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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : le monde - Luc Leroux - 10/10/2022

Vingt-deux membres du groupuscule d’extrême droite ont attaqué, en 2018, les locaux de SOS Méditerranée, l’association de sauvetage en mer de migrants.

Ils disaient vouloir « préserver les traditions françaises et européennes », « promouvoir [leur] identité en luttant contre l’islamisation, l’immigration, l’insécurité » : vingt-trois militants de Génération identitaire sont jugés à partir de lundi 10 octobre pour l’assaut des locaux de SOS Méditerranée, l’association de sauvetage en mer des migrants embarqués sur des bateaux de fortune.

Le 5 octobre 2018, à la veille d’une manifestation européenne pour réclamer un pavillon pour l’Aquarius – le bateau de SOS Méditerranée qui, en trois ans, aura secouru 30 000 personnes –, vingt-deux militants du groupe d’extrême droite font irruption dans les locaux de l’association, en plein centre de Marseille. Ils accrochent aux fenêtres une banderole de dix mètres sur cinq : « SOS Méditerranée complice du trafic d’êtres humains ! Génération Identitaire » et allument des fumigènes. Une action en mode commando comme le groupe d’extrême droite en a déjà menées : le chantier d’une mosquée à Poitiers en 2012, le siège du Parti socialiste rue de Solférino, à Paris, en 2013, l’occupation du toit de la caisse d’allocations familiales de Bobigny en 2019, des « barrages antimigrants » dressés dans les Alpes et les Pyrénées en 2018 et 2021. L’opération est filmée, destinée aux médias d’extrême droite.

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Dix-neuf garçons et trois filles, à l’époque âgés de 18 à 33 ans, originaires de toute la France, sont jugés pour « violences volontaires en réunion et participation à un groupement en vue de les commettre », ce qui leur fait encourir cinq ans de prison et une amende de 75 000 euros. La vingt-troisième prévenue, Anaïs Renon alias Lignier, à l’époque porte-parole de Génération identitaire, comparaît pour la diffusion des images de cette agression. A Marseille, au pied de l’immeuble de l’association, elle s’était fait passer pour une journaliste indépendante afin de filmer l’action.

« Happening pacifique »

En file indienne, silencieux dans l’escalier, les assaillants avaient attendu l’ouverture de la porte de l’association à laquelle l’une des leurs avait sonné, prétextant vouloir devenir bénévole. L’invective « Trafiquants d’être humains, ça va mal se passer pour vous » est lancée lors de l’irruption du groupe, équipé de caméras GoPro et brandissant des appareils photo sur des perches à selfie. Brutalisés, ceinturés, empoignés, les sept salariés de SOS Méditerranée présents sont sortis de force. Parties civiles dans ce procès, ils devraient témoigner de la peur qui a été la leur. « Nous étions attaqués et nous ne savions pas ce qu’ils voulaient. Avec les menaces d’attentats terroristes, nous avons pensé à mille trucs », a expliqué une salariée.

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Les militants de Génération identitaire parlent, eux, d’une « action médiatique à but politique », un « happening entièrement pacifique », de « l’agitprop, dira même l’un d’eux, pour mettre en avant la problématique des migrants en France ». « Je comprends que ce n’est pas poli de rentrer dans des locaux de la sorte, mais je réfute totalement le qualificatif de violences », répond au juge d’instruction Jérémie Piano.

Condamné en mai à 1 000 euros d’amende avec sursis pour « provocation à la haine » pour avoir collé en 2020 sur les murs d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) des affiches portant le slogan « Immigration Racaille Islamisation. Reconquête », ce porte-parole de Génération Identitaire était candidat du parti d’Éric Zemmour, Reconquête !, aux élections législatives de juin à Aix-en-Provence.

En retenant l’infraction de « groupement en vue de la préparation de violences », le juge d’instruction estime que cet assaut a été organisé en amont et coordonné lorsqu’il a été donné. « Nous sommes recrutés à l’aveugle pour participer à ces actions dont les modalités nous sont révélées lorsque nous sommes sur les lieux », a expliqué l’un des prévenus.

« Atteintes physiques »

Un rendez-vous à Marseille avait été fixé par le biais de messageries, certains venaient de Rouen, Toulouse… Le message appelant à prendre part à l’action parlait d’« une action à Marseille avec risque de garde à vue ». Dans des dépositions aux allures de copié-collé, les vingt-deux militants d’extrême droite contestent la présence d’un chef. « Nous avons tous de l’expérience militante donc nous savons ce qu’il faut faire, quand il faut le faire », explique un chômeur toulousain. Porte-parole du mouvement, Romain Espino, que les salariés de SOS Méditerranée ont entendu donner des ordres, se défend de tout rôle de meneur : « Je leur ai peut-être donné des consignes mais les participants étaient assez autonomes. »

Génération identitaire a été dissoute par le gouvernement le 3 mars 2021. Dans le décret de dissolution, on lit que l’association « emploie une rhétorique martiale, l’identifiant implicitement ou explicitement comme une formation paramilitaire (…) revendiquant une dimension guerrière ». Elle a reçu des dons de mouvements racialistes ou suprémacistes, et notamment de l’auteur des attentats de Christchurch en Nouvelle-Zélande – 51 morts et 49 blessés dans l’attaque de deux mosquées en 2019.

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SOS Méditerranée n’ira pas sur ce terrain politique. « On n’attend pas de débat, pas de joute politique, indiquent Mes François de Cambiaire et Sébastien Mabile, avocats de SOS Méditerranée et des sept salariés parties civiles. Pour nous, ce procès est destiné à obtenir réparation d’atteintes physiques mais aussi de violences psychologiques dont le retentissement est encore fort quatre ans plus tard. » Présenter l’association comme complice des passeurs, « c’est mettre en cause SOS Méditerranée de façon mensongère, alors que le sauvetage en mer, ça ne se discute pas, c’est le droit maritime, c’est le droit humanitaire ». Le procès est prévu jusqu’au 19 octobre.

 


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