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Source : le monde - Yan Gauchard - 18/07/2022

Fondée il y a seize ans, l’association Accompagnement migrants intégration devrait voir sa liquidation prononcée mardi. Les finances de la structure ont plongé dans le rouge après que l’Etat a annulé le versement de crédits « promis ».

Le couperet est tombé, mardi 12 juillet. Après plusieurs relances, la Caisse des dépôts et consignations, opérateur pour l’Etat du programme « Intégration professionnelle des réfugiés » (IPR), a officiellement signé l’arrêt de mort de l’association Accompagnement migrants intégration (AMI), pilier de l’aide aux exilés à Nantes. Dans un courriel adressé au mandataire judiciaire en charge du suivi de la situation financière de l’association, elle confirme que la structure – qui épaule 1 400 personnes – ne percevra pas la deuxième tranche de subventions prévue dans le cadre de l’appel à projets qu’elle a pourtant remporté en 2020.

Pour justifier cette volte-face, la Caisse des dépôts et consignations invoque « un non-respect des objectifs » et « l’utilisation non conforme des fonds alloués ». Les crédits mobilisés par le programme IPR, explique-t-on en substance, doivent uniquement « profiter » aux réfugiés ou aux exilés bénéficiant d’une protection internationale – tels les ressortissants ukrainiens –, qui disposent de titres de séjour provisoire. Or, sujet de frictions : l’association AMI, qui a décroché 700 contrats payés au smic l’an passé, déploie aussi son action auprès de demandeurs d’asile, munis d’autorisations de travail, dont la situation juridique n’est pas tranchée.

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« Les représentants de l’Etat disent qu’ils ne veulent pas donner de faux espoirs aux demandeurs d’asile en leur laissant penser qu’ils pourront être régularisés grâce à leur emploi, se désole Catherine Libault, présidente de l’association qu’elle a fondée en 2006. Mais qu’est-ce qu’on veut ? Laisser ces personnes dans la misère, alors que les délais de traitement de leur procédure s’étirent souvent sur deux années ? Les gens qu’on suit sont mieux à travailler. Au moins, ils s’intègrent, cela vaut bien mieux que de tomber dans la délinquance pour survivre. »

« Plus que 60 euros de trésorerie »

Faute de moyens financiers, l’association, qui a étoffé ses services et compte sept salariés, est aux abois, ne comptant « plus que 60 euros de trésorerie ». Sa liquidation devrait être ordonnée le 19 juillet. Au grand dam d’entrepreneurs qui s’appuient sur les recrues envoyées pour faire tourner leur activité. « Aujourd’hui, l’association est incontestablement un acteur-clé du milieu économique maraîcher », souligne Patrice Rouillard, patron de La Fraiseraie du lac, à La Chevrolière, au sud de Nantes.

En avril, l’association AMI a contribué à sauver la saison du muguet, assurant le recrutement et le transport de 380 migrants pour les producteurs de clochettes blanches. De nombreux viticulteurs misent aussi sur la structure pour leur adresser une soixantaine de travailleurs lors des prochaines vendanges. « La structure abat un boulot monstre », souffle M. Rouillard, qui note : « Les migrants sont bien accompagnés, suivent des cours de français ainsi que des cours d’instruction civique. Tout le volet administratif – autorisations de travail, vérifications des titres de séjour, papiers… – est aussi géré par l’association. C’est de l’or en barre… »

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Les menaces pesant sur l’AMI minent aussi Arnould Njoroge, Rwandais de 33 ans, ayant vécu plus de la moitié de son existence comme « sans-papiers »​, qui a décroché un CDI, puis un titre de séjour, après avoir bénéficié du soutien de la structure. « L’AMI, dit-il, c’est comme ma famille. Ici, on m’a toujours regardé comme un humain. »

Interrogée, la ville de Nantes, qui met des locaux à disposition de l’association, explique qu’elle ne peut « pas se substituer à l’action de l’Etat », et précise ne pas avoir été « saisie d’une demande de subvention exceptionnelle ».

Les graves difficultés rencontrées par l’AMI soulèvent « une question de fond », selon Yves Pascouau, élu municipal délégué à la question des migrants, qui se résume ainsi : « Pourquoi est-ce que l’Etat français refuse que les demandeurs d’asile puissent exercer une activité économique dès le premier jour du dépôt de leur demande de titre de séjour ? »

« Personne n’est venu voir le boulot qu’on accomplit, se désole Anne Richet, juriste au sein de l’association. La décision de supprimer les crédits promis a été prise dans un bureau à Paris. On ne parle pas des résultats qu’on obtient, ni du fait que les employeurs sont satisfaits de notre action. » « Fermer l’AMI serait une catastrophe, renchérit M. Njoroge. Si quelqu’un doute des bons résultats engrangés, qu’il vienne ici. Cette association fait du bien et ça se voit, non ? »

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