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Source : street press - Mourad Guichard - 03/02/2023

Fin janvier, StreetPress révélait les propos racistes proférés sur WhatsApp par une cheffe de service de La Banque Postale, à l’encontre de ses agents d’origine maghrébine. L’entreprise a enfin décidé de prendre des sanctions.

Durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, les directions de La Banque Postale et du Groupe La Poste ont fait la sourde oreille aux alertes lancées par les syndicats Sud-PTT et la CGT dénonçant les propos racistes d’une cheffe de service sur une boucle WhatsApp. Les directions ont, dans un premier temps, considéré qu’il s’agissait d’échanges à caractère privé. Les propos sont d’une rare violence. Ils visent des subordonnés d’origine maghrébine et sont agrémentés de réactions complices, notamment de la part d’une autre cadre du groupe. Mais depuis les révélations de ces échanges par StreetPress, le vernis s’est craquelé. Et ce, malgré une volonté d’éteindre l’incendie qui commençait à sérieusement ternir l’image de l’ancienne icône du service public. Pour preuve, ces messages postés de manière compulsive par les comptes officiels du groupe sur les réseaux sociaux. Chaque internaute qui relayait notre enquête ou s’indignait des faits, recevait des éléments de langage tout droit sortis de la cellule de crise mise en place à l’occasion de ces révélations.

« Nous condamnons les propos racistes, contraires à nos valeurs citoyennes. Notre priorité est de protéger les personnes visées par ces échanges », tweete en boucle La Banque Postale, reconnaissant qu’il ne convenait plus de qualifier ces échanges de privés :

« La direction de l’établissement, attentive au vivre-ensemble, a organisé des rencontres individuelles et une écoute du personnel. La direction de l’établissement s’est également assurée que les deux personnes mises en cause, et encore en activité, n’exercent plus de fonctions managériales et ne soient plus à l’avenir en contact avec les personnels du centre. »
Des cadres pas si sanctionnées que ça

Sur ce point, la direction fait preuve d’une bonne foi tout à fait relative. Certes, les deux cadres ont partiellement quitté leurs fonctions initiales, mais pour de tout autres raisons contrairement à ce que laisse entendre ce communiqué. Selon un rapport d’expertise de CEDAET Coopérative du 8 mars 2022 que StreetPress a pu consulter, le déplacement de la principale mis en cause, responsable de service du Centre de la relation et de l’expérience client (CREC) des Chèques Postaux, a été motivé par des raisons de relations dégradées au sein du service. « De manière relativement unanime dans les entretiens, tant auprès des acteurs institutionnels que des salariés, le constat est fait de tensions parcourant le service, que celles-ci soient latentes ou qu’elles s’expriment de manière plus franche et directe », peut-on y lire.

Le rapport, qui dit partager les analyses d’un précédent rapport de 2019, rappelle les demandes des représentants du personnel. Ces derniers dénoncent « un turn-over des managers et des agents », « un nombre croissant d’arrêts maladie dans ce service par rapport à d’autres services du centre financier », des « altercations ponctuelles entre agents et managers » ou encore, des « climat et atmosphère tendus en permanence ». En d’autres termes et à la lecture de ce rapport, il apparaît clairement que le déplacement de la cheffe de service n’a absolument pas été motivé par ses propos racistes comme le laisse entendre la communication du groupe sur les réseaux sociaux et en réponse à StreetPress, mais bien par des problèmes de management. « Tant qu’il n’y a pas d’esclandre, tout va bien, ça passe, mais comme deux enquêtes indépendantes relèvent des problèmes d’encadrement, alors là, ça coince », confirme Hugo Reis, membre du conseil d’administration de La Poste pour Sud-PTT. « Il faut savoir que la responsable est toujours cadre supérieure en charge de la gestion de flux d’appels de la direction clientèle et, qui plus est, en télétravail. Comme sanction, on fait plus sévère », ironise-t-il. « Quant à cette histoire d’échanges sur WhatsApp qui auraient un caractère privé, c’est se moquer du monde. Il s’agit de propos racistes visant des agents du service, pas d’un papotage récréatif. »

À LIRE AUSSI : Des cadres de la Banque postale étalent leur racisme débridé dans un groupe WhatsApp

L’élu syndical n’est cependant pas surpris par cette communication institutionnelle qui s’affranchit des faits. « L’histoire du vivre-ensemble m’a beaucoup fait rire. Ces éléments de langage auraient pu être débités par une intelligence artificielle. Entreprise citoyenne, contre le racisme, tout ça c’est du blabla. Concrètement, on nomme la cadre à une autre fonction, mais elle peut continuer à avoir les mêmes idées à la condition de les appliquer ailleurs. » Quid de la seconde cadre incriminée ? Selon nos sources, elle a effectivement quitté ses fonctions managériales, mais uniquement dans le cadre de son déroulement de carrière, pas le moins du monde sanctionnée pour ses réactions enjouées aux propos racistes de sa collègue.

La direction nationale prend l’affaire au sérieux

Si la situation a pratiquement été étouffée par la direction locale, elle a été prise très au sérieux par la direction nationale du groupe La Poste, notamment par sa directrice des ressources humaines (DRH). Le vendredi 27 janvier, puis le lundi 30 janvier, soit quelques jours après la parution de l’enquête de StreetPress du 23 janvier 2023, deux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) se sont tenus au coeur des Chèques Postaux situés dans le quartier populaire d’Orléans-La Source (45). Les syndicats avaient concomitamment enfoncé le clou au travers de communiqués distribués en interne. « On a toutes et tous entendu des propos racistes dans notre entourage », a notamment écrit Sud-PTT. « Rarement ces propos s’expriment dans le milieu professionnel et pour cause, ceux-ci sont passibles de sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement ». Même son de cloche du côté de la CGT-FAPT :

« Notre syndicat condamne vigoureusement ces agissements quels qu’en soient leurs auteurs, agents ou encadrants, qui sont à l’opposé des valeurs d’égalité, de fraternité, de solidarité, de laïcité, de tolérance et de solidarité internationale que porte notre syndicat. »

Après une ultime tentative de minimiser les faits, la direction semble encline à prendre ses responsabilités. Au point, comme nous le confirme un membre du CHSCT local, de prochainement convoquer la cadre incriminée pour un entretien préalable au licenciement ; mais surtout de lancer, à la demande des syndicats, une enquête interne pour savoir si les agents d’origine maghrébine victime de leur supérieure hiérarchique ont vu leur carrière ou leur rémunération être amputée. L’autre cadre incriminée, étant proche de la retraite, devrait bénéficier d’une sorte de clémence.

Rappelons que, dans ces deux domaines, la parole de la cheffe de service et de ses adjointes est prépondérante et qu’il est plausible qu’après de tels propos à l’encontre de ses employés, elle n’ait pas fait le choix de les récompenser. Alors que le travail de l’ensemble de ces agents était parfaitement apprécié par l’ancienne chefferie. La coïncidence serait fâcheuse.

 


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