à ce jour lettre morte.

La Méditerranée centrale reste une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Depuis le début de l’année, au moins 572 migrants y ont péri en tentant de rejoindre l’Europe sur des embarcations de fortune, d’après les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et au total depuis 2014, ce sont près de 24 000 personnes qui sont mortes ou ont disparues en mer.

Et aussi

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter