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Source : InfoMigrants - Marion MacGregor - 17/06/2022

Au Portugal, le besoin croissant en main-d'œuvre bon marché a créé des opportunités pour les migrants. Mais il est également exploité par les réseaux de traite d’êtres humains. Un groupe d'experts lance un appel aux autorités.

Lorsqu’au printemps et en été la récolte des fruits et légumes bat son plein, les journées de travail semblent interminables pour les migrants dans les régions d’Almeirim et d’Alentejo, dans le sud du Portugal.

La demande de produits provenant de cette partie de l'Europe ne cesse de croître. Pour les agriculteurs, les travailleurs migrants sont généralement moins chers et plus simples à trouver que de la main-d’œuvre portugaise.

Mais cet essor du secteur agricole offre parallèlement des opportunités aux trafiquants, qui recrutent et exploitent des migrants vulnérables.

Le Portugal a commencé à s'attaquer au problème. Cependant, le Groupe d'experts sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA) du Conseil de l'Europe estime que le gouvernement doit en faire davantage, notamment pour les demandeurs d'asile.

 

Les travailleurs migrants sont également recrutés en masse dans le sud de l’Italie. Crédit : Picture alliance
Les travailleurs migrants sont également recrutés en masse dans le sud de l’Italie. Crédit : Picture alliance

 

Plus de 1 150 victimes de traite

Toute personne recrutée et exploitée, que ce soit sexuellement, par le travail forcé, pour de la mendicité, sous la forme d’esclavage ou encore pour le prélèvement d'organes est considérée comme étant une victime de traite d’êtres humains.

Entre 2016 et 2020, plus de 1 150 victimes de ces crimes ont été recensées au Portugal, selon un rapport du GRETA publié cette semaine.

La majorité d’entre elles viennent d’Inde et presque toutes ont été exploitées au travail. Il ne s'agit là que des victimes connues, des personnes qui ont réussi à s'échapper ou qui ont osé se signaler.

Pourtant, comme l'a révélé l'enquête du GRETA, aucun demandeur d’asile ne figure dans la liste des victimes recensées, bien que les demandes d’asile sont en hausse. "Le GRETA s'inquiète de ce manque d'identification [des victimes de la traite parmi les demandeurs d'asilen ndlr]", explique Daniela Ranalli, membre du secrétariat du groupe.

Selon elle, le Portugal est connu pour être un pays de "destination" mais aussi d'origine et de transit de personnes victimes de traite. Dans certains cas, les migrants sont victimes des trafiquants dans leur pays d'origine ou sur leur chemin vers le Portugal. D'autres personnes sont exposées pour la première à cette exploitation une fois arrivées au Portugal.

>> À (re)lire : Au Portugal, le tourisme chasse les migrants des centres-villes

Arjun Joshy est originaire du Kerala, dans le sud de l'Inde, et s'est rendu au Portugal en 2019 avec un visa touristique. Il raconte avoir été piégé par un "agent d’emploi" à l'aéroport de Lisbonne et avoir payé 1 350 € pour obtenir du travail et des papiers. Après des mois de cueillette de baies pour un peu plus de 200 € par mois, il attendait toujours ses papiers. Lorsqu'il est tombé malade, il explique avoir dû payer 800 euros de sa poche pour se faire soigner.

 

Arjun Joshy a réussi à ouvrir un petit garage automobile au Portugal. Crédit : Jochen Faget/DW
Arjun Joshy a réussi à ouvrir un petit garage automobile au Portugal. Crédit : Jochen Faget/DW

 

Passer entre les mailles du filet

Le Portugal s'est efforcé d'améliorer son système d'identification des victimes et de poursuite judiciaire des trafiquants d'êtres humains. Le pays a fait quelques progrès, d'après Daniela Ranalli, du GRETA. Mais les méthodes de recensement sont encore limitées et de nombreux trafiquants passent entre les mailles du filet.

Ainsi, certains cas de traite d’êtres humains sont classées dans les affaires d'immigration illégale, de proxénétisme ou d'exploitation au travail. "Vous pouvez avoir des cas de victimes de traite présumées, mais qui font ensuite l'objet d'enquêtes et de poursuites pour d'autres crimes," explique encore Daniela Ranalli

Par ailleurs, certaines personnes ne réalisent pas qu’elles sont exploitées, de par la barrière de la langue mais aussi le manque de connaissance de ses droits.

Lenteur des procédures

Au Portugal, lorsqu’une personne est reconnue comme étant victime de traite d’êtres humains, elle est hébergée dans un refuge dans lequel, contrairement aux pratiques de nombreux autres pays, elle peut rester aussi longtemps qu'elle le souhaite. Dans ces centres, les victimes bénéficient d'un soutien psychologique et d'une aide pour accéder au marché du travail.

En revanche, le système portugais actuel rend l’accès à une assistance juridique très compliquée aux sans-papiers. Il faut en effet remplir plusieurs conditions, dont celle d’être en situation régulière.

Et bien que la loi portugaise prévoit d’accorder un droit de résidence aux victimes de traite d’êtres humains, la procédure d’une demande de permis de séjour peut parfois prendre jusqu’à deux ans. "La procédure d'obtention d'un permis de séjour est trop longue et leur nombre est également très limité", affirme Daniela Ranalli. "Cela laisse les victimes dans une situation d'incertitude qui peut accroître leur vulnérabilité."

***Des informations sur la traite des êtres humains au Portugal, y compris sur l'aide aux victimes, sont disponibles ici.

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