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Source : le monde - Grégoire Mérot - 24/08/2022

Alors que Gérald Darmanin menait une offensive contre l’immigration clandestine sur le territoire, lors de sa visite, un groupe de migrants venu de la région des Grands Lacs en Afrique de l’Est campaient devant la préfecture pour dénoncer leurs conditions d’accueil sur l’île.

Des bidons d’eau, un sac de charbon, quelques tissus tendus et des matelas crasseux à même le sol. Lors de sa visite de trois jours en terre mahoraise, le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, n’a pas pu ignorer ce campement d’infortune devant les grilles de la préfecture de Mayotte. « On espérait un geste, des réponses, mais on ne nous a pas dit un mot, la galère continue », se désole Moussa (il ne souhaite pas donner son nom, comme toutes les personnes citées par leur seul prénom), un ressortissant burundais de 27 ans. Autour de lui, une vingtaine de demandeurs d’asile, issus de la région africaine des Grands Lacs, venus « se montrer » pour protester contre les conditions d’accueil que leur réserve le département français.

Des enfants jouent, d’autres pleurent. Un nourrisson de 3 semaines reçoit un biberon au côté de son grand frère, prostré de douleur après s’être renversé la marmite commune d’eau bouillante sur les bras. « On vit comme ça, et tout le monde s’en fiche, je ne pensais pas que c’était comme cela la France, reprend Moussa. J’ai fui le Burundi en 2015, à cause de la guerre, je suis resté dans les camps de réfugiés en Ouganda pendant trois ans, puis, arrivé en Tanzanie, on m’a proposé de venir ici, on m’a dit que l’on s’occuperait de moi, mais je n’ai jamais été aussi maltraité de ma vie. »

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A Mayotte, où la filière de l’immigration clandestine en provenance d’Afrique – il faut débourser environ 2 000 euros au départ de la Tanzanie, en passant par les Comores pour un voyage en kwassa-kwassa, des canots de pêche – ne cesse de se professionnaliser, le flot de réfugiés africains débarquant sur ses côtes ne faiblit pas. Des hommes, des femmes et des enfants leurrés. Car si le drapeau français tant espéré flotte bien sur les façades de la préfecture du 101e département, le régime des demandeurs d’asile y est dérogatoire. Très rarement logés durant l’instruction de leurs dossiers faute de places d’hébergement social, ils ne reçoivent en parallèle que un euro par jour. « Qu’est-ce que l’on fait avec ça ? On ne peut pas vivre dignement. Moi je ne mange pas pour pouvoir nourrir les enfants », commente Virginie, une migrante congolaise accompagnée de trois bambins. « Ils ne vont même pas à l’école, personne ne veut les inscrire », dénonce-t-elle.

Racket et agressions

Car, au-delà d’une discrimination légale, les « Africains de Mayotte » dénoncent une xénophobie patente à leur égard. Racket par des bandes de jeunes et agressions gratuites se multiplient. Le 13 juillet, un père de famille est ainsi mort après un acharnement barbare – mutilations à la machette et à coups de pierre. « C’était une boucherie, de la haine sauvage », commente Moussa, ami et compatriote de la victime. Le procureur de la République évoque lui aussi un meurtre à caractère ethnique.

La tension ne faiblit pas, alimentée par les ari ari, les « rumeurs ». Pour nombre de ressortissants comoriens, principale population émigrée à Mayotte, les « Africains » seraient protégés par l’Etat quand ce dernier s’acharnerait sur leur sort. C’est d’ailleurs l’explication fournie en off par un haut fonctionnaire, aujourd’hui hors territoire : si l’on aide davantage les immigrés venus d’Afrique, un ressentiment dont on ne mesure pas les limites viendrait à naître au sein de la communauté comorienne en situation irrégulière.

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Car, seule différence de traitement notable – et non des moindres –, les ressortissants comoriens sans papiers sont expulsés tous les jours du territoire, pour une moyenne de 20 000 personnes reconduites par an. Trop onéreux, les vols retours vers les Grands Lacs n’existent pas pour les Africains, même en cas de refus de la demande d’asile. « Alors on reste là, comme dans une prison, dans des conditions inhumaines, indignes », poursuit Moussa, se faisant porte-parole de ses compagnons de misère. « De toute façon, si je rentre chez moi, c’est la mort », assure encore le Burundais, présent à Mayotte depuis trois ans durant lesquels « rien n’a changé ». « Je n’ai juste plus droit au bon d’achat [de un euro par jour] », ajoute-t-il.

« On demande seulement de pouvoir travailler pour se nourrir, s’habiller », expliquent en chœur les occupants du campement. Pas question, rétorque Gérald Darmanin, interrogé sur le sujet par Le Monde. En revanche, le ministère veut pousser à l’accélération des traitements des demandes d’asile. Et travaille, en lien avec la préfecture, pour organiser le rapatriement des ressortissants africains déboutés. A l’aune de ces propos rapportés, Moussa se frappe le front du creux de la main. « Soit on meurt de faim ici, soit on meurt là-bas. »

 


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