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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : le monde - Sandrine Cassini et Julie Carriat - 14/11/2022

Alors que le gouvernement prépare un projet de loi, différentes sensibilités émergent déjà au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, oscillant entre discours humanitaire et reconnaissance des frontières.

Un navire voguant en Méditerranée, avec à son bord 234 migrants, dont 37 enfants. L’Ocean-Viking a brutalement rouvert le dossier de l’immigration, qui va animer le débat public ces prochaines semaines. Le gouvernement préparant un nouveau projet de loi sur le sujet, avec des consultations qui doivent commencer avec les groupes politiques et les acteurs concernés à partir du 21 novembre, avant un examen du texte au Parlement.

Devant les mésaventures du bateau, accueilli au port de Toulon, vendredi 11 novembre, après trois semaines d’attente, la gauche a mobilisé ses réflexes fondamentaux, l’antiracisme, l’impératif humanitaire. Mais elle va devoir se positionner plus clairement sur ce sujet sensible. Comment se défaire des procès en angélisme sans avoir l’air de faire le jeu de l’extrême droite ? A cette aune, les grandes lignes du texte présenté par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin et celui du travail, Olivier Dussopt, le 2 novembre, dans Le Monde, mélange de répression et d’ouverture, est considéré comme « malin », voire « pervers », par un baron socialiste. « L’immigration est un sujet compliqué à gauche, car il y a le risque d’être en décalage complet avec l’opinion », rappelle le politologue Rémi Lefebvre.

« C’est une question qui taraude le citoyen, il faut avoir une vision », admet le secrétaire national du Parti socialiste (PS), Olivier Faure. Soucieux de préparer un débat qui se tiendra au Parlement en décembre, le groupe socialiste a créé un groupe de travail, afin de bâtir le « récit de la gauche sur la politique migratoire », indique le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud. Principale difficulté, celle de ne pas faire fuir un peu plus l’électorat populaire, qui considère en très grande majorité qu’il y a « trop d’étrangers en France », comme le rappelle le directeur général délégué d’Ipsos, Brice Teinturier.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés François Héran, professeur au Collège de France : « Le débat public sur l’immigration en France est en décalage complet par rapport aux réalités de base »

Différentes sensibilités émergent déjà au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Ainsi, le PS ne voit pas d’un mauvais œil la mise en place d’un titre de séjour pour les métiers en tension. « On y est favorable », indique Olivier Faure, qui y pose des conditions. « Il faut que ce soit en accord avec le pays d’origine pour éviter la fuite des cerveaux, et les partenaires sociaux, pour éviter l’exploitation. » Requise par un patronat en quête de main-d’œuvre pas chère, la proposition gêne les autres formations politiques : « La question n’est pas seulement d’avoir des gens corvéables à merci pour les métiers en tension, réfute le député “insoumis” du Rhône Gabriel Amard, engagé sur la question des navires humanitaires en Méditerranée. Au regard de leur situation, il y a et il va y avoir un devoir d’humanité et d’accueil. »

Ligne de crête

L’hypothèse d’un titre de séjour ad hoc hérisse Fabien Roussel. « Maintenant qu’il y a une pénurie de travailleurs (…) et qu’il y a ces pauvres travailleurs sans papiers qui acceptent d’être exploités, on va les régulariser parce qu’on a besoin d’eux ? », s’est indigné le secrétaire national du Parti communiste, le 10 novembre, sur CNews, estimant que le gouvernement doit plutôt augmenter les salaires. Le travailleur migrant comme variable d’ajustement du système capitaliste, facteur de pression à la baisse sur les salaires, un raisonnement qui avait été celui de La France insoumise, à l’approche des élections européennes de 2019, et qui avait valu au groupe des différends avec le reste de la gauche écologiste et anticapitaliste. Jean-Luc Mélenchon continue de surfer sur une ligne de crête, entre discours humanitaire et reconnaissance des frontières : « A LFI, nous n’avons jamais dit que nous étions “no border” », rappelle-t-il dans le numéro de novembre de la Revue des deux mondes.

Olivier Faure, non plus, n’est pas « no border ». Le chef de file du PS estime qu’« il faut des règles ». Surtout dans la mesure où l’Ocean-Viking n’est qu’un début au regard du changement climatique, qui poussera selon lui, « d’ici dix ou quinze ans, des dizaines de millions de personnes » à franchir les frontières. « Notre responsabilité, c’est de s’y préparer », juge le secrétaire national du PS, se disant « favorable à un débat annuel au Parlement » sur la question des flux migratoires.

Pas question, en revanche, d’assujettir le regroupement familial à un test de langue, comme l’a suggéré Gérald Darmanin. « Il ne s’agit pas d’imposer plus de règles, mais d’organiser l’accueil », complète le député de Seine-et-Marne. Un tabou que franchit le député européen Emmanuel Maurel : « Il y a des droits et des devoirs quand l’on s’insère dans une société d’accueil », dit cette ex-figure socialiste et ancien soutien de Mélenchon, qui invite aussi les formations politiques à se saisir des obligations de quitter le territoire français (OQTF), très peu mises à exécution, un problème qui « préoccupe les gens, qu’on le veuille ou non ».

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L’essentiel de la Nupes ne se hasarde pas à se prononcer sur d’éventuelles restrictions qu’il faudrait mener. « Il n’y a pas plus d’immigration maintenant que ces dernières décennies », estime le député Génération.s des Yvelines Benjamin Lucas. « Nous ne partageons pas l’image d’une Europe assaillie », abonde la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain, qui rappelle que « les pays qui portent l’arrivée des réfugiés, ce sont les pays voisins ».

De son côté, Elsa Faucillon, députée communiste de Seine-Saint-Denis, dénonce « le trait d’union de plus en plus serré entre immigration et délinquance » opéré par Emmanuel Macron. Résultat : « Il ne faut pas chercher de respectabilité pour nous de ce côté-là. Il y a toujours à regarder point par point dans ce texte de loi, mais il faut voir quelles sont les manœuvres », regrette-t-elle, appelant les siens à ne pas rentrer dans le piège. Le député écologiste de l’Isère Jérémy Iordanoff appelle, quant à lui, à « faire très attention aux pulsions populaires populistes, et ne pas instrumentaliser l’immigration à des fins électorales ». Le récit de la gauche sur la politique migratoire est parti pour être pluriel.

 


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