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Source : médiapart - Nejma Brahim - 14/10/2022

Le Liban a annoncé, mardi 12 octobre, qu’il commencerait à « rapatrier » des réfugiés syriens en Syrie dès la semaine prochaine. Une décision « inquiétante », selon Diana Semaan, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique de l’association. Elle rappelle les multiples dangers qui les attendent sur place.

Des milliers de Syrien·nes ayant trouvé refuge au Liban risquent d’être renvoyé·es en Syrie dès la semaine prochaine. Le président libanais, Michel Aoun, a évoqué dans un article de L’Orient-Le Jour un retour « volontaire » qui pourrait concerner 15 000 personnes par mois, avec un premier « convoi » de 1 600 personnes dès que le gouvernement syrien aura donné son feu vert pour les recevoir. Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), qui organise habituellement les retours volontaires de réfugié·es, affirme n’être pas impliqué dans ces renvois.

Cette décision, peu justifiée par les autorités, survient un an après la publication d’un rapport d’Amnesty International démontrant que les réfugié·es syrien·nes subissaient de nombreuses violences à leur retour en Syrie, accusé·es d’espionnage ou de terrorisme. « Ceux qui ont fui la Syrie au début du conflit sont soumis à des risques de représailles très élevés une fois rentrés en Syrie », souligne Diana Semaan, chercheuse à Amnesty International et directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Mediapart : Pourquoi le Liban décide-t-il de renvoyer ses réfugié·es syrien·nes, après un accueil en nombre depuis plusieurs années ?

Diana Semaan : Amnesty International reconnaît l’immense pression exercée sur le gouvernement libanais pour accueillir plus d’un million de réfugiés syriens. La communauté internationale apporte son soutien au Liban dans sa crise économique et à la population réfugiée dans le pays. Cependant, le retour des réfugiés n’est pas la solution et la communauté internationale devrait intervenir et fournir plus de soutien, ainsi qu’augmenter la réinstallation des réfugiés.

Une Syrienne avec son enfant dans sa tente d’un camp de réfugiés à Beyrouth, le 28 juillet 2021. © Photo Didier Bizet / Hans Lucas via AFP

Combien de réfugié·es sont concerné·es par ces retours ? Le ministre chargé des déplacés a évoqué 15 000 retours par mois, ce qui semble important... Quel est leur profil ?

Ils ne reviendront sans doute pas tous en même temps… Les retours se feront par lots et il semble que le premier convoi soit de 1 600 personnes, comme l’a annoncé le général de division Abbas Ibrahim, chef de la Sûreté générale du Liban, le 13 octobre. Le Liban attend désormais que le gouvernement syrien approuve ces retours. Sur les chiffres, le Haut-Commissariat aux réfugiés sera le mieux placé pour suivre ces retours dans la durée.

D’après nos recherches, les réfugiés à qui nous avons parlé sont ceux qui ont fui des violations de droits et les abus, dont certains équivalents à des crimes de guerre, que le gouvernement syrien et les groupes d’opposition armés ont perpétrés contre des civils vivant à la fois dans des zones contrôlées par le gouvernement et dans des zones contrôlées par l’opposition.

Le ministre chargé des déplacés, Issam Charafeddine, a évoqué des « rapatriements volontaires ». Ces retours peuvent-ils vraiment être volontaires, alors que les réfugié·es ont souvent fui de multiples dangers ?

Le gouvernement libanais n’oblige pas physiquement les réfugiés à enregistrer leur nom ou à monter à bord des bus en partance pour la frontière. Cependant, les réfugiés vivent dans des conditions de vie désastreuses. Ils ne peuvent pas accéder aux services essentiels tels que la santé, l’eau et le logement. Ils rencontrent également des difficultés à obtenir ou à renouveler des visas de séjour valides, les empêchant d’accéder pleinement aux services essentiels 

Amnesty International estime que de nombreux réfugiés syriens qui demandent à quitter le Liban ne sont pas en mesure de prendre une décision libre et éclairée. Pour que leur consentement soit véritablement libre, le gouvernement libanais doit éliminer tout facteur coercitif, comme l’impossibilité d’obtenir des papiers de résidence réguliers et l’imposition de couvre-feux.

Et pour que le consentement des réfugiés soit éclairé, ils doivent avoir accès à des informations suffisantes, objectives et actualisées sur la situation des droits de l’homme dans leur pays d’origine, y compris de la documentation nationale, les droits à la propriété et les politiques relatives à la conscription forcée.

Pourquoi cette décision est-elle préoccupante ?

Elle l’est pour plusieurs raisons. Amnesty International a déjà documenté la manière dont les réfugiés syriens étaient confrontés à la torture, aux violences sexuelles, aux disparitions forcées et à la détention arbitraire à leur retour chez eux. Ceux qui ont quitté la Syrie au début du conflit risquent fort de subir des représailles à leur retour, en raison de leurs opinions politiques ou en guise de punition pour avoir fui le pays.

D’autres raisons incluent le fait que le gouvernement syrien continue d’empêcher les agences des Nations unies et les organisations humanitaires internationales de fournir des services d’aide ou de protection, et n’a pas réussi à établir un mécanisme qui aiderait les réfugiés de retour à accéder au logement, à leurs terres, à de la documentation nationale ou à une assistance juridique.

Est-ce légal ? La Syrie peut-elle être considérée comme un pays « sûr » aujourd’hui ?

Le Liban manque à son obligation internationale consistant à ne pas renvoyer les réfugiés vers un lieu où ils seraient en danger. Il doit donc mettre un terme à ses plans de renvoi massif des réfugiés syriens.

L’Union européenne (UE) devrait-elle « prendre sa part » et recevoir ceux qui risquent la mort en cas de retour en Syrie ?

L’UE devrait faire pression sur le gouvernement libanais pour qu’il mette fin à ces prétendus retours volontaires. Amnesty International demande depuis des années à la communauté internationale de partager la responsabilité tant des ressources que de la réinstallation des réfugiés.

 


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