Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : médiapart - Yunnes Abzouz - 07/12/2022

Les associations ont obtenu la mise à l’abri des jeunes isolés qui campaient devant le Conseil d’État depuis vendredi. Un accueil au rabais, regrettent les bénévoles, qui demandent un hébergement pérenne et une prise en charge médicale et sociale.

Cinq nuits sous les fenêtres givrées du Conseil d’État et un hébergement provisoire au bout du compte. Mercredi matin, les plus de 350 jeunes exilés qui avaient installé un campement sur la place du Palais-Royal pour demander leur mise à l’abri d’urgence ont été pris en charge par la préfecture du Val-de-Marne et conduits dans des lieux d’hébergement. Sans garantie de pouvoir y passer l’hiver. 

Ces jeunes exilés dorment dans des tentes à quelques centimètres d'une voie rapide. Le balai incessant des moteurs perturbe leur sommeil et les met en danger. © Photo Yunnes Abzouz / Mediapart

Au petit matin, ils ont quitté le campement de fortune aménagé vendredi dernier à la hâte, pour être transportés par des bus en différents lieux : un gymnase de 150 places à Ivry-sur-Seine ; trois hébergements administratifs temporaires, dont deux en Île-de-France, place de Clichy (Paris) et Ris-Orangis (Essonne), et un autre à Libourne (Gironde). Ils pourront goûter un peu de répit et de confort, après plus de six mois à survivre dans la rue.

Mais les pesanteurs administratives n’avaient pas fini de les tourmenter. La préfecture du Val-de-Marne a exigé qu’ils reviennent au camp d’Ivry avant 7 heures du matin mercredi pour être pris en charge, les forçant à évacuer d’eux-mêmes les abords du Conseil d’État. Selon les associations présentes place du Palais-Royal, les jeunes exilés dépendent pourtant de la préfecture de Paris. Mais elle ne pourrait donc rien pour eux !

Des hospitalisations pour hypothermies et engelures

Utopia 56, Médecins sans frontières et les autres organisations mobilisées ont hésité avant d’accepter la proposition des autorités, craignant une entourloupe depuis que la préfecture refuse de dialoguer directement avec elles, préférant l’intermédiaire du maire communiste d’Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, et de Ian Brossat, maire adjoint de Paris. 

« On leur a expliqué mardi soir que la préfecture proposait de les mettre à l’abri à partir de mercredi matin, raconte Alice Bertrand, chargée de mission à Utopia 56. Ils étaient vraiment heureux et soulagés. Rien que mardi après-midi, la plupart voulaient retourner au camp d’Ivry, où ils ont des matelas et de quoi faire du feu. Même s’ils étaient contents d’être devant le Conseil d’État, là où ils sont visibles et où les passants peuvent leur témoigner leur soutien. » 

Depuis vendredi après-midi, ces jeunes, majoritairement venus d’Afrique de l’Ouest et d’Afghanistan, vivaient à deux ou trois dans des tentes cernées par un froid glacial. Une dizaine de jeunes ont même été hospitalisés pour des hypothermies et des engelures. S’efforçant de trouver un peu de chaleur dans les maigres couvertures distribuées par les associations, ces adolescents vivotaient depuis six mois sous deux ponts et près d’une voie rapide à Ivry-sur-Seine.

C’est en effet le sort que réservent les autorités après l’échec d’une demande de reconnaissance de minorité. Lorsque les agents de France terre d’asile ou de la Croix-Rouge, mandatés par l’État pour évaluer leur âge, estiment au terme d’un rapide entretien qu’ils ont au moins 18 ans, les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE, liés aux départements) ne peuvent les prendre en charge.

Ces adolescents doivent alors faire une croix sur un hébergement, une prise en charge médicale et un suivi scolaire. Il leur reste une voie de recours : auprès du juge des enfants. Mais le temps que leur cas soit étudié, plusieurs mois peuvent s’écouler. À la rue.

Cela faisait donc six mois que les associations bataillaient pour obtenir la mise à l’abri de ces déboutés du statut de mineurs non accompagnés (MNA). Pour les bénévoles, leur prise en charge est désormais une bonne nouvelle, mais « ce n’est pas l’idéal », selon Zelda Gayet, coordinatrice pour Utopia 56. Même si « un gymnase, c’est évidemment mieux que la rue ».

Ce gymnase, la mairie d’Ivry l’avait d’ailleurs mis à disposition depuis plusieurs semaines, mais la préfecture refusait jusque-là de le réquisitionner pour y héberger les jeunes isolés. 

Zelda Gayet regrette surtout que les autorités ne se soient pas engagées sur la pérennité de la prise en charge, ni sur le suivi médical et psychologique des jeunes. « On ne sait pas s’il y aura des travailleurs sociaux dans les endroits où ils seront hébergés, s’agace-t-elle. Et on n’est pas assurés qu’ils puissent rester pendant la journée, ni qu’ils bénéficient de trois repas par jour. »

Au vu de l’orientation prise par le projet de loi sur l’immigration et l’asile, le bras de fer politique entre le gouvernement et les associations n’a pas fini de se jouer aux dépens des exilés.

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter