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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Julia Dumont - 07/07/2022

De nombreux départements français sont concernés par les hausses d’Obligations de quitter le territoire (OQTF) remises à de jeunes étrangers en formation professionnelle. De Bordeaux à Dijon, des associations et des patrons d'entreprises se mobilisent pour tenter de leur permettre de rester en France pour poursuivre leur formation.

"La situation est catastrophique". Ce lundi 4 juillet, au téléphone, Maryvonne Blum a la voix fatiguée par quatre jours de mobilisation. La présidente de la section de la Ligue des droits de l'Homme de l'Aube participe, depuis vendredi, à Troyes, à une permanence d'informations pour défendre les jeunes apprentis étrangers visés par des Obligations de quitter le territoire (OQTF). Les bénévoles ont également préparé des tracts et des affiches à distribuer lors de déambulations dans la ville.

L'objectif est de faire connaître au grand public une situation qui les préoccupe. Depuis 2020, les cas de jeunes apprentis étrangers arrivés mineurs en France et recevant des Obligations de quitter le territoire (OQTF) à leur majorité se multiplient. Pourtant ces jeunes suivent des formations voire obtiennent des promesses d'embauche.

Dans l'Aube, le motif de refus de titre de séjour le plus souvent invoqué par le préfecture est l'irrégularité des documents d'identité. Pour demander un titre de séjour, un jeune étranger doit fournir, entre autres, une pièce d'identité avec photo (pas forcément un passeport) et un certificat de son état civil.

"Harcèlement administratif"

Mais, "le secrétaire général de la préfecture rejette tous les documents que les jeunes lui présentent", avance Maryvonne Blum. "Un tampon mis à l'envers ou un cachet qui bave un peu" peuvent être des motifs de rejet des documents, affirme la militante qui dénonce une forme de "harcèlement administratif".

En Gironde, l'authenticité des documents d'identité des jeunes est également souvent remise en question, principalement pour les jeunes originaires du Mali et de Guinée, selon le site Actu Bordeaux. Serait-ce lié à une dégradation des relations entre la France et ces pays ? Difficile de l'affirmer. "C’est très triste mais depuis le coup d’État dans mon pays [en mai 2021], il n’y a plus d’ambassadeur du Mali à Paris et plus d’ambassadeur de France à Bamako et on ne nous répond plus au téléphone. Je ne sais pas s’il y a une relation de cause à effet sur les OQTF délivrées à nos jeunes", déplore Philippe Anizan, le Consul honoraire du Mali à Bordeaux, interrogé par Actou Bordeaux.

En Côte d'or aussi, l'irrégularité des documents administratifs est un motif de refus de titre de séjour souvent évoqué. Paul Garrigues, co-animateur du groupe de travail national étranger-immigré de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) fait remonter à 2017 le durcissement de la préfecture vis-à-vis des jeunes étrangers arrivés mineurs en France.

Des patrons impliqués

Mardi 5 juillet, au cours d'une conférence de presse organisée par la LDH, SOS Refoulement, la Cimade, le Mouvement de la paix et l'Action catholique ouvrière, le militant a évoqué le cas de Souleymane, un jeune Malien de 19 ans, apprenti cuisinier. Formé à l’École des Métiers de Dijon Métropole, le jeune homme devient apprenti dans un restaurant de Dijon en 2019 avant de faire l'objet d'une OQTF à sa majorité. Souleymane a alors perdu son travail mais est soutenu par ses employeurs qui ont écrit à la préfecture pour défendre son dossier, rapporte le site Infos Dijon.

Les patrons d'apprentis étrangers eux-mêmes finissent par monter au créneau face à la décision de la préfecture d'expulsion des jeunes qu'ils souhaiteraient embaucher. "Il y a quelques années, les patrons venaient nous voir discrètement au sujet de ces jeunes. Mais maintenant, ils vont voir le préfet, ils parlent à la presse, ils lancent des pétitions. La préfecture n'aime pas beaucoup ça", affirme Paul Garrigues.

En 2021, les Ateliers de l'Armançon, qui confectionnent, à Sémur-en-Auxois, des articles en cuir pour la maroquinerie de luxe, ont lancé une pétition demandant l'annulation de l'OQTF de l'un de leurs apprentis. "Aider Salif, ce n’est pas seulement humaniste, c’est raisonnable car ce jeune homme a un talent hors pair dont on ne saurait se passer aujourd’hui", soulignait à l'époque l'entreprise dans le texte de la pétition.

>> À lire : Laye Traoré, l'apprenti boulanger devenu le visage de la galère des jeunes étrangers en France

Ces situations rappellent celle, plus médiatisée, du jeune apprenti boulanger de Besançon (Doubs), régularisé après que son parton a fait une grève de la faim pour le soutenir. La régularisation de Laye Fodé Traoréiné avait fait souffler un vent d'espoir et de nombreux patrons avaient lancé des pétitions en ligne pour réclamer la régularisation de leurs apprentis.

"On fabrique une situation explosive"

Malheureusement, la mobilisation ne suffit pas toujours à empêcher les expulsions. Après deux mois dans le CRA de Vincennes, Maurice, 20 ans, a été expulsé vers la Guinée le 3 juillet. Le jeune homme, arrivé en France à l’âge de 15 ans, a reçu une OQTF de la préfecture de l’Aisne après avoir déposé une demande de titre de séjour.

Après un apprentissage en restauration, et une promesse d'embauche, le jeune homme a reçu son avis d'expulsion qu'il n'a pas pu contester : il n'habitait plus au lieu où elle a été envoyée, il n'était donc pas au courant de sa réception. La Ligue des droits de l'Homme et le Réseau éducation sans frontière ont lancé une pétition qui a recueilli plus de 3 000 signatures mais rien n'y a fait. Le jeune a été renvoyé.

Ces menaces d'expulsion sont très difficiles à vivre pour des jeunes qui se sont investis dans leur formation. À Troyes, Maryvonne Blum s'inquiète même pour leur santé mentale car, selon elle, cette situation provoque chez les jeunes des risques de suicide et de délinquance. "Dans nos permanences téléphoniques, on a des appels de jeunes en larmes qui nous disent : 'Je fais quoi maintenant ?'" La militante met en garde : "On fabrique une situation explosive."

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