La réponse du Royaume-Uni face aux arrivées croissantes de petits bateaux de migrants sur ses côtes est médiocre. Telle est la conclusion d'une enquête indépendante, publiée jeudi 21 juillet outre-Manche, menée sur la gestion des demandeurs d'asile par Londres.

Ce rapport, commandé par la ministre de l'Intérieur britannique Priti Patel révèle l'incapacité des autorités à gérer les arrivées toujours plus nombreuses de personnes fuyant, notamment, l'Afghanistan, la Somalie et l'Irak pour demander l'asile dans le pays.

L'auteur de ce rapport, David Neal, inspecteur en chef des frontières et de l'immigration, n'y va pas de main morte. "Le volume [des arrivées] est sans précédent, et certains jours le système est clairement dépassé", estime-t-il.

Selon l'expert, les méthodes employées par les autorités britanniques pour récolter des informations sur les migrants sont "catastrophiques". Le matériel de sécurité utilisé est trop ancien et "n'est pas fiable", quant aux procédures, elles sont mal maîtrisées, tance David Neal, qui juge ces manquements "inexcusables".

Plus de 200 migrants se sont enfuis

En seulement quatre mois, plus de 200 migrants se sont enfuis des hôtels dans lesquels ils étaient logés après leur arrivée, a encore révélé ce rapport. D'autres n'ont par ailleurs pas été soumis aux processus d'identification par biométrie.

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Ce rapport a atterri sur le bureau de Priti Patel en février dernier, soit il y a cinq mois, dans le but d'être publié en avril, mais le ministère de l'Intérieur a tardé à prendre ses conclusions en compte, a expliqué David Neal. Ce dernier s'est dit "frustré" par cette lenteur.

Le Home Office, de son côté, a fait savoir qu'il avait accepté toutes les recommandations faites par David Neal et qu'il avait déjà modifié sa façon de gérer les migrants qui arrivent à bord de canots. 

Les vedettes des "Border Force" inadaptées aux opérations de recherche

Jeudi, un autre rapport indépendant a lui aussi dressé un bilan très critique de l'action des autorités britanniques. Selon ce document, établi par l'ancien ministre de l'immigration australien Alexander Downer, les forces frontalières (Border Force, en anglais) ne parviennent pas à se sortir d'un fonctionnement de "gestion de crise", et travaillent de manière "sous-optimale".

Conclusions : elles ont été totalement "inefficaces" en ce qui concerne la gestion des arrivées de migrants sur l'île.

Pire, elles ont été "possiblement contre-productives" et leurs actions n'ont pas dissuadé les migrants d'entreprendre la traversée de la Manche, loin de là. Le rapport ne donne toutefois pas d'exemples concrets de cette "contre-productivité".

L'enquête a cependant pointé le fait que les vedettes utilisées par les "Border Force" ne sont pas appropriées pour effectuer des opérations de recherche et de sauvetage.

Ces lourdes critiques surviennent alors que Londres a déployé ces derniers mois un arsenal de mesures strictes pour tenter de contrer les arrivées de migrants, au premier rang desquelles le très controversé accord avec le Rwanda.

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Le Royaume-Uni a également annoncé en juin la mise en place d'une mesure visant à localiser, à l'aide de bracelets électroniques équipés de GPS, des migrants arrivés illégalement dans le pays.

Des mesures qui n'ont, semble-t-il, pas donné les résultats escomptés : depuis le début de l'année 2022, environ 15 100 personnes ont atteint le Royaume-Uni après avoir traversé la Manche depuis la France. Soit près du double du chiffre enregistré en 2021 à cette période de l'année.